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Comment la France mit le feu à la mer de Chine

2024.04.14 16:34 miarrial Comment la France mit le feu à la mer de Chine

Comment la France mit le feu à la mer de Chine
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La dispute maritime autour des Spratleys, déclenchée par Paris il y a 90 ans, menace de dégénérer aujourd’hui, sur fond de rivalité Chine-États-Unis. Récit.
Soldats philippins sur l'île de Pag-asa, surveillant un navire garde-côte.

La réponse de Pékin ne s'est pas fait attendre. Ce jeudi 11 avril, Joe Biden a reçu le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, et le président philippin, Ferdinand Marcos Jr., à Washington, martelant que les alliances des États-Unis dans le Pacifique sont « blindées » – une manœuvre pour dissuader la Chine de harceler les Philippines autour des îles Spratleys. Le même jour, l'ambassade de Chine à Manille a revendiqué dans un commentaire envoyé à des médias locaux sa « souveraineté » sur des îlots pourtant habités par des Philippins, comme celui de Pag-asa, qui abrite une petite communauté de 200 civils. Comme pour prouver ce fait, lundi 8 avril, un navire de garde-côte chinois avait approché Pag-asa à seulement 3,2 milles marins, pénétrant sans autorisation et en profondeur dans les eaux territoriales (12 milles marins) normalement garanties par le droit de la mer aux Philippines. Ces nouveaux incidents font douter que les tensions retombent, alors qu'un incident grave risquerait de déboucher sur une crise majeure entre superpuissances.
Longtemps, pourtant, ces cailloux situés à plus de 1 000 kilomètres au sud des côtes chinoises n'ont intéressé personne – ni l'empire du Milieu ni aucun des États riverains plus proches de l'archipel des Spratleys, Vietnam, Philippines, Indonésie, Malaisie, Brunei, etc. La plupart n'étaient que des bancs de sable ou des récifs, pour beaucoup n'émergeant qu'à marée basse. Une poignée d'entre eux dépassent cependant la dizaine d'hectares, comme Itu Aba (45 hectares), Thitu (37 hectares) ou l'île Spratley (13 hectares), sans qu'aucun ne soit vraiment propre à l'installation d'une large communauté, en l'absence d'une source abondante d'eau douce. En somme, des sortes d'îlots déserts idéaux pour enterrer un trésor de pirate, plutôt que de vraies îles !
« Habitable – pour des Jaunes »
Des pêcheurs vietnamiens, philippins, malais et chinois y ont sans doute accosté et campé depuis des temps immémoriaux, mais aucun État ne les a contrôlés avant le XXe siècle. Si elles étaient peut-être nommées dans diverses chroniques chinoises et vietnamiennes très anciennes, ces îles ne sont apparues pour la première fois sur des cartes, établies par des Européens, qu'au XVIIe siècle. Même à l'époque moderne, les voisins s'accommodaient parfaitement de ce « no man's land », les explorations détaillées du XVIIIe siècle n'ayant pas conduit à y établir des troupes pour une occupation permanente… Leur nom leur vient d'ailleurs d'officiers britanniques qui les ont à peine repérées au XIXe siècle, sans s'y attarder.
La France, hélas, est passée par là. Maîtresse de l'Indochine depuis 1887, la République finit par convoiter ces rochers proches des côtes de son empire colonial, et stratégiques pour surveiller les routes maritimes de ce que les Européens ont appelé la « mer de Chine » – et que les Chinois appellent eux « mer du Sud ». Après un échec en 1930, une petite expédition, composée d'une canonnière, l'Alerte, et d'un navire scientifique, l'aviso hydrographe l'Astrolabe, fait route vers l'archipel en avril 1933 pour une « prise de possession ». « Une bien minime conquête », décrira sommairement le commandant Jean-Baptiste Vivielle dans un compte rendu pour Le Monde colonial illustré. « Un fouillis de récifs et de petits îlots de sable occupe la région située à l'ouest des îles Philippines », introduit-il. Précisant : « Aucune nation n'avait revendiqué, jusqu'ici, ces îlots perdus dans le grand océan. »
Durant une semaine, les Français enchaînent les débarquements. À Itu Aba, le 10 avril, ils constatent le départ des mineurs de guano japonais présents dans les années 1920 et l'installation semi-permanente de pêcheurs chinois venus de l'île de Hainan. « L'îlot est habitable – pour des Jaunes –, mais ce n'est pas un éden », croque l'officier français. À Thitu, le 12 avril, il trouve « un seul et curieux cocotier », « un puits de bonne eau » et cinq pêcheurs, encore des Chinois « cette année ».
À qui peut-on faire croire qu’on peut installer une “base” quelconque sur des îlots […] qui sont grands, on vient de le voir, comme des mouchoirs de poche !Commandant Jean-Baptiste Vivielle, 1933
Alors qu'elle n'est qu'un repérage sans conséquence, cette expédition française du printemps 1933 fait néanmoins grand bruit. Le Japon, dont l'empire s'arrête alors à Taïwan, à près de 1 500 kilomètres au nord, s'en offusque, dégainant soudain des droits dans ces eaux d'Asie du Sud-Est, forgés quelques années plus tôt. Les États-Unis doivent retenir les Philippins d'en faire de même. Vexés de se faire ravir des îles dans une mer qui porte leur nom, qui plus est par un minuscule peuple venu de l'autre bout de la terre, les nationalistes chinois protestent, surenchérissent, exigent une expédition chinoise, confondant comiquement îles Spratleys et Paracels, beaucoup plus au nord… « On n'a pas craint de parler de “point d'appui”, de base de sous-marins, de base d'avions, en rit Vivielle. C'est un peu téméraire, car à qui peut-on faire croire qu'on peut installer une “base” quelconque sur des îlots de sable, déserts, à peu près inaccessibles à cause des récifs, et sur des îlots de sable qui sont grands, on vient de le voir, comme des mouchoirs de poche ! Donc, beaucoup de bruit pour peu de choses, comme souvent en ce monde ! »
La course aux Spratleys
Il ne croyait pas si bien dire. L'affaire ne s'est pas arrêtée là. En 1939, les Japonais s'emparent d'Itu Aba, les Américains les chassent en 1945 en testant pour la première fois le napalm. En 1946, les Français y remettent les pieds, juste avant que la Chine n'y mène une expédition concurrente. L'année suivante, les géographes chinois inventent donc à ces îlots des noms en mandarin (Taiping pour Itu Aba et Zhongye pour Thitu), et surtout tracent sur leurs cartes officielles une ligne en neuf traits, qui englobe toute la « mer de Chine méridionale », Spratleys incluses. Revendication maximaliste fondée sur rien d'autre donc qu'un nom donné par les Européens ! Une mer pas plus chinoise que javanaise, mais simplement sur la route de l'Empire chinois pour les explorateurs aux gros nez.
Cette revendication d'après-guerre de la République de Chine sur les Spratleys est souvent confondue avec le début de leur occupation. En réalité, les Chinois n'ont fait, comme les Français en 1933, qu'y marquer leur territoire, sans s'y implanter. « Ils se sont contentés d'y déposer des stèles de souveraineté en 1946, leur installation permanente n'intervient que dix ans plus tard », rappelle François-Xavier Bonnet, géographe français installé aux Philippines et spécialiste des Spratleys, auxquels il s'apprête à consacrer un article historique approfondi. Profitant de ce vide politique, en 1956, un aventurier philippin, Tomas Cloma, conduit à son tour une expédition, privée cette fois. Il y proclame une micronation indépendante, « Freedomland ». Ami du président philippin Carlos P. Garcia, il pousse cependant en coulisse à une revendication philippine.
« C'est seulement après que Tomas Cloma eut revendiqué ces îles en 1956 que les autres prétendants ont envisagé l'occupation permanente », précise l'historien Bill Hayton, chercheur à la Chatham House, et auteur d'un ouvrage de référence sur la mer de Chine méridionale (The South China Sea, Yale University Press, 2014, non traduit en français). Les nationalistes chinois, chassés du continent par Mao et repliés sur Taïwan, construisent dès lors une base permanente à Itu Aba/Taiping – aujourd'hui toujours sous contrôle taïwanais. Mais les autres îles restent désertes, et sont d'ailleurs visitées par d'autres États riverains, comme les Sud-Vietnamiens en 1963. Inspiré par Tomas Cloma, le président philippin Ferdinand Marcos lance lui-même en 1969 une expédition secrète sur l'île Thitu, la deuxième de l'archipel, en vue d'y établir une base permanente concurrente à celle des nationalistes chinois sur Itu Aba. Les marines philippins s'y implantent définitivement à l'été 1971 et Thitu est rebaptisé Pag-asa, « espoir » en tagalog.
Un épisode que les articles de presse et pages Wikipédia – véritables champs de bataille des revendications historiques – résument à tort comme la prise par les Philippins d'une île jusque-là contrôlée par la Chine nationaliste. Mais les Chinois n'y semblent pas avoir eu de présence permanente, et n'y avaient pas plus de légitimité que les autres, Français, Vietnamiens ou Philippins. « Pag-asa/Thitu n'a été occupée en permanence par personne jusqu'à l'arrivée des Philippines », confirme Bill Hayton. Si des soldats de la Chine nationaliste y étaient passés avant le mois d'avril 1971, ils l'avaient quitté sous la menace d'un typhon, d'après la version même de Taipei.
Rocher philippin contre bulldozer chinois
Jusque-là, les revendications maritimes des États manquaient en réalité de tout cadre, laissant le champ libre à ces revendications unilatérales sans plus de valeur que la capacité des États à les faire respecter par la force. Mais en 1982, l'ONU a enfin accouché d'une convention sur le droit de la mer à Montego Bay en Jamaïque. Celle-ci reconnaît les eaux territoriales de 12 milles marins, et une zone économique exclusive (ZEE) de 200 milles marins (370 kilomètres), conférant des droits de pêche, d'exploitation des ressources, et sur les îlots et les récifs qui s'y trouvent. Dans le cas des Spratleys, elle distribue l'essentiel des eaux et des rochers aux voisins immédiats, Philippines et Vietnam d'abord, ainsi qu'à la Malaisie, l'Indonésie et au sultanat de Brunei. S'ils s'y pliaient, la Chine et Taïwan, à plus de 1 000 kilomètres au nord, devraient renoncer à leurs revendications… D'autant que Pékin est signataire de la convention !
Au lieu de cela, la Chine communiste s'est enfoncée dans l'ornière des nationalistes, occupant le récif Fiery Cross (dans l'étroit noyau de l'archipel hors de toute ZEE) dès 1987, au prétexte de recherches scientifiques. Pékin s'est ensuite emparé de six autres récifs, dont trois au sein de la ZEE des Philippines, y dressant dans les années 2010 d'immenses îles artificielles et y bâtissant de vastes bases militaires. Et depuis dix ans, elle mène une véritable guérilla navale pour en chasser ses concurrents. Concentrant leur pression sur les Philippins en deux points principaux : le Second Thomas Shoal, où les Philippins ont établi une garnison permanente en 1999, en échouant le BRP Sierra Madre, un vieux chaland de débarquement américain de la Seconde Guerre mondiale ; et l'îlot de Pag-asa.
Pour Pag-asa, personne n’a une revendication particulièrement solide.Gregory Poling
Car Pag-asa est vulnérable. À 400 kilomètres de l'île philippine de Palawan, le rocher n'est pas dans la zone économique exclusive de l'État-archipel, mais dans l'étroit noyau des eaux internationales au centre de la mer de Chine méridionale. Un arbitrage international de 2016 a en effet bien reconnu, au titre de la convention de Montego Bay, les droits des Philippins dans leur ZEE, comme au Second Thomas Shoal, mais il ne statue pas sur la zone centrale hors ZEE. « Pour Pag-asa, personne n'a une revendication particulièrement solide », reconnaît Gregory Poling, chercheur au groupe de réflexion américain CSIS (Center for Strategic and International Studies).
En haute mer, c'est la politique du fait accompli. Bien inspirés de s'en être emparés en 1971, les Philippins ont pu y développer des infrastructures – une piste d'atterrissage et un port abrité par des digues pour leur marine. Et c'est aujourd'hui pour eux le dernier rocher auquel s'accrocher pour ne pas être balayé par le bulldozer chinois. « Enfin, Pag-asa est important politiquement, ajoute Poling. Il y a une mythologie autour de l'îlot, le premier et le seul à être occupé par les Philippins. Et maintenant, des centaines de civils, dont des enfants, y habitent. Avec l'administration locale, cela renforce la légitimité du contrôle par les Philippines. »
Vers une région protégée ?
Pour stopper Pékin, Washington parie aujourd'hui sur la dissuasion militaire. Comme il l'avait fait pour Taïwan il y a deux ans, Joe Biden a rappelé que « toute attaque contre des avions, des navires ou des forces armées philippines en mer de Chine méridionale déclencherait notre traité de défense mutuel », signé avec les Philippines en 1951. Pas question donc de se défiler comme en Afghanistan, dans un Pacifique autrement plus stratégique pour eux que les guerres sans fin du Moyen-Orient. L'histoire de leur relation avec leur seul allié par traité d'Asie du Sud-Est a cependant des airs de « feux de l'amour », ironise un diplomate, notant les hauts et les bas spectaculaires. Après une présidence Rodrigo Duterte, « plus antioccidental que prochinois », ajoute le diplomate, la présidence Ferdinand Marcos Jr. a lancé « beaucoup plus qu'un rééquilibrage », avec l'annonce de quatre nouvelles bases militaires conjointes en 2023. La trilatérale de ce 11 avril devrait en outre déboucher sur des patrouilles communes, possiblement jusqu'à Pag-asa.
Reste à voir si ces démonstrations de force auront leur effet dissuasif, ou conduiront à une escalade supplémentaire. Sur le front diplomatique, Manille ne mise pas que sur les armes de l'Oncle Sam, mais aussi sur la mobilisation de la communauté internationale, à commencer par ses voisins d'Asie du Sud-Est. « Vietnam et Philippines savent qu'ils ont tout intérêt à coopérer », veut croire Benjamin Blandin, doctorant à l'Institut catholique de Paris, préparant une thèse sur la mer de Chine méridionale. « Il faut que les pays de l'Asean [Association des nations d'Asie du Sud-Est, NDLR] arrivent à s'unir », espère aussi le géographe François-Xavier Bonnet. Une piste revient souvent : la défense de l'environnement marin, sévèrement endommagé par des décennies de dispute, de surpêche et de méthodes destructrices, comme le cyanure ou la dynamite. Un précédent avait presque abouti dans les années 2000, avec un accord Vietnam-Philippines sur l'exploration scientifique, un temps rejoint par la Chine.
Une solution serait de déclarer une région protégée. Le chacun pour soi profite à la Chine, maîtresse du “diviser pour mieux régner”.François-Xavier Bonnet
« Une solution serait de déclarer une région protégée, suggère Bonnet. Le chacun pour soi profite à la Chine, maîtresse du “diviser pour mieux régner”. Et Pékin veille jalousement à exclure les pays non-asiatiques de la question. » Fin mars 2024, au Forum de Boao pour l'Asie, une sorte de Davos asiatique, un lieutenant de Xi Jinping, Zhao Leji, exposait très précisément cette vision excluant Européens et Américains de la sécurité régionale asiatique. « Plutôt que “l'Asie pour les Asiatiques”, comme on la décrit souvent, cette doctrine reviendrait à “l'Asie pour la Chine”, traduit François-Xavier Bonnet. Une coexistence pacifique, mais qui soit organisée par la Chine. Les petits pays de l'Asean n'auraient d'autre choix que d'obtempérer. »
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2024.04.05 00:21 miarrial 6 avril 1994 Génocide au Rwanda

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Le 6 avril 1994, le président-dictateur du Rwanda, Juvénal Habyarimana, était tué dans un attentat contre son avion personnel. Les hommes de main de la majorité hutu entreprenaient aussitôt le massacre de la minorité tutsie (10% de la population) et des hutus modérés.
En trois mois, 800 000 innocents furent massacrés à coups de machette. Ce fut l'un des génocides du XXe siècle définis comme tel par l'ONU, avec le génocide arménien, le génocide juif et le massacre de Srebrenica.
La fuite de très nombreux réfugiés et militaires vers les pays voisins entraîna la déstabilisation complète de l'Afrique des Grands Lacs. On estime que la succession de conflits issus de ce drame est à l'origine de plus de quatre millions de morts violentes au Rwanda, au Burundi et surtout en République démocratique du Congo (RDC ou Congo-Kinshasa, ex-Zaïre), sans compter les viols de masse. En 2006, l'insécurité y faisait encore plus de mille morts par jour d'après Amnesty International... dans l'indifférence de l'opinion internationale ; il est vrai qu’il n’y avait sur place ni Américains, ni caméras...
Enquête sur un génocide
Désireux de faire taire les polémiques, le président Emmanuel Macron a demandé à une commission de 13 historiens présidée par Vincent Duclert d'enquêter sur l'implication de la France, de son armée et du président François Mitterrand dans le drame rwandais. Après avoir pendant dix-huit mois épluché les archives, les historiens ont remis leur rapport au président de la République le 26 mars 2021. Disons-le d'emblée, malgré ses 1000 pages, le document est remarquable de clarté, de précision et de pondération...
Enquête sur un génocide

Le pays des mille collines

Le drame rwandais a surpris par son ampleur mais il était hautement prévisible dans ce pays accoutumé aux explosions de violence.
Le Rwanda (capitale : Kigali) et son frère jumeau le Burundi (capitale : Bujumbura) sont deux pays atypiques en Afrique... et sans doute seraient-ils encore méconnus de la plupart d'entre nous s'il n'y avait eu le drame de 1994. Ils sont moins étendus que la Bretagne mais trois à quatre fois plus peuplés (environ 27 000 km2 et 12 millions d'habitants chacun en 2019).
Leur isolement au coeur du continent noir, sur des hauts plateaux volcaniques, leur a permis d'échapper dans les temps anciens à la traite arabe et à la traite européenne. Cela, ainsi que la douceur du climat et la fertilité du sol, explique une densité de population très élevée.
En 1885, à la conférence de Berlin sur le partage de l'Afrique, les Allemands mettent la main sur les deux royaumes, que l'on appelle alors Ruanda et Urundi, sans qu'aucun Européen y ait encore mis les pieds ! Le premier sera le comte von Götzen en 1894.
Les colonisateurs s'en tiennent à une présence symbolique. Ce n'est pas le cas des missionnaires catholiques, les Pères blancs, qui convertissent avec succès les habitants.
Après la Première Guerre mondiale, l'Allemagne, défaite, doit céder ses droits sur ces deux territoires à la Belgique, qui possède déjà l'immense Congo voisin. Le Ruanda et l'Urundi deviennent dès lors des protectorats belges.

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Clivages sociaux

Les habitants des deux petits protectorats appartiennent au même groupe de population, la tribu des Banyaruandas, ainsi que l'explique Ryszard Kapuscinski, l'un des meilleurs connaisseurs de l'Afrique. Ils parlent des langues de la même famille, non compris le français, langue officielle, et l'anglais, que commencent à pratiquer les dirigeants.
La seule division qui traverse ces pays - mais elle est de taille - est sociale. Depuis des temps immémoriaux, les Banyaruandas sont divisés en trois groupes que Ryszard Kapuscinski assimile à des castes : • Les éleveurs de bétail ou Tutsis (environ 14% de la population du Rwanda en 1994), • Les agriculteurs ou Hutus (85% de la population), • Les domestiques ou ouvriers, ou Twas (1% de la population) ; d'aucuns voient dans ceux-ci les derniers représentants de chasseurs pygmées.
Jusqu'au milieu du XXe siècle, le Ruanda (ou Rwanda), que l'on surnomme joliment le « pays des mille collines », vit donc replié sur lui-même avec à sa tête un monarque, le mwami, entouré d'une nombreuse noblesse.
Le roi et les nobles sont Tutsis. Ils tirent leur richesse et leur fierté de leurs troupeaux. Ils obtiennent de leurs bêtes leur nourriture (lait et sang) et les louent à l'occasion aux agriculteurs hutus pour les travaux et la fumure des champs.
À la fin du XIXe siècle, en Europe, quelques esprits fumeux voient dans ces divisions, que l'on retrouve plus ou moins partout au sud du Sahara, l'héritage de lointaines migrations de peuples à peau claire venus du Nord, les Nilotiques (Peuls, Touaregs, Maures, Tutsis...), qui auraient subjugué les peuples à peau noire (les Bantous).
Cette thèse conforte l'idée d'une supériorité de la race blanche sur les autres. Elle est inspirée par les théories scientistes alors à la mode dans les élites « progressistes », en rupture avec l'universalisme chrétien.

La « Toussaint rwandaise »

Les colonisateurs belges s'appuient sur les Tutsis pour l'administration du royaume. Dès 1931, l'état-civil distingue les Tutsis des Hutus au Ruanda comme en Urundi. Les cartes d'identité font mention de l'appartenance de chacun. Dans les années 1950, la situation se gâte du fait, en particulier, de la pression démographique.
En quête de pâturages supplémentaires, les éleveurs tutsis grignotent les champs des agriculteurs hutus. Plus instruits que ces derniers, ils en viennent à réclamer l'indépendance dans le dessein de consolider leur suprématie. Les colonisateurs s'inquiètent de leurs prétentions. Ils jugent l'indépendance prématurée et, pour la différer, encouragent les revendications hutues.
C'est ainsi qu'en mars 1957 est publié le Manifeste des Bahutu par un Comité des 9 (parmi lesquels Kayjibanda et Habyarimana, futurs présidents du pays). Les protestataires ressortent à cette occasion le mythe selon lequel les Tutsis seraient des intrus venus de la région du Nil... et les invitent à y retourner !
– 1959 : premier massacre de Tutsis au Rwanda
La tension débouche le 1er novembre 1959 sur une révolution sociale, la première et la seule qu'ait connue le continent noir. Les paysans armés de machettes assaillent les Tutsis, brûlent leurs fermes et tuent leur bétail, se repaissant de viande pour la première fois de leur vie !
Cette « Toussaint rwandaise » se solde par des dizaines de milliers de morts. Un nombre équivalent de Tutsis se réfugient dans les pays voisins (Ouganda, Congo, Burundi). Ils s'installent dans des camps, au pied des hauts plateaux rwandais, dans la nostalgie de leurs pâturages et de leurs troupeaux.
C'en est fini de la suprématie tutsie au Rwanda. L'année suivante, le roi est déposé par les Belges. Le 1er juillet 1962, enfin, la république du Rwanda devient indépendante (de même que le royaume du Burundi, où s'est maintenue la suprématie tutsie).
– 1963 : deuxième massacre de Tutsis au Rwanda
En décembre 1963, des Tutsis tentent un retour en force au Rwanda depuis leurs bases du Burundi. La répression est terrible. Une nouvelle fois, des dizaines de milliers de Tutsis sont assassinés, y compris les derniers ministres tutsis du gouvernement. D'autres fuient et rejoignent les camps des pays voisins...
– 1972 : premier massacre de Hutus au Burundi
Au Burundi, où une dictature militaire a succédé à la monarchie, ne voilà-t-il pas que les Hutus tentent de suivre l'exemple rwandais. Ils se soulèvent en 1972 et assassinent quelques milliers de Tutsis. L'armée réplique avec brutalité. 100 000 Hutus sont à leur tour massacrés.
Dans un tragique mouvement de balancier, plusieurs centaines de milliers de Hutus se réfugient au Rwanda. Leur afflux déstabilise le pays.
En août 1988, des paysans hutus se soulèveront à nouveau et à nouveau se feront massacrer (20 000 morts « seulement »). Ce massacre, comme les précédents, passera pratiquement inaperçu de l'opinion mondiale, en butte à bien d'autres soucis...
– 1973 : les Hutus prennent leur revanche au Rwanda
Le 5 juillet 1973, le président Grégoire Kayjibanda, un modéré, est déposé par le général Juvénal Habyarimana, partisan de la manière forte. Le pays est mis en coupe réglée par le clan familial du dictateur, de sa femme Agathe et de ses beaux-frères.

Français et Américains s'invitent dans le conflit

Dans les années 1980, le Rwanda est en proie à la misère, au surpeuplement et à une croissance démographique explosive. L'ambassadeur de France Georges Martres écrit en 1990 dans une note publiée par la commission Duclert : « La disette devient famine dans certaines campagnes, où les paysans les mieux nantis en terres font garder jour et nuit leurs récoltes contre les affamés que l’on n’hésite pas à tuer s’ils sont surpris à voler. Ailleurs, on signale des parents qui abandonnent leurs enfants à leurs voisins, faute de pouvoir les nourrir ».
Le reste de l'Afrique centrale n'est guère mieux loti et connaît un regain de troubles. En Ouganda, pays anglophone au nord du Rwanda, la dictature sanglante de Milton Obote succède à celle d'Idi Amin Dada. Un opposant, Yoweri Museveni, lève des troupes et recrute massivement des réfugiés tutsis rwandais de la deuxième génération. Beaucoup d'entre eux, devenus des officiers aguerris, sont à ses côtés lors du défilé de la victoire à Kampala, capitale de l'Ouganda, en janvier 1986.
Ces Rwandais de la diaspora sont plus que jamais décidés à récupérer la terre de leurs ancêtres. Ils fondent avec Paul Kagamé le Front Patriotique Rwandais (FPR). Convertis à l'anglais, ils attirent l'attention des Américains au moment où ceux-ci commencent à s'intéresser à l'Afrique. Washington voit en eux un moyen de prendre pied au coeur du continent noir, dans une région au sous-sol riche en métaux précieux et rares.
Dans la nuit du 30 septembre 1990, les hommes du FPR quittent leurs casernes et pénètrent au Rwanda. C'est l'affolement à Kigali, dans le clan Habyarimana, où l'on commence à faire les valises. « Les partisans peuvent arriver dans la capitale en un ou deux jours. C'est sans doute ce qui se serait passé, car l'armée de Habyarimana n'oppose aucune résistance », écrit Ryszard Kapuscinski (Ébène). « Peut-être l'hécatombe de 1994 aurait-elle été évitée, s'il n'y avait eu ce coup de téléphone : un S.O.S. adressé par le général Habyarimana au président Mitterrand ».
À Paris, depuis la chute du Mur de Berlin, la diplomatie française est aux abois. Le président Mitterrand n'est plus perçu comme un partenaire incontournable par les Allemands, les Américains, les Soviétiques. Au sommet africain de La Baule, il s'est consolé en promettant d'aider ses invités du continent noir dans tous les domaines, y compris militaire, à condition qu'ils acceptent les formes démocratiques de gouvernement.
Et voilà que des gens venus d'une ancienne colonie anglaise, l'Ouganda, voudraient renverser le gouvernement légitime du Rwanda francophone. Il n'est pas question pour le président et les diplomates du Quai d'Orsay que soit porté atteinte à un pays du « champ » (l'Afrique francophone liée à la France) ! Jean-Christophe Mitterrand, fils aîné du président français, surnommé par les Africains « Papamadit », est l'ami personnel du fils du dictateur rwandais. Il garantit à celui-ci le soutien de l’armée française sur son sol en échange d’une évolution démocratique.
Le 2 octobre 1990, l'amiral Lanxade, chef de l’état-major particulier du président, alarme celui-ci sur les risques induits par l'agression du FPR. Il n'en faut pas plus pour que débarquent à Kigali quelques centaines de parachutistes. Nom de code : Noroît. Les Français se font accompagner de quelques Belges mais aussi de soldats du Zaïre (ou Congo) voisin, pour atténuer l'aspect néocolonial de l'opération. C'est du pain bénit pour le dictateur discrédité du Zaïre, Mobutu, qui retrouve un peu de crédit sur la scène internationale.
Paul Kagamé ne se soucie pas d'affronter la France et interrompt sa marche en avant. Mais à Kigali, pour éviter que les Français ne repartent trop vite, on simule un combat avec le FPR dans la nuit du 4 octobre 1990.

L'attente

Une grande partie des Hutus, y compris et surtout la classe dirigeante, ne cachent plus leur souhait d'en finir et de massacrer ce qui reste de Tutsis dans le pays. En prévision de l'ultime affrontement, que chacun sait inéluctable, le « Hutu Power » du dictateur forme dans tous les villages une milice hutue, les Interhamwe, ce qui signifie : « Frappons ensemble ».
Habyarimana porte aussi les forces armées rwandaises (FAR) de 5 000 à 35 000 hommes. Tandis que les militaires belges rentrent chez eux, leurs homologues français doivent suppléer à tous les niveaux aux défaillances de cette troupe de bric et de broc.
Les combats reprennent en juillet 1992 au nord du pays. Dans la zone ainsi « libérée » par ses troupes, Paul Kagamé procède en février 1993 à une « épuration ethnique ». Des centaines de milliers de Hutus sont chassés vers Kigali. Sur les routes qui mènent à la capitale, les troupes françaises doivent elles-mêmes procéder à des barrages filtrants en ne laissant passer que les Hutus. La radio des Mille Collines lance de premiers appels au meurtre des Tutsis, qualifiés de « cancrelats ».
À Paris, on commence à mesurer le risque de dérapage et l'on décide de passer le relais à l'ONU. Sous la pression de celle-ci, Habyarimana crée le poste de Premier ministre et le confie le 17 juillet à une Hutue modérée, Agathe Uwilingivimana. Le 4 août 1993, à Arusha, dans la Tanzanie voisine, les frères ennemis Tutsis et Hutus concluent la paix.
En octobre 1993, le Conseil de Sécurité crée la Mission d'Assistance des Nations Unies au Rwanda (MINUAR) et déploie 2500 Casques bleus pour faire respecter ces premiers accords d'Arusha. Les militaires français, à l'exception d'une poignée de gradés, peuvent enfin se retirer en décembre 1993.
Dans les pays anglophones de la région, cependant, des « conseillers » américains commencent à débarquer en nombre. Une prise de pouvoir par les Tutsis anglophones ne serait pas pour déplaire aux diplomates de Washington. Elle consacrerait l'éviction de la France de la région.

Le cauchemar

Le 4 avril 1994, les dirigeants de la région des Grands Lacs se retrouvent à Arusha en vue de mettre en oeuvre les accords de l'année précédente, avec partage du pouvoir et intégration de Tutsis dans l'armée. À Kigali comme dans le camp de Paul Kagamé, beaucoup grincent des dents en regrettant d'être ainsi privés de leur victoire... Deux jours plus tard, l'avion qui ramène le président Juvénal Habyarimana et son homologue burundais est touché par deux missiles peu avant d'atterrir à Kigali. Les passagers et les pilotes, des militaires français, sont tués.
Vingt ans après, le doute demeure sur les commanditaires de l'attentat. Le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), créé par l'ONU et siégeant à Arusha de 1995 à 2016 va recueillir des témoignages convergents mettant en cause des soldats tutsis au service de Paul Kagamé. Cette thèse va être reprise par le juge Jean-Louis Bruguière mais sera bien évidemment contestée par le principal intéressé.
En janvier 2010, l'ouverture des archives donnera à penser, au contraire, que l'attentat a été commis par les extrémistes hutus, désireux d'enterrer les accords d'Arusha et impatients d'exterminer les Tutsis. Cette hypothèse sera reprise en janvier 2012 par le juge Marc Trévidic, successeur de Jean-Louis Bruguière, à la grande satisfaction de Paul Kagamé. Mais elle reste à démontrer et rien n'indique que le génocide ait été planifié d'après les conclusions du TPIR.
Toujours est-il que l'attentat est le déclencheur du cauchemar...
Dans les heures qui suivent l'attentat, les troupes tutsies de Paul Kagamé pénètrent au Rwanda et attaquent sans attendre les casernements de la gendarmerie afin d'empêcher cette dernière de sécuriser la capitale. Le lendemain même, à Kigali, les militaires hutus massacrent la Première ministre et les dix Casques bleus belges chargés de sa protection. Sont aussi massacrés les opposants hutus modérés. Le clan Habyarimana et les extrémistes du « Hutu Power » saisissent l'occasion de réaliser le projet dont, semble-t-il, ils rêvaient depuis longtemps. Rien moins que l'extermination des Tutsis (et des Hutus modérés).
Pas question pour cela de mettre en oeuvre les moyens lourds de l'armée. On fera appel au bon vouloir de chacun, de façon à impliquer tous les Rwandais dans le crime. C'est ainsi que la radio des Mille Collines multiplie les appels au meurtre et désigne, village par village, les futures victimes. Les souvenirs anciens, les peurs et les haines transmises de génération en génération guident le bras des assassins. Parmi eux, nombre d'ecclésiastiques prompts à éliminer les Tutsis réputés mauvais chrétiens.
Alors que les Casques bleus et les étrangers plient bagage en toute hâte, les troupes tutsies du FPR entament leur marche vers Kigali où elles font leur entrée trois mois plus tard, le 4 juillet 1994. Las, l'irréparable a déjà été accompli avec le massacre de pas moins de 800 000 personnes de toutes conditions.

Le jeu trouble des grandes puissances

La France a pu évacuer en catastrophe les principaux chefs du « Hutu Power » responsables du génocide, en particulier la veuve Habyarimana. Sur place, les militaires français se tiennent dans l'expectative, ne sachant trop qui sont les victimes et les bourreaux, meurtris à la pensée que les militaires qu'ils ont formés seraient devenus des assassins.
Au Conseil de sécurité de l'ONU, les États-Unis et la France s'opposent dans un premier temps à ce que le drame soit qualifié de génocide car cela entraînerait ipso facto une intervention militaire internationale. Les Américains veulent laisser à leurs amis tutsis le temps de prendre le pouvoir tandis que le président de la République française veut rester loyal envers ses anciens affidés. De cette manière, il espère rassurer les autres chefs d'État de l'Afrique francophone en leur prouvant qu'ils peuvent compter sur la France quoiqu'il advienne.
Le 22 juin 1994, François Mitterrand donne le feu vert à une opération unilatérale de la France, qualifiée de « militaro-humanitaire » et baptisée Turquoise. Elle a pour but officiel de pacifier ce qui peut l'être. Pour le président français, accablé par des informations de plus en plus précises et sans doute taraudé par le remords de n'avoir pas su prévenir le drame, il s'agit de se dédouaner des accusations de complicité avec les génocidaires, qui commencent à courir ; il s'agit sans doute aussi de mettre à l'abri ses anciens alliés.
Dans le cadre de Turquoise, 2 500 militaires débarquent à Goma, au Zaïre, puis pénètrent au Rwanda. Ils établissent une « zone humanitaire sûre » dans le sud du pays où ils accueillent les réfugiés qui fuient les combats. Par centaines de milliers, cette fois, ce sont des Hutus qui fuient la vengeance des Tutsis. Ils se rendent dans la province zaïroise du Kivu et, à leur tour, vont connaître la désespérance des camps.
Leur cauchemar ne fait que commencer. Ils vont être l'objet de violences sans nom de la part des militaires et des miliciens hutus qui ont profité de l'opération Turquoise pour quitter avec leurs armes le Rwanda. Ces tueurs vont poursuivre leurs méfaits au Congo (République « démocratique » du Congo, ex-Zaïre) contribuant à l'effondrement de ce pays grand comme la moitié de l'Europe et fabuleusement riche en matières premières. On évalue à plusieurs millions les victimes de ce conflit interminable qui, plus de dix ans après, fait encore, semaine après semaine, à l'Est du Congo, des milliers de meurtres, de mutilations et de viols...
Génocide, génocide(s)
Le drame du printemps 1994, d'une ampleur sans précédent en Afrique, s'inscrit dans une longue suite de massacres de Hutus par les Tutsis et réciproquement, ce qui a conduit des officiels français, à commencer par le président Mitterrand, à parler de « génocides » (au pluriel) !

Renversement[ ]()des alliances

Depuis le génocide de 1994, la paix demeure précaire au Rwanda comme au Burundi, pays surpeuplés parmi les plus pauvres du monde, malgré la présence de ministres tant hutus que tutsis dans les gouvernements.
Le Rwanda est passé sous la domination de la minorité tutsi, avec à sa tête l'inflexible et impitoyable Paul Kagamé, qui a grandi en exil en Ouganda, dans un milieu anglophone.
Le chef du FPR a été révulsé par l'attitude équivoque des gouvernants français et belges et irrité par les procédures judiciaires lancées de Paris contre ses proches, accusés d'avoir commis l'attentat meurtrier contre Habyarimana. Aussi a-t-il pris ses distances avec la « Françafrique » (collusion d'intérêts diplomatiquo-affairistes entre Paris et ses anciennes colonies).
C'est ainsi que le Rwanda a provisoirement rompu ses relations diplomatiques avec la France et, en novembre 2009, obtenu son intégration dans le Commonwealth, club anglophone qui réunit une quarantaine d'anciens pays de l'Empire britannique. L'anglais a même été érigé en langue officielle au côté du français ! Un fait encore sans précédent en Afrique, de mauvais augure pour la francophonie.
Bénéficiant de l'armée la plus aguerrie et la plus disciplinée de la région, Paul Kagamé a pu, qui plus est, mettre la main sur les richesses minières de l'Est du Congo (la province du Kivu), au prix d'exactions meurtrières. Il a également instauré dans son propre pays un ordre rigoureux, accueillant à bras ouverts les investisseurs étrangers. Il peut se flatter d'avoir relever en un quart de siècle le pays. Quoique encore très pauvre, le Rwanda fait figure de modèle en Afrique en conjuguant stabilité politique, début d'industrialisation et croissance économique très rapide (multiplication par quatre du PIB par habitant en 25 ans).
Paul Kagamé peut aussi se flatter d'avoir effacé les séquelles du drame et gommé les haines communautaires. En 2001 ont été institués des tribunaux populaire pour juger les prévenus qui encombraient les prisons. Dirigés par les anciens des villages, sur le modèle des tribunaux traditionnels dits gacaca (« sur l'herbe » en kinyarwanda), ces tribunaux ont pu condamner les prévenus à des travaux d'intérêt général sous réserve qu'ils avouent et demandent pardon aux familles de leurs victimes. Ils ont été supprimés en 2012, mission accomplie... et tant pis si les droits de la défense n'ont pas toujours été strictement respectés.
Washington n'a toutefois pas le coeur à se réjouir. Depuis le début du XXIe siècle, ses priorités ne sont plus en Afrique mais au Moyen-Orient, où plane le spectre d'Al-Qaida. Français et Américains ont perdu la main dans la région des Grands Lacs et les Chinois se disposent à ramasser la mise, investissant à tour de bras dans les ressources du sol et du sous-sol, sans plus d'égards pour les populations[ ]()locales.
Questions autour d'un juge
« Héros » de la lutte anti-terroriste dans les années 1980, le juge Jean-Louis Bruguière s'est d'abord fait connaître par son enquête sur l'attentat de la rue des Rosiers en 1982, enquête qui n'a rien donné. Il a plus tard enquêté aussi sur un attentat qui a coûté la vie à onze ingénieurs français à Karachi (Pakistan), le 8 mai 2002. D'emblée, il a évoqué la piste al-Qaida et en a écarté une autre : l'implication des services secrets pakistanais. Celle-ci mettait en cause le gouvernement français d'Édouard Balladur en faisant de l'attentat une vengeance des Pakistanais, lésés dans le versement de pots-de-vin sur un contrat d'armement conclu en 1995. Également chargé en 2003 de l'enquête sur la mort des moines de Tibéhirine, qui impliquait la sécurité algérienne et la DST française, le juge Jean-Louis Bruguière a enterré le dossier jusqu'en 2007. À ce moment-là, il a quitté ses fonctions et s'est présenté aux élections législatives comme candidat du parti présidentiel UMP (il a été battu). C'est donc le même juge qui s'est vu confier l'enquête sur la mort des pilotes français lors de l'attentat de Kigali (6 avril 1994). En novembre 2006, il a abouti à la conclusion que l'avion présidentiel aurait été atteint par deux missiles tirés par des Tutsis du FPR de Paul Kagamé, l'actuel président rwandais. Il est probable que sur cette affaire-là, il ait eu raison comme s'est efforcé de le démontrer le journaliste Pierre Péan. Le juge a signé en conséquence neuf mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de proches du président rwandais Paul Kagamé. Mais ce dernier a riposté en rompant les relations diplomatiques avec la France et en reprenant à son compte les accusations de complicité de génocide adressées dès 1994 à la France et à son armée. Le 12 septembre 2011, le président Nicolas Sarkozy a tenté de renouer les liens avec le Rwanda en accueillant son bouillant président à Paris et, le 12 janvier 2012, le juge Marc Trévidic a enterré la thèse de son prédécesseur aux affaires antiterroristes Jean-Louis Bruguière et laissé entendre que l'avion présidentiel aurait été abattu par des dissidents hutus conformément aux dires de Kagamé. Peu importe en définitive, les deux camps ayant amplement démontré qu'ils étaient l'un et l'autre capables du pire.
Le 6 avril 1994, le président-dictateur du Rwanda, Juvénal Habyarimana, était tué dans un attentat contre son avion personnel. Les hommes de main de la majorité hutu entreprenaient aussitôt le massacre de la minorité tutsie (10% de la population) et des hutus modérés.
En trois mois, 800 000 innocents furent massacrés à coups de machette. Ce fut l'un des génocides du XXe siècle définis comme tel par l'ONU, avec le génocide arménien, le génocide juif et le massacre de Srebrenica.
La fuite de très nombreux réfugiés et militaires vers les pays voisins entraîna la déstabilisation complète de l'Afrique des Grands Lacs. On estime que la succession de conflits issus de ce drame est à l'origine de plus de quatre millions de morts violentes au Rwanda, au Burundi et surtout en République démocratique du Congo (RDC ou Congo-Kinshasa, ex-Zaïre), sans compter les viols de masse. En 2006, l'insécurité y faisait encore plus de mille morts par jour d'après Amnesty International... dans l'indifférence de l'opinion internationale ; il est vrai qu’il n’y avait sur place ni Américains, ni caméras...
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2024.04.01 00:31 DecentLurker96 La chaîne de restauration Wendy’s arrive à Québec

La chaîne de restauration Wendy’s arrive à Québec
Absente de Québec, la chaîne de restauration Wendy’s ouvrira son premier établissement de la région dans un ancien garage Uni-pro revampé sur le boulevard Wilfrid-Hamel à L’Ancienne-Lorette.
Le Soleil rapportait samedi qu’une nouvelle succursale Pizza Salvatoré ouvrirait prochainement ses portes dans un ancien garage à L’Ancienne-Lorette.
Les quelque 2500 pieds carrés restants de ce bâtiment allait être partagés avec une chaîne de restauration mondialement connue, dont le copropriétaire de Pizza Salvatoré, Frédéric Abbatiello, préférait taire le nom jusqu’à l’annonce officielle. Par contre, l’identité du restaurant a été dévoilée au grand jour lors du dernier conseil municipal de L’Ancienne-Lorette.
La date d’ouverture de cette première succursale Wendy’s à Québec demeure toujours inconnue.
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2024.03.30 15:09 kayrozen C't'un Wendy's icitte m'sieur!

C't'un Wendy's icitte m'sieur! submitted by kayrozen to villequebec [link] [comments]


2024.03.30 13:41 miarrial Sénégal : « Ce coup d’Etat démocratique est un gage de la pertinence d’une démocratie souvent accablée mais si précieuse »

Sénégal : « Ce coup d’Etat démocratique est un gage de la pertinence d’une démocratie souvent accablée mais si précieuse »
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Pour le journaliste et écrivain Elgas, « dans le contexte sous-régional de détricotage de la démocratie, ce sursaut plein de panache doit incarner un espoir panafricain ».
Bassirou Diomaye Faye entouré de ses épouses : Marie Khone Faye (à gauche) et Absa Faye (à droite), au village natal du nouveau président, à Ndiaganiao, le 24 mars 2024
Tribune. Avec le triomphe de Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle, c’est une longue et éprouvante séquence politique qui vient de s’achever au Sénégal. Sans rien enlever au mérite de ce dernier, la figure centrale de cette victoire reste son mentor, Ousmane Sonko. Un absent si omniprésent. La démocratie sénégalaise balbutiante, récemment rudoyée par l’entêtement coupable de l’ancien régime, a tenu.
Mieux, elle sort renforcée par cette élection inédite, tant dans son processus accéléré, dans son début chaotique, et jusqu’à cette victoire éclatante de l’opposition dès le premier tour. Elle place un peu plus le pays dans une position particulière, celle de phare dans une région sahélienne malade des transitions politiques.
Les premiers mots du nouvel homme fort de Dakar, improvisés et un peu hésitants, ont donné des gages rassembleurs. Sans triomphalisme trop tapageur, et bien loin de la verdeur radicale du discours qui fut longtemps l’identité du parti Pastef, cette pondération est la suite logique d’une campagne express de pacification. Un virage pendant lequel le tandem Ousmane Sonko-Bassirou Diomaye Faye, dès sa sortie de prison, a ménagé son principal bourreau, le président sortant Macky Sall, sacrifiant l’invective plus radicale sur l’autel d’une réconciliation à marche forcée.
Devant l’euphorie légitime d’un peuple souverain par les urnes, il convient pourtant d’examiner tout le tableau de cette dernière séquence politique, avec distance et sang-froid. Il révèle, entre autres apories et zones d’ombre, des blessures qu’il appartiendra au nouveau régime de panser. Une guérison qui sera nécessaire pour que le pays puisse reconquérir ce qu’il a de plus cher sur le plan politique, et qu’il a perdu dans la bataille : sa cohésion nationale.

Inanité d’un régime finissant

Avant toute chose, on ne peut manquer de mettre au crédit d’Ousmane Sonko d’avoir fermement tenu tête à ce régime. Cette victoire est d’abord la sienne. Par une étonnante résilience, une ingénierie politique, une endurance, l’ancien inspecteur des impôts est l’artisan de cette ascension fulgurante du Pastef. En dix ans, depuis les salons feutrés des impôts et domaines, la bande d’inspecteurs en rébellion à l’origine de ce jeune parti politique s’est frayée un chemin vers les cimes du pays.
Acculés mais portés par une jeunesse déterminée, ils ont accompli une révolution, un coup d’Etat démocratique. Par l’ampleur d’un travail programmatique et le flair politique qui l’a conduit à s’ouvrir au conseil d’une élite universitaire et à gauche, le parti s’est donné une substance. La jonction entre ce travail politique méthodique et une force populaire articulée autour de la figure messianique d’Ousmane Sonko sont les clés du succès dans un contexte mondial de dégagisme où le populisme est un vent qui porte.
Écouter aussi Sénégal : ce que change la victoire historique de l’opposant Bassirou Diomaye Faye
Il n’en reste pas moins qu’il bénéficie également de l’inanité d’un régime finissant, qui a multiplié les ratés jusqu’au parasitage de la candidature interne, celle d’Amadou Ba, héritier mal aimé de Macky Sall. Le bilan indéfendable de ce dernier, dont il est pleinement comptable quant à l’état de déchirement du pays, a condamné le candidat de la majorité à un plafond électoral. Bassirou Diomaye Faye bénéficie bien sûr d’un vote d’adhésion, mais le vote utile et le vote de rejet ont ainsi accentué l’ampleur de cette victoire aux allures référendaires.
Bien malgré eux, Macky Sall et un quarteron de faucons de son régime ont été les acteurs, au fil des dernières années, de l’ascension du Pastef. Dans leur volonté de liquider leur adversaire, en employant au-delà de toute raison des moyens disproportionnés, ils ont créé un martyr. Symbole même de l’injustice. Cet acharnement répressif est la première cause d’une fracture nationale, dont le venin reste diffus. Le pays y a beaucoup perdu, économiquement comme en termes de stabilité.

Défiance radicale

Pour autant, si Macky Sall porte la responsabilité première dans le chaos récent au Sénégal, il est important à l’heure du triomphe du Pastef de ne pas oublier ce que ce parti porte comme responsabilité dans la surenchère de la violence. Dans l’euphorie généralisée, face à un régime acculé et promis à la défaite, un opportunisme analytique et hémiplégique a passé sous silence le lexique longtemps outrancier d’un parti qui a eu la tentation de la contre-violence.
Victime d’une répression inédite, avec l’incarcération sans procès et sans griefs établis de près d’un millier de partisans d’Ousmane Sonko, le Pastef a théorisé une défiance radicale contre les institutions, légitimant par ses franges les plus extrêmes un désir d’insurrection. Il s’est rendu responsable d’une terreur théorisée par la notion de « gatsa-gatsa » (œil pour œil, dent pour dent). Née d’une conviction qui a cheminé dans le parti et reçu l’assentiment des leaders, l’idée est simple : Macky Sall ne connaît que la violence, et la contre-violence est par conséquent logique et légitime. Ce virilisme s’est aussi traduit par une logique inquisitoriale, sommant chacun des membres ou sympathisants du Pastef de prendre parti.
Cette chasse aux traîtres a prospéré, entre autres, sur les réseaux sociaux, où la traque s’apparentait à du maccarthysme. Conséquence démocratiquement tragique, toute la pluralité du débat s’en est trouvée étouffée. En creusant la polarisation, c’est la parole intellectuelle qui s’est bien souvent éteinte, prenant sans nuance le parti le plus simple.
Le Pastef perd désormais un pan de sa rhétorique avec la sortie de la scène de Macky Sall, ennemi si utile. Le parti devra lui survivre, pour assumer pleinement la lourde tâche de faire décoller le pays. Avec cet héritage de la lutte, et porté dans sa première offre politique par un conservatisme sociétal – illustré par exemple dans le peu d’égard quant aux droits des femmes ou des minorités sexuelles – et par une série de sorties hasardeuses et sexistes et un populisme latent, le Pastef a un défi maintenant qu’il est au pouvoir : assainir une pratique et un lexique. Abandonner les références belliqueuses, éconduire les courtisans les plus radicaux et violents en sortant de la logique d’amnistie aveugle, pour se tourner vers l’avenir.

La vigilance est requise

Si ce passif reste une entaille dans le parcours méritant de ce jeune parti, il convient de ne pas sombrer pour autant dans le catastrophisme qu’on voit fleurir dans certaines analyses souvent teintées de mépris pour des supposés « pieds nickelés » de la politique.
Les mentions qui font état d’une ascendance salafiste frériste du parti, d’une volonté de rupture sèche avec la France, sont très décalées avec la réalité, au mieux prématurées, au pire malveillantes. Elles alimentent ce fantasme aux relents coloniaux d’une barbarie toujours à l’affût.
Lire aussi Sénégal : une victoire, un coup de tonnerre et un avertissement
Certes, le parti a fait l’objet d’une intense opération de séduction des activistes néopanafricains et de forces prorusses, sentant la prise que serait une telle capture. Mais il faudra attendre les premières orientations du nouveau gouvernement avant de statuer sur les alliés qu’il se choisira. Bassirou Diomaye Faye devra affronter le réalisme nécessaire à la fonction présidentielle, s’élever à la hauteur du poste et piloter avec habileté, méthode, sobriété, toutes qualités que du reste on lui prête.
Si la vigilance est donc requise, il est important en revanche de ne pas condamner l’euphorie et l’élan de cette révolution. Elle porte un grand espoir, incarné par un parti qui, du reste, après une tentation séditieuse dans ses rapports avec la France, a évolué vers une ambition moins conflictuelle, portée par une volonté de rééquilibrage, de justesse, de redéfinition des termes de l’échange. Des éléments somme toute classiques de la grammaire panafricaine et souverainiste.

Une démocratie sénégalaise en marche

Les lendemains au Sénégal sont incertains. C’est là le propre de toute alternance. Ils le sont d’autant plus que les trois dernières années ont ralenti l’économie, grevées le budget de l’Etat et ont refroidi les marchés financiers. Il est dans l’intérêt des Sénégalais, tous, même les plus défiants, que le Pastef réussisse. Dans le contexte sous-régional de détricotage de la démocratie, ce sursaut plein de panache, sorte de coup d’Etat démocratique, doit incarner un espoir panafricain. Un gage de la pertinence d’une démocratie souvent accablée mais si précieuse.
L’une des conditions de réussite, c’est que les nouveaux hommes forts fassent leurs preuves, qu’ils déjouent la potentielle crise des ego au sommet, qu’ils élargissent leur offre politique sans dogmatisme et assouplissent leur radicalité pour transformer l’euphorie qui les a portés au pouvoir en fondation d’un nouvel élan politique. Le Pastef dispose en ce sens de réelles dispositions, avec notamment dans leur programme une forte teneur sociale à matérialiser.
Lire aussi Ndiaganiao, le village natal du prochain président du Sénégal, affiche sa fierté et ses espoirs
L’autre condition de la réussite, c’est la bonne volonté de ceux qui avaient des doutes concernant ce jeune parti, ou qui étaient franchement contre. A eux de remiser rancœurs et obsessions, et d’aborder avec curiosité et ouverture ce tournant politique. S’opposer sans doute, et c’est bien là une des façons de faire vivre la démocratique. Mais pour autant laisser à Pastef une chance, rudement acquise.
Remettre le Sénégal au cœur des préoccupations du Pastef comme de ses opposants sera la seule façon de sortir de la logique du « eux contre nous ». Somme toute, les prochains mois établiront si ce qu’on appelle à raison un coup d’Etat démocratique se termine en chaos et violence qui ont tout du coup d’Etat, ou se révèle être une des manifestations les plus éclatantes de la démocratie sénégalaise en marche. Il n’est point de secrets que le temps ne révèle.

Elgas (journaliste et écrivain sénégalais)
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2024.03.29 18:29 pLus_997 30th Post, 27 specials around a globe! (Pista Piloti, Sierra RS, Diablo, Aventador SV, Giulia GTAm and more!)

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Porsche 991.1 Turbo
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Bentley Mulsanne
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Lexus ISF
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Alpina B5 Touring G31
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BMW M6 F13
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Porsche 997.1 Turbo
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Ferrari California T
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Ferrari Mondial
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BMW i8
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Porsche 930 Turbo 3.3 Targa
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Porsche Taycan Turbo
https://maps.app.goo.gl/Mq3CH4faLkSvA5n67
Dodge RAM SRT-10
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Audi RS6 C7
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Lamborghini Diablo VT 6.0
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Ferrari F430
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McLaren MP4-12C
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Rolls Royce Silver Spirit
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BMW M2 F87
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BMW M2 F87
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Bentley Mulsanne
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Bentley Continental GT
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Mercedes S63 AMG Coupe
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Lancia Delta Integrale Evolution
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Ferrari F8 Tributo
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Alfa Romeo Giulia GTAm + Ferrari Roma
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Ferrari F430 + Ferrari 488 GTB + Ferrari F8 Tributo + Ferrari F8 Spider
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Mercedes 190 SL Roadster
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Porsche Cayenne Turbo S
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BMW M2 F87
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Aston Martin V8 Vantage
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Porsche 992 GT3 Touring
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Aston Martin Rapide
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Ferrari 812 GTS
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Ferrari FF
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BMW 1M Coupe
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Mercedes AMG GT-R
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Corvette C7
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Porsche 992 Turbo
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BMW M3 F80 Competition
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Jeep Grand Cherokee SRT 8
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Ferrari California
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Ferrari 812 Superfast
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Porsche Cayenne Turbo GT
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Aston Martin V8 Vantage
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Audi R8 Type 42
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BMW M3 E36 + Porsche Macan GTS
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Porsche Taycan Turbo S
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BMW M3 G80
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BMW i8 Roadster
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BMW i8 Roadster
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Ferrari 458 Italia
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Audi R8 Type 4S V10
https://maps.app.goo.gl/pmY1Wh33xV5LbPhT8
Porsche 924 Carrera GT
https://maps.app.goo.gl/VVhuXXSTVgPFQKkA7
Jaguar XK120 Roadster + Jaguar E-Type Roadster Series I
https://maps.app.goo.gl/ftZpjY3Kn6sEtLQa7
Porsche 718 Cayman GT4
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Mercedes AMG GT-R
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Audi RS4 Avant B9
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Porsche 997.2 GT3
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Aston Martin V8 Vantage
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Mercedes A45 AMG
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Porsche 991.1 GT3
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Porsche 718 Cayman GT4
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Mercedes S63 W222 AMG https://maps.app.goo.gl/6gbDkhErHcc7HVsA9
BMW X5M F85
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Mercedes G500 4x4^2
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Jeep Grand Cherokee SRT 8
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Mercedes GL63 AMG
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Audi RSQ8
https://maps.app.goo.gl/DE65uNaW98ZSrMVy8
Bentley Continental GT
https://maps.app.goo.gl/uZypDKBQQrpcFBay8
Porsche Panamera Turbo S
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Nissan GT-R R35
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Maserati GranTurismo
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Corvette C4 + Tuned Mitsubishi Lancer Evo 7
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Ford Sierra RS Cosworth
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Dodge Magnum SRT-8
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Bentley Continental GT
https://maps.app.goo.gl/7cYiRDAaih9hjNzz8
Rolls Royce Phantom VII
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Audi RS7 C7
https://maps.app.goo.gl/vh6SjtUKYyVRGdhy7
Rolls Royce Wraith
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Ferrari 488 Pista Piloti
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Ferrari 488 Pista
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Porsche 997.2 Turbo
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Porsche 911 F-Series Targa
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Porsche 911 F-Series Carrera RS 2.7 + Jaguar E-Type Series II
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Lancia Delta Integrale 16V
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BMW M3 E30
https://maps.app.goo.gl/sTK2tKQp6UcbYLL96
Porsche 991.2 GT3 + Porsche 991.1 GT3 RS + BMW M4 F82
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BMW M2 F87 + BMW M3 E92
https://maps.app.goo.gl/BkMoZWN5LnjCamG18
Porsche 997.1 Carrera Hamann Stalion
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Audi RSQ8
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Ferrari 360 Modena
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Mercedes E63 AMG W213 Estate
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Bentley Continental GT
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Audi R8 Type 42 Spider
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Porsche Cayenne Turbo S
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Ford Focus RS MKIII
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BMW M3 F80 Competition
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BMW M5 F90
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Maserati GranCabrio MC
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BMW X6M F96
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Mercedes E63 AMG W213 Estate
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BMW X6M F86
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Bentley GTC
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Toyota GR Yaris
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BMW M4 F82
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Maserati GranTurismo
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Nissan GT-R R35
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BMW M4 F82
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Mercedes E63 AMG W213
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Ferrari 458 Spider
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Maserati GranTurismo https://maps.app.goo.gl/Kkw3eJyzayP1rFNL9
Alfa Romeo Giulia QV
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Tuned BMW M2 F87
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Audi R8 Type 42
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Audi TTRS
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Jaguar XKR
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Ferrari California
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Porsche 991.2 GT3
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Bentley Bentayga
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Maserati Quattroporte M156
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Bentley Continental GT
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Porsche 997.1 Turbo
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Porsche 992 Carrera S + Corvette C3
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Corvette C4
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Bentley Continental GT
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2024.03.23 13:59 miarrial MALI – Au Sahel, l’État islamique « encore loin » d’instaurer un califat comme à Raqqa

MALI – Au Sahel, l’État islamique « encore loin » d’instaurer un califat comme à Raqqa
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TERRORISME • Cinq ans après la fin « officielle » de l’Etat islamique en Syrie, le groupe djihadiste tente d’administrer la région de Ménaka au Mali et d’y faire régner la loi islamique. Mais cela reste incomparable à Raqqa
Vue aérienne de Menaka le 22 novembre 2020

L'essentiel
• L’Etat islamique (EI) a revendiqué vendredi soir l’attentat perpétré dans une salle concert de la banlieue de Moscou. Cette attaque est survenue à la veille du cinquième anniversaire de la chute de Baghouz, le dernier fief territorial de l’Etat islamique en Syrie.
• Depuis, le groupe djihadiste a rebondi au-delà des frontières et se dispute avec Al-Qaida la domination au Sahel.
• Installé dans la région de Ménaka, au Mali, où il tente d’instaurer la charia, il n’a pas encore les moyens de rebâtir un califat.

Avec la chute de Baghouz, c’était la fin territoriale de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Il y a cinq ans, cette élimination à coups de bombes du califat, responsable de dizaines d’attentats en Europe, a marqué une victoire de la coalition internationale contre le groupe terroriste, mais pas l’anéantissement de ce dernier. Car l’Etat islamique a survécu, de même que son idéologie. Et prospère aujourd’hui, notamment au Sahel. Le Burkina Faso, le Niger et le Mali, théâtres de coups d’Etat et d’instabilité politique, sont de nouveaux terrains fertiles pour asseoir sa domination.
La branche régionale du groupe djihadiste, l’Etat islamique – Sahel, est entrée à Ménaka, petite ville du nord-est du Mali, proche de la frontière avec le Niger, en 2023. L’intention de l’EI est alors bien claire : prospérer dans la région et recréer un califat comme en Syrie et en Irak.

Vieilles méthodes

Pour y arriver, il emploie des méthodes similaires à ce qui a été vu aux prémices de son installation à Raqqa. « Ils essayent d’administrer le territoire, de gagner le cœur et l’esprit de la population en appliquant le même schéma et en distribuant les mêmes prospectus qu’en Syrie en 2013 », rapporte Wassim Nasr, spécialiste des mouvements djihadistes et auteur de L’Etat islamique, le fait accompli (Plon). Une communication « très agressive qui passe par leur propre agence de presse », abonde Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Security Secteur Network (ASSN).
L’EI-Sahel ou Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) a également instauré « une police islamique qui essaye de combattre le banditisme, le trafic de drogue, l’espionnage présumé, ceux qu’ils accusent d’être des "sorciers" », ajoute Wassim Nasr. Ils appliquent des taxes sur le commerce et la charia. Des jugements sont alors rendus en public avec les mêmes sentences brutales qui ont pu être diffusées à l’époque de son rayonnement irako-syrien : mains et pieds coupés, décapitation en place publique.
Mais l’EI est « encore très loin » d’avoir les moyens d’instaurer un califat comme c’était le cas à Raqqa, nuance Niagalé Bagayoko. « On est dans des prémices de ce qu’ils ont pu faire en Syrie et en Irak au début, mais tant qu’ils ne contrôlent pas une zone urbanisée, on ne peut pas comparer les deux », souligne pour sa part le spécialiste des mouvements djihadistes.

Des différences de taille

Le groupe djihadiste contrôle en effet la région de Ménaka, mais pas la ville. Il a tout de même réussi à instaurer un siège sur la commune en janvier dernier. Depuis, presque plus aucun vivre n’entre. De fait, s’il a « un rayonnement incontesté dans la zone qu’il tente d’administrer, on n’est toutefois pas du tout dans les proportions du califat instauré en Syrie et en Irak », insiste Wassim Nasr. Les proportions sont incomparables. Quand Raqqa comptait quelque 200 000 habitants en 2013, Ménaka n’en abrite que 30 000, dont 20 000 réfugiés des alentours. La localité n’a donc « pas du tout le même potentiel d’armement ou humain, c’est une zone très pauvre, pas du tout urbanisée, on ne peut pas comparer les deux », explique Wassim Nasr. Avant de trancher : « Non, Ménaka n’est pas le nouveau Raqqa ».
De plus, il n’a pas les mains complètement libres. Pour le moment, il parvient à repousser les offensives des autorités maliennes, des milices comme le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) ou le groupe Wagner. Mais la concurrence avec l’autre grand groupe djihadiste de la région, le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), la branche officielle d’Al-Qaida au Mali, est « le principal élément qui s’oppose à la présence établie de l’Etat islamique », argumente Niagalé Bagayoko. « L’EI est bien présent mais ils sont contestés, ce n’est pas un territoire totalement acquis, poursuit-elle ».

Une menace extérieure limitée

La menace pour l’Europe est une autre grande différence entre l’État islamique de l’époque syrienne et celui d’aujourd’hui au Sahel. Alors que les attentats qui ont touché la France le 13 novembre 2015 ont été projetés depuis la Syrie, il paraît bien plus compliqué pour l’EI de programmer de nouvelles attaques de cette ampleur depuis le Sahel. D’abord en termes logistiques. « C’est plus compliqué parce que c’est beaucoup plus loin. Il ne suffit pas de traverser la frontière avec la Turquie pour se retrouver sur le continent européen », note Wassim Nasr. « Le seul moment où l’Etat islamique a constitué une réelle menace depuis l’Afrique était quand ils avaient un contrôle en Libye, avec de grandes villes qu’ils administraient sur le littoral méditerranéen. C’est à cette époque que deux frères libyens ont fomenté et commis l’attentat à Manchester au concert d’Ariana Grande le 22 mai 2017, l’attaque avait été préparée depuis la Libye », précise-t-il.
Le paramètre des recrutements joue aussi. Quand l’EI parvenait à faire venir des milliers de combattants djihadistes enrôlés à l’international (5 000 Européens dont plus d’un quart de Français, selon la DGSI), il ne recrute aujourd’hui plus d’étrangers. Les rangs de l’Etat islamique au Grand Sahara sont composés en majorité de Peuls, des populations locales séduites par un discours protecteur vendu par le groupe djihadiste.
L’État islamique, comme les autres groupes djihadistes, a « capitalisé sur les griefs locaux, instrumentalisant les frustrations liées au manque d’opportunités économiques et d’accès aux services publics, les tensions intercommunautaires liées à l’accès aux ressources naturelles, le sentiment général d’abandon par l’État et les griefs à l’encontre des élites locales, pour établir et renforcer son emprise dans la région », développe Meryl Demuynck, chargé de recherche au centre international de lutte contre le terrorisme. Alors certes, Ménaqua n’est pas Raqqa. Mais selon elle, le Sahel est devenu « l’épicentre du terrorisme au niveau mondial » concentrant « près de la moitié des décès dus au terrorisme et plus d’un quart des attaques enregistrées au niveau mondial en 2023 ».
À lire aussi
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2024.03.23 13:51 miarrial Hitler raconté par Hans Baur, son pilote d’avion privé

Hitler raconté par Hans Baur, son pilote d’avion privé
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Pendant plus de dix ans, Hans Baur fut le pilote personnel de Hitler. Ses Mémoires, à nouveau publiées, donnent un éclairage inédit sur la personnalité du dictateur. Extraits.
Baur fut le pilote personnel de Hitler
VIDÉO
Il n'a jamais renié son maître et patron. Même après la chute du Reich et la découverte des atrocités nazies, Hans Baur continuait jusqu'au bout à défendre Hitler, dont il a partagé le destin de 1932 jusqu'à son suicide dans son bunker de Berlin. Il croise la route du leader politique au moment de sa fulgurante ascension : Hitler a besoin d'un pilote, il est terrifié par l'avion, Baur est un ancien as de l'aviation et membre du parti nazi depuis 1926… Dès lors, il entre dans le cercle privé du dictateur et le transporte là où il le souhaite, d'abord en Allemagne, puis dans les pays conquis et sur les fronts, assurant les navettes sans déplorer un seul accident.
Dans ses Mémoires, publiées en 1956 et rééditées aux éditions Tempus, il tient à se présenter comme un simple exécutant, un aviateur au service de son patron, point final. Mais il était en réalité un intime du dictateur, croisant les plus hauts dignitaires nazis, officier SS dévoué corps et âme au parti, partageant très souvent les repas du Führer, et souvent à deux pas derrière lui lors de visites sur le terrain. Hitler est le témoin de son mariage, il lui offre une Mercedes pour son anniversaire, l'invite au Berghof à ses longues soirées où il se noie dans des monologues sans fin. Et lui interdit formellement de faire du ski pour éviter qu'il se brise une jambe et ne puisse plus piloter…
Hans Baur est à ses côtés jusqu'en 1945, lui proposant, en vain, de l'exfiltrer de Berlin assiégé par l'Armée rouge. Blessé, capturé par les Soviétiques, le pilote est libéré en 1955 et retrouve son village de Bavière où il coule une retraite discrète, avec bien en évidence sur son bureau le buste en bronze de son idole. « J'ai souvent regretté de ne pas avoir suivi le Führer dans son suicide, dira-t-il à un jeune journaliste à la fin de sa vie. C'était un grand homme, mon garçon ! Si l'histoire n'avait pas été écrite par les ennemis du Reich, le Chef apparaîtrait comme un géant de l'Histoire. » Il meurt à 95 ans, sans remords ni regret.
À lire aussi Dans l'intimité de Hitler : les manies d'un dictateur

Pourquoi Hitler détestait les avions

Hitler engage Baur pour la campagne présidentielle du printemps 1932, pour assurer des meetings dans les villes allemandes, mais il déteste l'avion, il en garde un très mauvais souvenir quand il l'utilisa en 1920 lors du putsch de Kapp.
Hitler n'oublia jamais ce voyage aérien. Une fois suffit !, se jura-t-il. D'autre part, il lui déplaisait souverainement de « dégobiller » – ce fut son expression – peu d'instants avant d'avoir à monter à la tribune des orateurs.

Extraits

« Je le rassurai en lui expliquant qu'on volait tout autrement en 1932, avec des avions trimoteurs. Il n'imagina pas, cependant, qu'il pût être moins malade en 1932 qu'en 1920, mais il se déclara prêt à accepter ce sacrifice […] Au cours de ces campagnes, nous visitâmes des centaines de localités, rencontrant souvent des terrains impossibles et dans toutes les conditions de temps : orages, tempêtes, accident. Aucune des réunions ne fut décommandée […] Hitler, volontairement ou non, devint donc le grand propagandiste de la Lufthansa et contribua considérablement à l'extension du trafic aérien.

Régime végétarien

– Baur, me dit-il un jour, vous devriez vous mettre au régime végétarien, tout comme moi. Ce régime calme les nerfs et il est très salutaire. Devenez végétarien, et vous vous porterez beaucoup mieux.
– Je me porte parfaitement, répondis-je. D'autre part, je ne suis pas de ces hypocrites qui mangent des légumes en votre présence et se précipitent ensuite chez Kannenberg pour obtenir un morceau de saucisse. Permettez-moi de vous le dire franchement ; je préfère vingt fois un bon rôti de porc aux croquettes de pommes de terre à tous vos merveilleux légumes. N'y comptez pas : vous ne ferez jamais de moi un végétarien !

Visite de Paris (23 juin 1940)

Lorsque le front eût largement dépassé Paris, Hitler exprima le désir de visiter la métropole française. Le matin du départ, une brume épaisse couvrait notre terrain. Je dus décoller aux instruments. Dès 5 heures, nous atterrissions au Bourget. Hitler voulait effectuer sa visite avant que la population eût pris son travail. Je montai dans la voiture avec lui. Quelques travailleurs nocturnes rentraient chez eux, les employés de la voirie commençaient leur besogne, les premiers concierges paraissaient devant les maisons. Hitler fut reconnu ici et là.
Nous remontâmes les Champs-Élysées jusqu'à la tombe du Soldat inconnu. Hitler salua cette tombe, puis examina l'Arc de Triomphe en détail. Ensuite, nous allâmes au Louvre, au Trocadéro, à la tour Eiffel, à l'Opéra et, enfin, aux Invalides où Hitler visita le tombeau de Napoléon.
À lire aussi Patrice Gueniffey : « “Napoléon”, c'est le film d'un Anglais… très antifrançais »
La tournée dura une bonne heure et nous étions de retour à l'aérodrome un peu après 6 heures. Le départ fut retardé parce que le pneu de la roue arrière était crevé, il fallut le réparer. Dans l'intervalle, Hitler s'entretint avec un certain nombre de Français, pour la plupart des travailleurs et des mécaniciens de l'aéroport. On rit beaucoup.

Déjouer les attentats

Il fallait surveiller les avions en permanence pour les protéger contre des sabotages. Un SS et un homme de la Gestapo gardaient simultanément celui de Himmler. Les autres n'avaient qu'une sentinelle, venant tantôt des SS, tantôt de la Gestapo, pour éviter qu'il y eût des accords entre eux. Au retour des appareils, le mécanicien devenait responsable de leur remise en état de voler. Personne ne pouvait travailler dessus en dehors de la présence d'un membre de l'équipage […] Un vol d'essai d'au moins dix minutes s'accomplissait avant le départ de Hitler ou d'un ministre. Si une charge explosive avait été introduite à bord, elle eût fonctionné au cours de ce vol.

Comment Hitler voyait ses ennemis

Alors que l'Allemagne se révélait de plus en plus impuissante à desserrer l'étau qui allait la broyer, Hitler trouva des mots pour caractériser ses adversaires. Roosevelt était un charlatan qui s'enflait exagérément, en oubliant les données réalistes que lui, Hitler, connaissait fort bien. Churchill était l'éléphant dans le magasin de porcelaine, qui avait détruit son empire sous ses pieds. Il avait entraîné l'Angleterre dans cette guerre qu'elle perdrait de toute façon, même si elle se trouvait dans le camp des vainqueurs à la fin des hostilités. L'Empire britannique était désormais une chose du passé. Les Américains deviendraient les héritiers des Anglais. Staline seul était capable de lui en imposer, mais c'était un monstre à face humaine.

Le maréchal Göring dépassé

Göring venait tous les deux jours à la chancellerie. Un soir que Hitler lui avait fait de violents reproches sur la déficience de la Luftwaffe – il pensait moins aux retards techniques qu'à l'emploi au front –, Göring vint me trouver.
– Baur, me dit-il, vous êtes un de nos plus vieux aviateurs. Vous avez suivi le développement de l'aviation depuis ses débuts jusqu'à maintenant. Je dois vous avouer très franchement que je n'ai plus aucune idée des appareils actuels. Cette évolution me dépasse.
Certes, pensais-je, tu aurais beaucoup mieux fait de voler au lieu de te prélasser dans des trains de luxe pour circuler dans le pays !

Le suicide à Berlin, 30 avril 1945

– Baur, je voudrais vous dire adieu […] Je vais en finir ! Je sais, des millions d'hommes me maudiront demain… Le destin le veut ainsi. Les Russes savent parfaitement que je suis ici, dans le bunker, et je crains qu'ils ne tirent des obus à gaz. Au cours de la guerre, nous avons inventé un gaz qui endort un homme pendant 24 heures. Notre service de renseignements a appris que les Russes le possèdent aussi. Il est impossible d'imaginer qu'ils puissent m'avoir vivant. Nous disposons bien, ici, d'une défense contre les gaz, mais qui pourrait s'y fier ? Pas moi en tout cas… Aussi vais-je en finir aujourd'hui […] Baur, il faudrait écrire sur ma tombe : il fut la victime de ses généraux ! »
À lire : J'étais le pilote de Hitler, de Hans Baur, présentation et notes de Claude Quétel, éditions Tempus/Perrin.

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2024.03.10 10:17 miarrial Oppenheimer, une obsession américaine

Oppenheimer, une obsession américaine
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Le triomphe de Robert J. Oppenheimer a été sa tragédie. Le scientifique a permis de nombreuses avancées en physique théorique, mais on se souvient de lui comme du père de la bombe atomique. Sous sa direction, les scientifiques du laboratoire de Los Alamos, où la bombe a été conçue et fabriquée, ont changé à jamais la façon dont les gens perçoivent le monde, en y ajoutant un nouveau sentiment de vulnérabilité.
J. Robert Oppenheimer a été surnommé « le père de la bombe atomique »
La vie d’Oppenheimer permet de parler à échelle humaine d’un sujet qui serait, sans cet intermédiaire, totalement écrasant. Il n’est pas étonnant que le dernier film de Christopher Nolan, Oppenheimer, raconte l’histoire de Los Alamos à travers ce seul destin – ou qu’Oppenheimer soit au centre de tant d’écrits sur la bombe.
Dans la culture américaine, cependant, la fascination pour l’homme à l’origine de la bombe semble souvent éclipser l’horrible réalité des armes nucléaires elles-mêmes, comme s’il était le verre teinté qui permet aux spectateurs de voir l’explosion en toute sécurité, même s’il obscurcit la lumière aveuglante. L’intérêt intense pour la vie d’Oppenheimer et ses sentiments ambivalents à l’égard de la bombe en ont fait presque un mythe : un « génie torturé » ou un « intellect tragique » que les gens essaient de comprendre parce que la terreur de la bombe elle-même est trop troublante.
Jusqu’à la fin de sa vie, Oppenheimer a justifié les bombardements atomiques par le discours du gouvernement américain : ils ont sauvé des vies en évitant une invasion. Mais il a transmis un sentiment d’angoisse, écrivant son propre rôle tragique, comme je l’affirme dans le livre que je lui ai consacré. « Les physiciens ont connu le péché », a-t-il remarqué deux ans après les bombardements, « et c’est une connaissance qu’ils ne peuvent pas oublier ».
Robert Oppenheimer et le général Leslie Groves, au centre, examinent les débris tordus, tout ce qui reste d’une tour de 100 pieds après le test « Trinity »

« Frappe mon cœur »

La bombe atomique a changé la signification de l’apocalypse. Alors que les gens avaient autrefois imaginé le jugement dernier comme un acte de colère de Dieu ou un jugement final, le monde pouvait désormais disparaître en un instant, sans signification sacrée, sans histoire de salut.
Comme l’a dit plus tard le physicien Isidor Isaac Rabi, la bombe « traitait les humains comme de la matière », rien de plus.
Mais Oppenheimer a utilisé un langage religieux pour parler du projet, comme pour souligner le poids de sa signification.
La bombe atomique a été testée pour la première fois au petit matin du 16 juillet 1945, dans le bassin aride du sud du Nouveau-Mexique. Oppenheimer a baptisé cet essai « Trinity », en référence à un sonnet de l’écrivain anglais de la Renaissance John Donne, dont les vers sont célèbres pour leur fusion du sacré et du profane. « Batter my heart, three person’d God », (« Frappe mon cœur, Dieu trinitaire ») supplie Donne dans le « Sonnet Sacré XIV », demandant à Dieu de « le faire neuf ».
Plus tard dans sa vie, Oppenheimer a déclaré qu’il s’était souvenu de paroles de la Bhagavad-Gita, un texte classique hindou, alors qu’il était témoin de l’explosion du champignon atomique : « Je suis devenu la Mort, le destructeur des mondes » – ces lignes décrivaient à l’origine le Seigneur Krishna révélant toute sa puissance. Selon le frère d’Oppenheimer, Frank, un physicien qui était avec lui à l’époque, ce qu’ils ont tous deux dit à voix haute était simplement : « Ça a marché. »
La première détonation d’un engin nucléaire, réalisée par l’armée américaine le 16 juillet 1945, dans le cadre du projet Manhattan
Le contraste entre leurs récits illustre la dualité de l’image publique d’Oppenheimer : un expert technique forgeant une arme et un humaniste féru de poésie accablé par la signification morale de la bombe. En tant que porte-parole et symbole du projet Manhattan, Oppenheimer a parfois semblé encourager l’idée qu’il s’agissait de sa création et de sa responsabilité personnelles. En fait, la bombe était le produit d’une gigantesque opération scientifique, technique, industrielle et militaire, dans laquelle les scientifiques se sentaient parfois comme les rouages d’une machine. Il n’y a pas vraiment eu de « père » de la bombe atomique.
Cela a inspiré au Mathématicien John von Neumann une remarque acerbe, « Some people profess guilt to claim credit for the sin » (« Certaines personnes clament leur culpabilité pour s’attribuer le mérite du péché »).

Décrire l’indescriptible

Quelques semaines seulement après le test, des bombes atomiques ont rasé les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, jusque-là très animées. Les 6 et 9 août, ces villes ont soudainement cessé d’exister. Robert J. Lifton, expert en psychologie de la guerre, de la violence et des traumatismes, a qualifié l’expérience des survivants d’Hiroshima de « mort dans la vie », une rencontre avec l’indescriptible.
Un soldat japonais est assis au milieu des décombres de la ville de Nagasaki, rasée par la bombe atomique américaine le 9 août 1945
Comment représenter ce qui est au-delà de la représentation ? Dans le film, Nolan recrée l’intensité de l’essai Trinity par la couleur et le son, en faisant suivre l’éclair lumineux d’une pause silencieuse, puis du grondement profond de l’explosion et du claquement de l’onde de choc. En ce qui concerne Hiroshima et Nagasaki, il choisit cependant d’évoquer l’attaque sans la montrer.
S’inspirant d’une description contenue dans American Prometheus, la biographie emblématique d’Oppenheimer sur laquelle le film est basé, Nolan montre le discours triomphal d’Oppenheimer devant un public en liesse dans l’auditorium de Los Alamos, annonçant la destruction d’Hiroshima par l’arme qu’ils avaient créée.
Nolan crée un sentiment de dissociation, l’horreur de la bombe entrant en scène par le biais de flashbacks du test Trinity et d’images de corps calcinés d’Hiroshima. Les applaudissements des scientifiques se transforment de manière cauchemardesque en gémissements et en pleurs.

La bombe qui mettrait fin à toutes les guerres ?

Après la fin de la guerre, de nombreux scientifiques qui avaient travaillé sur le projet Manhattan ont cherché à souligner que la bombe atomique n’était pas une arme comme les autres. Ils ont affirmé que l’immense danger qu’elle représentait devrait rendre la guerre obsolète.
Un couple de personnes âgées prient ensemble devant le monument commémoratif des victimes de la bombe atomique à Hiroshima
Parmi eux, Oppenheimer était celui qui avait le plus d’autorité grâce à l’opération de Los Alamos et à ses talents d’orateur. Il a poussé à la maîtrise des armements, jouant un rôle clé dans la rédaction du rapport Acheson-Lilientha de 1946, une proposition radicale qui demandait que l’énergie atomique soit placée sous le contrôle des Nations unies.
Cette proposition, connue sous le nom de plan Baruch, a été rejetée par l’Union soviétique. Oppenheimer était amèrement déçu, mais les diplomates atomiques américains avaient probablement l’intention de le rejeter – après tout, la marine américaine testait des bombes atomiques au-dessus de l’atoll de Bikini dans le Pacifique. Plutôt que de considérer la bombe comme l’arme qui mettrait fin à toutes les guerres, l’armée américaine semblait la considérer comme son atout. Le film de Nolan fait référence à la déclaration du physicien britannique Patrick Blackett selon laquelle la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki
« n’était pas tant le dernier acte militaire de la Seconde Guerre mondiale que la première opération majeure de la guerre diplomatique froide avec la Russie ».
Lorsque les Soviétiques ont obtenu leur propre bombe atomique en 1949, Oppenheimer et son groupe de conseillers scientifiques se sont opposés à une proposition visant à ce que les États-Unis réagissent en mettant au point la bombe à hydrogène, mille fois plus puissante que les bombes atomiques larguées sur le Japon. Son opposition a ouvert la voie à la disgrâce politique d’Oppenheimer. En l’espace de quelques années, les États-Unis et l’Union soviétique ont tous deux testé des bombes à hydrogène. L’ère de la destruction mutuelle assurée, où une attaque nucléaire serait certaine d’anéantir les deux superpuissances, avait commencé. Aujourd’hui, neuf nations possèdent des armes nucléaires – mais 90 % d’entre elles appartiennent toujours aux États-Unis et à la Russie.
Vers la fin de sa vie, Oppenheimer a été interrogé sur la perspective de négociations pour limiter la propagation des armes nucléaires. Il a répondu : « Cela arrive 20 ans trop tard. Cela aurait dû être fait au lendemain de Trinity. »
La version originale de cet article a été publiée en anglais.
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2024.03.03 10:36 No-Rouina_Badr Les découvertes récentes dans l'archéologie égyptienne incluent une momie recouverte d'or.

Les découvertes récentes dans l'archéologie égyptienne incluent une momie recouverte d'or.
La découverte récente de la momie, qui serait celle d'un homme nommé Hekashepes, a suscité l'enthousiasme des archéologues et des égyptologues. Considérée comme l'un des cadavres non royaux les plus anciens et les plus complets jamais trouvés en Égypte, cette découverte remarquable jette un nouvel éclairage sur les pratiques funéraires et les structures sociétales de l'Égypte ancienne.
La momie a été déterrée dans un puits de 15 mètres (50 pieds) sur un site funéraire au sud du Caire, Saqqarah, un endroit réputé pour ses riches trésors archéologiques. Aux côtés d'Hekashepes, trois autres tombes ont été découvertes avec Circuits en Égypte, chacune révélant des aperçus intrigants sur la vie et le rôle de leurs occupants.
L'une des tombes appartenait à un personnage connu sous le nom de "gardien du secret", suggérant une position d'importance au sein de la société égyptienne antique. Une autre tombe a révélé les restes de Khnumdjedef, prêtre, inspecteur et superviseur des nobles, tandis qu'une troisième appartenait à Meri, un haut fonctionnaire du palais doté du titre de "gardien secret", lui accordant l'autorité d'accomplir des rituels religieux spéciaux. Cette dernière découverte rappelle l'attrait durable de l'Égypte et les possibilités illimitées d'exploration et de découverte qui attendent les visiteurs des Forfaits de voyage en Égypte et des Excursions d'une journée en Égypte. De plus, une tombe censée appartenir à Fetek, juge et écrivain, a été déterrée, contenant une collection de ce que l'on pense être les plus grandes statues jamais trouvées dans la région.
Parmi les découvertes figuraient plusieurs artefacts, notamment des poteries et d'autres objets qui offrent de précieuses informations sur la culture et les coutumes égyptiennes antiques. L'archéologue Zahi Hawass, ancien ministre égyptien des antiquités, a daté toutes les découvertes du 25ème au 22ème siècle avant JC, les plaçant dans une période importante de l'histoire de l'Égypte. Il existe de nombreuses visites que vous pouvez rejoindre avec Les temples de Louxor et Dendera et Abydos depuis le port de Safaga et Excursion d'une journée depuis le port de Safaga vers les principales attractions de Louxor proposées à partir de Excursions depuis le port de Safaga qui offrent une expérience immersive dans les sites sacrés de Louxor, Dendera et Abydos, offrant un aperçu des croyances et pratiques religieuses de l'Égypte ancienne.
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"Cette découverte est si importante car elle relie les rois aux gens qui vivent autour d'eux", a fait remarquer Ali Abu Deshish, un autre archéologue impliqué dans les fouilles. En effet, ces résultats offrent un aperçu fascinant de la vie de l'élite dirigeante et de la population en général pendant les temps anciens.
Saqqara, avec son riche patrimoine archéologique s'étendant sur plus de 3 000 ans, est un site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Située dans ce qui était autrefois l'ancienne capitale égyptienne Memphis, Saqqara compte plus d'une douzaine de pyramides, y compris l'emblématique Pyramide à degrés, près de l'endroit où le puits contenant la momie a été découvert.
La révélation de jeudi fait suite à une autre découverte importante dans la ville de Louxor, dans le sud de l'Égypte, où des experts ont annoncé la découverte d'une ville résidentielle complète de l'époque romaine, datant des deuxième et troisième siècles de notre ère. Cette découverte souligne davantage le statut de l'Égypte en tant que trésor de merveilles archéologiques. Ces attractions disponibles en Depuis Safaga: Excursion privée d'une journée à Louxor et Excursion d'une journée du port de Safaga au temple de Karnak Safaga à Louxor.
Ces dernières années, l'Égypte a dévoilé de nombreuses découvertes archéologiques majeures dans le cadre des efforts visant à relancer son industrie touristique, qui joue un rôle vital dans l'économie du pays. Les plans ambitieux du gouvernement, y compris l'ouverture prochaine du Grand Musée égyptien, visent à attirer 30 millions de touristes par an d'ici 2028. Vous pouvez le voir sur Excursions d'une journée de safaga à Louxor.
Les excursions à terre de Port-Saïd offrent une passerelle vers les merveilles de l'Égypte, permettant aux visiteurs d'explorer les ruines antiques et les merveilles modernes. Que ce soit Excursions à terre à Alexandrie explorez l'ancienne ville d'Alexandrie ou plongez dans la culture vibrante de Charm El-Cheikh, ces excursions offrent un aperçu de la diversité des paysages égyptiens.
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2024.02.26 15:20 joan-calabia 8 styles qui aideront les hommes à rester au frais cet été

Chaque saison, de nouvelles tendances font leur apparition. En été, on veut tous adopter un style décontracté et élégant.
Le soleil est au zénith, le mercure grimpe… La saison demande des vêtements confortables qui ne compromettent pas le style, surtout pour les hommes.
Le marché international de la mode pour homme est en hausse constante depuis des années. Les recettes se sont élevées à 586,9 milliards de $ en 2023 et devraient grimper de 2,95 % chaque année d’ici 2027.
Ces derniers mois, la vente au détail a également été en hausse en France, puisque les clients dépensent sans compter pour de nouveaux vêtements estivaux.
Et vu les beaux jours qui s’annoncent, vous avez encore amplement le temps de parfaire votre style estival ! Et c’est exactement ce que nous allons vous aider à faire dans cet article rempli de conseils sur les styles estivaux pour hommes.

Statistiques sur la mode estivale pour homme

Selon les prévisions, le marché de la mode pour homme devrait croître de 5,89 % dans les 5 prochaines années sur le plan mondial. Cette évolution sera notamment marquée par une hausse des achats en ligne.
Une étude intéressante réalisée par Livetrend a produit des données concrètes sur les couleurs les plus prisées par les hommes pour la saison printemps-été 2023.
Suite à l’analyse des grands défilés de mode, Pantone publié son grand carnet des tendances couleurs pour la collection estivale :
  1. Bleu ciel
  2. Métallique
  3. Tomate mûre
  4. Bleu électrique
  5. Lavande digitale

8 styles qui aideront les hommes à rester au frais cet été

Maintenant que vous avez une idée de ce qui sera à la mode cet été, voyons ce que les hommes peuvent porter selon les tendances élégantes et confortables incontournables de 2023.
  1. Short chino léger: Comment commencer par autre chose que le short chino léger et respirant ? C’est une excellente alternative aux pantalons classiques ou aux jeans lourds pendant les mois d’été. Confectionné en sergé de coton, le short chino offre de la flexibilité en plus de laisser respirer votre peau. Les couleurs pastel et les tons terreux sont infaillibles pour apporter une touche de fraîcheur et d’été à une tenue.
  2. Chemise en lin: Le lin est la matière de l’été par excellence ! En effet, il est connu pour sa respirabilité et sa capacité à éloigner l’humidité. Cette saison, optez pour une chemise en lin à manches courtes pour rester au frais et avoir l’air cool.
  3. Chemises polo respirantes: Envie d’un style élégant tout en restant au frais ? La chemise polo est un excellent choix. Généralement fabriquées dans des matières respirantes comme le piqué de coton, elles sont un excellent compromis entre le t-shirt et la chemise à boutons. Par ailleurs, les chemises polo sont incroyablement polyvalentes. Tout un éventail de couleurs et de motifs s’offre à vous !
  4. T-shirt en coton: Pièce phare de l’été, le t-shirt en coton est le vêtement prisé par la plupart des hommes pendant les mois les plus chauds de l’année. Pourquoi ? Parce que le coton est respirant, léger et absorbe la transpiration. Exactement ce qu’il vous faut lorsque le soleil brille. Optez pour des styles amples dans des couleurs claires qui réfléchissent la chaleur au lieu de l’absorber.
  5. Short de bain: Les shorts de bain sont tout simplement incontournables pour les journées à la plage ou à la piscine. Bonne nouvelle : vous pourrez faire votre choix parmi de nombreux styles, motifs et longueurs. Petit conseil : cherchez des matières qui sèchent rapidement pour plus de confort dans l’eau comme en dehors. Le polyester recyclé est un excellent choix.
  6. Short à élastique: Avec sa taille élastiquée et sa matière légère, ce short offre le confort et la facilité ultimes. Disponible dans un large éventail de couleurs et de motifs, le short à élastique est un choix élégant et sans chichi pour une tenue estivale décontractée.
  7. Baskets claires: Donnez une touche de fraîcheur à votre tenue estivale en enfilant des baskets claires. ous garderez ainsi les pieds au frais, puisque leur couleur claire réfléchit la lumière du soleil. Ce type de basket est suffisamment polyvalent pour accompagner un short, un chino ou un short de bain. Elle passera en plus sans souci de votre tenue de jour décontractée à votre look de soirée.
  8. Casquette de baseball: Enfin, cet accessoire classique apportera la touche finale à votre tenue d’été élégante. Ce type de chapeau est parfait pour protéger votre visage du soleil brûlant de l’été. N’hésitez pas à préférer des couleurs claires et des matières respirantes pour rester au frais.

L’approche durable de la mode

Dans le monde de la mode, la durabilité est sur toutes les lèvres. Environ 80 % des consommateurs sont convaincus que les marques doivent être transparentes sur l’impact environnemental de leur production.
En outre, 65 % d’entre eux affirment vouloir acheter auprès de marques à mission, qui œuvrent pour la durabilité.
Les marques telles que Patagonia, Everlane et Dockers® sont pionnières dans leur approche écoresponsable.
Cette dernière intègre la durabilité dans ses collections, notamment la collection d’été. La marque utilise des matières sourcées de manière responsable et réduit son empreinte écologique en économisant l’eau dans sa production.

Restez élégant et au frais cet été avec nos conseils mode pour homme Pour les hommes,

la mode estivale est une question d’équilibre entre style et confort. Et les tendances que nous vous avons présentées dans notre guide du style estival vous aideront précisément à l’obtenir.
À mesure que le monde de la mode évolue, les futures tendances estivales promettent d’apporter des styles encore plus dynamiques et des pratiques durables, afin que chaque homme puisse être à son avantage tout en faisant sa part pour la planète.
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2024.02.22 01:30 Competition_Lower Mais qu'est ce que je viens de regarder?

Je viens a l'instant de finir The Sadness, un thriller post apo taïwanais. Je préfère prévenir d'ores et déjà qu'âmes sensibles, s'abstenir, ce long métrage n'est pas a mettre sous les yeux de tout le monde. Il contient du contenu très graphique. Vous trouverez les moments spoiler cachés pour vous permettre de visionner le film en toute découverte.
La trame est assez simple en somme, on suit Jim un jeune coréen qui a débuté un nouveau business dans lequel il veut se faire connaitre, une situation qui n'est pas la plus stable. A ses côtés Kat, qui a l'air d'avoir un emploi stable, on en sait pas plus et c'est pas le plus important.
Le film débute sur les 2 personnages se réveillant dans le meme lit, faisant des câlins avant que Kat doive aller au travail, Jim l'y emmène et rien de tres alarmant pour le moment, a part un homme bizarre perché sur un toit et une voiture de flic arrêtant un homme aux côtés d'un corps couvert d'une couverture.
Le film débute bien a mon goût et arrive avec le peu de temps que cela lui prends à instaurer la relation entre les personnages, la zone urbaine de la ville qui est plutôt calme avec quelques perturbations a droite a gauche.
L'on a le droit a un virologue qui explique l'étrange ressemblance du virus Alvin (une sorte de grippe qui a fait une épidémie mondiale) avec celui de la rage.
La base des fondations sont posées, l'on s'attends a ce que ca dérapes. Et évidemment cela dérapes, très rapidement même. Un pauvre cuisinier se retrouve avec la friteuse bouillante versé sur le visage et la peau se faire arracher, tandis qu'un jeune homme qui mangeait la, poignarde a multiples reprises son ami avec qui il déjeunait 2 minutes plutôt.
Les scènes graphiques sont tout le "clou du spectacle" de ce film, toutes les scènes sont du maquillage et des effets visuels tres convaincants. En un mot, trash.
Le film ne s'en cache pas et c'est bien la seule chose qui peut nous pousser a le regarder. Le film a conscience quand c'est trop et il ne montre pas tout évidemment. Mais cela reste subtil. Très rapidement au début du film, l'on voit des tas de cadavres avec autant de saucisses que le boucher voulait bien donner, au milieu de tout cela, un poussette ensanglanté, l'enfant n'est visible nul part.
Mon avis sur la fin
Elle m'a pas déçu, je ne m'attendais pas à plus, étant un film sombre, l'ont pouvait s'attendre a ce retournement de situation, je l'avais vus venir lors de l'appel, comme beaucoup je suppose. L'idée que peu importe qui c'est, le virus arrive a faire succomber toutes les personnes infectées a la folie, reste terrifiante et la façon dont tout se déroule est très dérangeant.
Je le recommande a tous ceux qui ne l'ont pas vus et qui sont avides de contenus graphiques, ici les scènes restent exagéré a mon avis et l'on sait que c'est du faux. Je n'ai pas pour habitude de regarder des films de ce genre, je savais dans quoi je mettais les pieds, une marre de sang.
(Si vous avez des recommandations de films coréens, je suis partant.)
Bon visionnage!
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2024.02.18 20:22 Independent_Ebb973 Quelqu'un connaît-il le titre original français de ce dessin animé?

Quelqu'un connaît-il le titre original français de ce dessin animé?
Bonjour, je suis brésilien et j'ai une question :
Récemment tombé sur cette couverture VHS brésilienne d'un film d'animation intitulé "As Aventuras de Franck e Cia.", qui se traduit approximativement par "Les Aventures de Franck et Cie.".
La couverture indique qu'il s'agit d'un « long métrage produit pour la Journée mondiale de l'enfance avec succès dans plus de 100 pays ». Le problème c'est que je n'ai pas trouvé le nom d'origine.
La description précise : "Chaque année, Franck, Anne et Julia, accompagnés de leurs parents Jacques et Marie et de leur chien Cartoon, partent en vacances à bord de "LE CONQUÉRANT", un voilier de 30 pieds. Cette année cependant, leurs vacances ne Ce ne sera pas exactement pareil. Franck a invité son ami indien Satya à les accompagner dans cette aventure. Grâce au jeune homme, nos amis apprendront à voir les choses sous un autre angle et apprécieront pleinement la vie qu'ils mènent et l'amour de leurs parents. Ils reviendront de ce voyage plus mûrs et sûrs d'eux, et n'oublieront jamais cet été, durant lequel ils furent « Les Conquérants ».
Cette cassette est sortie en 1993, mais le dessin animé lui-même peut être plus ancien. D'après les noms des personnages, je pense qu'il s'agit d'une production française.
Est-ce que quelqu'un sait ce que c'est ?

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2024.02.13 18:56 Gwassideurh J'ai déjà vu Denis Coderre à l'Expo-Science du Complexe Desjardins

Il était assis à un kiosque, l'air stoïque, vêtu d'une chemise carreautée qui rappelait vaguement le motif d'un linge à vaisselle. Derrière lui, au mur, figurait un écriteau au message pour le moins sinistre : "We are not alone !!! - Nous ne sommes pas seules !!! (sic)"
Je lui ai demandé s'il s'intéressait aux OVNIS, ce à quoi il me répondit "oui" avec fermeté et assurance. Il me confia ensuite qu'un soir, alors qu'il observait le ciel, un objet est apparu, flottant dans les airs, puis s'est arrêté. Denis croyait qu'il s'agissait d'un avion, mais lorsque l'objet est soudainement reparti en accélérant dans une autre direction, il a compris qu'il s'agissait d'un "phénomène inconnu".
Sceptique, j'ai demandé à Denis s'il était certain qu'il avait bien vu un OVNI. Il m'a répondu qu'il s'était rendu à son organisation (était-ce le Parti Libéral?) pour remplir un questionnaire, suite à quoi il aurait appris qu'à "l'échelle mondiale", il y avait environ 50% des chances qu'il ait été témoin de l'apparition d'un OVNI. Denis tenait par ailleurs à préciser que contrairement à une personne qui produit un photomontage, le témoignage d'un témoin direct a forcément plus de poids. J'ai bien essayé de le questionner plus longuement sur la nature de son "organisation", mais il est demeuré vague.
Puis Denis a attiré mon attention vers la maquette qui se trouvait à côté de lui. À première vue, c'était un bricolage grotesque - une assiette à tarte avec des lumières clignotantes collée dans le couvercle d'une boîte en carton, surplomblant une masse difforme en papier mâché. Denis m'a expliqué qu'il s'était inspiré du film "Rencontres du troisième type", et qu'il avait recréé une scène du film où un OVNI survole une montagne. J'ai regardé longuement la maquette en essayant autant que possible de m'imaginer la scène du film, mais je n'y suis jamais arrivé.
Finalement, j'ai tourné les talons et je suis parti me chercher du Quiznos dans la foire alimentaire. Après avoir fait le tour trois fois sans trouver le restaurant en question, j'ai demandé à un employé du centre commercial, qui m'a indiqué que ça devait bien faire 15 ans que le Quiznos a fermé. J'ai alors réalisé que ça devait bien faire 16 ans que je n'avais pas mis les pieds au Complexe Desjardins. J'ai fini par me rabattre sur un sandwich au shish-taouk que je qualifierais d'à peu près mangeable, puis je suis ressorti, non sans ressentir le regard menaçant de Denis Coderre me suivre jusqu'à ce que je franchisse la porte.
Note : si vous n'avez pas le référent, ce récit - à l'exception du dernier paragraphe - est directement basé sur ceci.
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2024.02.10 19:24 miarrial FRANCE – Mutilations sexuelles : "Les femmes excisent les petites filles pour les hommes"

FRANCE – Mutilations sexuelles :
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En France, près de 125 000 femmes ont subi une mutilation sexuelle. Si depuis 40 ans, la lutte contre ces violences faites aux petites filles a permis de mettre en place une véritable prise en charge psychologique et chirurgicale, la question reste encore taboue. État des lieux à l’occasion de la journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, le 6 février.
Près de 125 000 femmes ont subi une mutilation sexuelle en France, selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire de 2019
VIDÉO
Exciser : couper tout ou partie du sexe d’une petite fille, son clitoris, ses petites lèvres. Des mots qui font froid dans le dos. "L’excision est une violence faite aux petites filles. C’est l'une des violences sexuelles les plus graves”, lance Ghada Hatem, gynécologue obstétricienne devant une salle comble de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Cette pratique que d’aucuns qualifient de "traditionnelle”, "religieuse” voire "obligatoire”, peine à disparaître y compris en France où elle est pourtant punie par la loi. Diaryatou Bah a été excisée à l’âge de 8 ans, en Guinée Conakry où elle vivait avant d’arriver en France.
Quatre types de mutilations sexuelles féminines
Type 1 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien (petite partie externe et visible du clitoris et partie sensible des organes génitaux féminins) et/ou du prépuce/capuchon clitoridien (repli de peau qui entoure le clitoris).
Type 2 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des petites lèvres (replis internes de la vulve), avec ou sans excision des grandes lèvres (replis cutanés externes de la vulve).
Type 3 : l'infibulation: rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les petites lèvres, ou les grandes lèvres, parfois par suture, avec ou sans ablation du prépuce/capuchon et gland clitoridiens (type 1).
Type 4 : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.
Source OMS
"Ça s’est passé un matin. Une dame est venue et on m’a emmenée dans la nature. Je me suis retrouvée avec des tantes, des voisines et ma grand-mère. Deux m’ont tenu les pieds, deux autres les mains. Elles ont mis des feuilles sur mon visage. Personne ne m’a expliqué ce qui allait m’arriver”. La fondatrice de l’association "Espoirs et combats de femmes”, auteure de "On m'a volé mon enfance”, se souvient de son pagne rouge et de son cri.
"Je n’oublierai jamais le couteau, la sensation que j’ai eue quand la dame a coupé. Le cri que j’ai poussé. J’ai 37 ans et j’ai toujours cette sensation. Je savais que j’allais être excisée un jour car c’est ce qu’on faisait à toutes les petites filles, que c’était le rituel. Toutes les femmes ont subi ça dans ma famille”. S’en suit une "douleur indescriptible, trois semaines sans "pouvoir marcher”. "Il m’a fallu du temps pour comprendre. Jusqu’à l’âge de 20 ans, je pensais que toutes les femmes du monde étaient excisées”.

Un risque de mutilations accru par la pandémie et la guerre en Ukraine

Cette histoire, c’est celle de millions d’autres petites filles à travers le monde. Afrique, Moyen-Orient, Asie... 200 millions de femmes ont été victimes de mutilations sexuelles dans le monde, 125 000 en France selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié en juillet 2019. Des chiffres qui pourraient être revus à la hausse, selon les projections des Nations unies.
La faute au Covid mais aussi à la guerre en Ukraine. Un terrible effet papillon. "En Afrique, certaines exciseuses ont repris les couteaux parce que les familles n’ayant pas à manger, les écoles étant fermées, la solution était de marier leurs filles, explique Isabelle Gillette-Faye, sociologue et directrice de la fédération nationale GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles, des Mariages Forcés et autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes et des enfants). Au niveau mondial, on est passé d’un risque de deux millions d’enfants victimes de mutilations génitales par an, à trois ou quatre millions d’ici à 2030”.
Malgré ce mauvais augure, et même s’il convient de rester "attentif”, Isabelle Gillette-Faye préfère miser sur les acquis de 40 ans de prévention et d’éducation. En France, les premiers cas de mutilations sexuelles féminines apparaissent à la fin des années 1970. Des hommes d’Afrique Subsaharienne, venus travailler en France, font alors venir leurs épouses en France. Les pédiatres de la Protection Maternelle et Infantile (PMI) découvrent les premières fillettes mutilées en consultation. En 1982, un nourrisson de trois mois meurt dans un hôpital parisien, des suites d’une excision. Onde de choc. Les médecins de la fillette se portent partie civile.
Bien que l’excision ne soit pas spécifiquement évoquée, les mutilations génitales sont considérées comme un crime puni de 10 ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende, selon l’article 222-9 du Code pénal. Qu'elles aient eu lieu dans l’hexagone ou à l’occasion de vacances au pays dès lors que les victimes, quelle que soit leur nationalité, vivent sur le sol français.
"Les familles ont du mal à comprendre que la loi s’applique en France même si elles font exciser leurs enfants en dehors du territoire national quelle que soit leur nationalité”, précise la directrice du GAMS.
Depuis les années 1980, près d’une trentaine de procès d’exciseuses ou de parents d’enfants mutilés sexuellement ont eu lieu en France. En avril 2022, une mère de famille de 39 ans, a été condamnée à cinq ans de prison avec sursis pour avoir fait exciser ses trois filles aînées, dont une handicapée mentale, entre 2007 et 2013, lors de séjours chez leur grand-mère à Djibouti, son pays d'origine où les mutilations génitales sexuelles (MGS) sont pourtant interdites depuis 1995. "On ne parlait alors que de l’Afrique de l’Ouest. On a découvert qu’on pouvait venir de l’Afrique de l’Est, être jugé et condamné, devoir des dommages et intérêts à ses enfants pour avoir pratiqué la mutilation sexuelle féminine même si c’était en dehors du territoire national”, raconte la directrice du GAMS qui avait assisté au procès.
La vidéo de prévention d'Excision, parlons-en !
VIDÉO

Le tabou familial et communautaire

Si la peur du gendarme semble aujourd’hui intégrée, comment expliquer la persistance de ce schéma communautaire ? Pour ces familles déracinées, perpétuer cette tradition permet de s’accrocher à son identité. "Beaucoup utilisent l’argument religieux, ça serait écrit dans le Coran, explique Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes à Saint-Denis, en précisant qu’il n’existe dans aucune des trois religions du livre. Il y a aussi le fantasme qu'une femme "propre” est coupée, que ça les rend plus fertiles, que l’enfant a plus de chance de naître vivant...”.
Quant au tabou, il est presque absolu au sein de la famille, de la communauté d’origine. "Dans la communauté, comme toujours dans les violences, c’est le silence qui prévaut. Et le silence, c’est la garantie qu’on va pouvoir maintenir la pratique”, regrette la gynécologue obstétricienne. "On excise les filles sans nous expliquer pourquoi on nous fait ça, confirme Diaryatou Bah. Là-bas ce qui n’est pas normal, c’est une fille qui n’est pas excisée. On la traite d’impure mais surtout elle ne pourra pas se marier. Pour qu’elle reste vierge jusqu’au mariage, il faut qu’elle soit excisée”.
Parfois ces femmes ignorent même qu’elles ont été excisées. "Je vois des femmes excisées quotidiennement ou au moins hebdomadairement. Une partie d’entre elles ne savent pas qu’elles l’ont été, confie Agathe André, sage-femme à l’hôpital de Nanterre, venue s’informer sur les violences sexuelles et sexistes à l’hôpital de Delafontaine. Il n’y a pas de façon idéale de le dire mais il est important qu’on les informe surtout quand elles accouchent d’une petite fille. Elles repartiront potentiellement au pays, ne serait-ce qu’en vacances. Il faut qu’elles aient l’information qu’en France, c’est interdit”.
"Beaucoup de femmes ne savent pas si elles sont excisées car elles l'ont été au berceau, confirme Isabelle Gillette-Faye. Bien souvent, elles le découvrent chez leur gynécologue, parfois lors de leur accouchement. "J’ai des patientes qui étaient très en colère, souligne la Dr Hatem. Elles avaient accouché parfois quatre fois en France et personne ne leur avait jamais rien dit”.
Volonté de faire l’autruche ? Certainement. Par peur, le plus souvent. Car à l’instar des autres violences faites aux femmes, les mots doivent être pesés pour ne pas accentuer ou réveiller un traumatisme parfois bien enfoui. "Si vous abordez le sujet d’une manière inadaptée, humiliante, critique, vous allez faire beaucoup de mal à la jeune femme en face de vous, prévient la Dr Hatem qui forme les praticiens aux bonnes pratiques.
"À partir du moment où vous utilisez le mot 'normal' pour décrire une vulve, vous faites des dégâts, renchérit la directrice du GAMS en évoquant son expérience mais aussi les sexes refaits dans les films pornographiques. C’est une agression pour ces femmes mutilées qui ont déjà tendance à s’autoflageller parce qu’elles se disent qu’elles ne sont pas normales”.
Pour la fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis, une victime attend avant tout que "vous lui expliquiez ce que c’est, ce qu’on lui a fait, les conséquences, si elle peut vivre normalement et ce que vous avez à lui proposer”.

Réparer les vivantes

Outre la volonté de reconquérir leurs corps, les victimes souffrent parfois silencieusement pendant de nombreuses années. Outre les douleurs, des problématiques sexuelles peuvent se multiplier : absence de désir, de plaisir, honte... le traumatisme est profond. Excision, mariage forcé, viol, maltraitance... "Le destin moyen d’une petite fille d’Afrique Sub-saharienne, c’est souvent un continuum de violences”, lance Ghada Hatem.
Pour les aider à se reconstruire, une réparation des mutilations sexuelle est possible. En 1984, Pierre Foldès a mis au point l’unique méthode chirurgicale permettant de réparer le clitoris. "Tout est absolument réparable, souligne le chirurgien urologue. La technique est suffisamment fiable et il y a un taux d’échec extrêmement faible”.
Car tout n’est pas coupé par les exciseuses. "Il y a un bloc cicatriciel qui masque ce qui reste du gland clitoridien. La technique consiste à aller chercher toutes ces parties mortes, les enlever délicatement, détaille le chirurgien, cofondateur de Médecins sans frontière, formé à la médecine de guerre en Afrique. Dans ce processus, le moignon clitoridien a été attiré par la cicatrisation vers le haut et l’os du pubis. Lorsqu’on enlève ces adhérences anormales, le clitoris va descendre et se repositionner normalement”.
En 35 ans, plus de 6 000 femmes sont passées sous le bistouri expert du chirurgien dont la salle d’attente ne désemplit pas. Les victimes viennent parfois de très loin. Et sont prêtes à patienter pour être prises en charge par le Dr Foldès.

L'excision, aussi une affaire d'hommes

Mais attention, la chirurgie est loin d’être une fin en soi. "Le but n’est pas de remettre le clitoris mais de restaurer une sexualité normale, prévient celui qui a créé avec Frédérique Martz Women safe & Children, le premier centre de prise en charge des femmes victimes de violences, à St-Germain-en-Laye. Il faut prendre l’ensemble des traumatismes, les traiter en même temps et les accompagner. Si on les opère, il y a un accompagnement qui dure jusqu’à deux ans. On va traiter le traumatisme de la patiente, lui réapprendre à vivre avec un organe normal et essayer de reconstituer sa sexualité. À partir du moment où on prend le temps, ça se répare beaucoup mieux”.
Réparer le sexe mutilé d’une femme sans réparer son esprit conduit fatalement à l’échec. "Certaines sont déçues parce qu’elles ne voient pas d’amélioration. Souvent, c’est parce que le parcours n’est pas optimal, insiste la praticienne de cette chirurgie réparatrice. "Nous avons récupéré dans nos unités des femmes qui décompensaient après l’opération, regrette Isabelle Gillette-Faye. Parfois, elles sautent les étapes et vont directement voir un chirurgien pour se faire opérer. Il y a un véritable marché de la chirurgie esthétique. Au GAMS, nous faisons le choix de promouvoir les unités globales de soin”.
Pour éradiquer ces violences faites aux femmes, les regards se tournent désormais vers les hommes. En Belgique, des campagnes de sensibilisation intitulées "Men speak out” ont été lancées par le GAMS.
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2024.01.31 11:03 Pige0n23 Recent spots from California - Mostly 2023 and 2024 updates

Aston Martin DB9 Volante [Malibu, 2015]
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Aston Martin V8 Vantage 2005 [Santa Monica, 2023]
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Audi R8 V10 Spyder Type 4S 2019 [Los Angeles, 2023]
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Bentley Bentayga I [Santa Monica, 2023]
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Bentley Bentayga I [Blackhawk, 2022]
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Bentley Bentayga II [Los Angeles, 2023]
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Bentley Bentayga II [Torrance, 2022]
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Bentley Continental GT II [Malibu, 2023]
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BMW M3 E90 [Los Angeles, 2023]
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BMW M3 E92 Coupe [Santa Monica, 2023]
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BMW M3 E92 Coupe + Bentley Flying Spur II [Santa Monica, 2023]
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BMW M3 G80 Competition [Santa Monica, 2023]
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BMW M4 G82 Coupe Competition [Malibu, 2023]
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BMW M4 G82 Coupe Competition [Los Angeles, 2023]
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BMW M4 G83 Cabriolet Competition [Los Angeles, 2023]
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BMW M4 G83 Cabriolet Competition [Los Angeles, 2023]
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BMW M5 F90 Competition [Malibu, 2023]
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BMW M5 F90 Competition [Rancho Palos Verdes, 2023]
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Ferrari Mondial QV [Dana Point, 2024]
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Ferrari Roma [Los Angeles, 2023]
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GMC Typhoon [Palos Verdes Estates, 2022]
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Jaguar E-Type Roadster Series I [Malibu, 2023]
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Jaguar F-Pace SVR [Santa Monica, 2023]
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Lamborghini Urus [Los Angeles, 2023]
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Lamborghini Urus [Malibu, 2023]
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Lexus LC 500 Convertible + Mercedes-AMG GLS 63 X167 [Huntington Beach, 2024]
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Lexus RC F [San Ramon, 2022]
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Lexus RC F [Malibu, 2023]
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Maserati GranCabrio MC [Danville, 2022]
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Maserati GranCabrio S 2013 [Malibu, 2023]
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Maserati GranSport [Torrance, 2022]
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Mercedes-AMG C 63 S Cabriolet A205 [Malibu, 2023]
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Mercedes-AMG C 63 S W205 [Santa Monica, 2023]
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Mercedes-AMG E 63 S W213 Edition 1 + Mercedes-AMG C 63 S Cabriolet A205 + Mercedes-Benz E 63 AMG Estate W212 2013 + Mercedes-AMG GLS 63 X166 [Malibu, 2023]
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Mercedes-AMG GT C Roadster R190 + Audi TT RS 8S + BMW M5 E60 [Santa Monica, 2022]
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Mercedes-AMG GT C190 [Malibu, 2023]
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Mercedes-AMG GT Roadster R190 [Malibu, 2023]
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Mercedes-AMG GT S C190 [Blackhawk, 2022]
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Mercedes-AMG S 63 Cabriolet A217 [Malibu, 2023]
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Mercedes-AMG SL 63 R232 [Los Angeles, 2023]
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Mercedes-Benz CLS 63 AMG C218 2015 [Santa Monica, 2023]
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Mercedes-Benz SL 55 AMG R230 [Palos Verdes Estates, 2023]
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Mercedes-Benz SL 55 AMG R230 [Rancho Palos Verdes, 2007]
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Mercedes-Maybach S 680 X223 [Santa Monica, 2023]
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Mitsubishi Lancer Evolution IX [Sacramento, 2014]
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2x Nash Metropolitan + Porsche 944 + Chevrolet Corvette C4 [Niland, 2021]
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Porsche 356 A Coupe [Huntington Beach, 2024]
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Porsche 356 C Coupe [Rancho Palos Verdes, 2023]
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Porsche 911 991.1 Turbo [Los Angeles, 2023]
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Porsche 911 991.2 Turbo [Palos Verdes Estates, 2022]
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Porsche 911 992.1 Turbo S + Audi RS 7 Sportback C7 [Santa Monica, 2023]
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Porsche 911 992.1 Turbo S [Los Angeles, 2023]
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Porsche 911 993 Turbo [Malibu, 2023]
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Porsche 911 996.2 Turbo Cabriolet TechArt [Rancho Palos Verdes, 2018]
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Porsche 911 G-Series Carrera [Santa Monica, 2023]
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Rolls-Royce Corniche II [Santa Monica, 2023]
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Rolls-Royce Cullinan [Malibu, 2023]
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Rolls-Royce Cullinan [Malibu, 2023]
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Rolls-Royce Dawn [Los Angeles, 2023]
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Rolls-Royce Phantom VII Series I [Malibu, 2023]
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Rolls-Royce Silver Spirit [Malibu, 2023]
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2024.01.30 01:50 kebekoy Histoire du monde où comment l'occident à réglé la plupart des problèmes de l'humanité.

Avant 1800 et depuis la nuit des temps l'humanité vivait sous une constante de misère, d'analphabétisme, de guerre, de famine, d'épidémie...
La vie était en moyenne horrible et courte.
Les gens vivaient en campagne sur des fermes, mourraient jeunes, avaient beaucoup d'enfants pour s'occuper de la ferme.
Les femmes mettaient leur vie en danger avec chacune grossesse et le taux de mortalité maternelle et infantile était toujours très élevé.
Une infime minorité vivait comme des nobles, marchands, membre du clergé ou d'une académie.
Ces gens vivait peut-être un peu mieux mais loin des standards de nos pauvres du Québec en 2024.
Avec l'industrialisation chaque pays à renverser ces tendances l'un après l'autre et de plus en plus vite.
L'Angleterre pendant tout le 19em siècle, l'Allemagne de 1850 à 1900, les USA au début du XXem siècle jusqu'à la Chine dans les années 1980 et l'Inde en ce moment.
Chaque nation a traversé les mêmes étapes. Baisse drastique de la mortalité natalitaire, urbanisation rapide, alphabétisation, baisse drastique du taux de natalité, augmentation de la durée de vie et de l'abondance matérielle. Accès à des calories et des soins de santé.
Depuis 1800 la population mondiale a donc explosé, passant de 1milliard à 8 milliard principalement car les gens ont arrêté de mourir. La forte natalité arrête immédiatement dans tout les pays qui s'industrialisent. L'explosion de population est principalement causée par le fait que les gens arrêtent de mourir tout en faisant des bébé, ce court laps de temps entre les deux a fait passer la plupart des pays à des records historiques qui ne sont aucunement durable dans un contexte normal.
Le Québec a traversé son industrialisation vers les années 1960. Notre natalité s'est effondrée après les boomers et la province a été électrifié et éduquée.
L'époque de la pauvreté crasse dans les ghettos canadiens français était révolu.
Ce même phénomène se produit presque partout et en ce moment la majorité de la planète est à son paroxysme de population tout en étant à des niveaux critiques de natalité.
On cite souvent le Québec mais d'autres pays sont dans des situations pire. Plusieurs nations ont déjà ou vont dépasser le point de non retour et sont déjà condamné à la disparition.
L'Allemagne, l'Ukraine, la Russie, L'Italie, la France, la Corée, la Chine. Tous font face à un scénario final où catastrophique.
Plusieurs pays avec des énormes populations comme l'Égypte, Éthiopie, EAU, Arabie Saoudite, Pakistan, Inde, ont des déficits alimentaires important. Ils importent une partie importante de leur nourriture.
Sans cette nourriture livrée de façon régulière ils font face à des famines bibliques.
La population du monde a plafonnée vers les 8 milliards mais elle va descendre d'ici 2100 et continuer de descendre.
On pourrait perdre facilement la moitié de la population du monde sur quelques décennies.
Ça va être vraiment laid.
Le Québec est mieux placé que 99% des gens sur terre pour passer à travers ça sans trop de remous.
Ce qu'on doit comprendre c'est que l'avenir démographique du Québec est en danger à moins qu'on veuille que la province soit un Toronto géant de 10 millions d'habitant.
Il va falloir se questionner sérieusement sur notre identité et accepter de mettre un pieds à terre sur le Québec qu'on veut.
Ensuite prévoyez des hordes de réfugiés de l'ordre de centaines de millions à travers le monde a tout moment.
Il faut sécuriser nos frontières de façon sérieuse et réaliser qu'on ne peut sauver qu'une partie infime de ces gens sans nous mettre nous-mêmes à risque.
Le Québec a tout les outils pour survivre à ça mais nous allons passer par les même phases.
La prochaine grande vague va être la mort des boomers.
Ils forment la plus importante cohorte francophone et sont le socle de la société québécoise en ce moment.
Après eux la société devient tout d'un coup beaucoup plus multiethnique et anglophone.
Il faut que l'après boomers se réveille ou que les boomers utilisent tout leur poids politique du moment pour réaliser l'indépendance.
Sans eux les X, milléniaux et Zoomer n'ont pas le nombre nécessaire pour y arriver.
La situation pourrait être pire, on peut sauver le Québec. Le monde va changer mais le Québec lui est toujours dans son coin à se mêler de ses affaires.
Continuons.
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2024.01.14 21:05 miarrial Itinéraires Gloires précoces

Itinéraires Gloires précoces
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« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années ». Le Cid serait-il de retour dans nos sociétés grisonnantes ?
Voici qu’arrivent à la tête des gouvernements occidentaux des jeunes gens à peine trentenaires comme Sebastian Kurz, chancelier d'Autriche à 31 ans (2017), Daniel Noboa, président de l'Équateur à 35 ans (2023) ou Gabriel Attal, Premier ministre de la République française à 34 ans (2024).
Gardons-nous d’y voir une révolution. Plutôt un retour à la normale ! L’Histoire regorge en effet de talents en herbe et de chefs précoces, à commencer par le plus mythique d’entre tous, Alexandre le Grand. Après tout, le « Conquérant du monde » était déjà mort à l’âge où Gabriel Attal est devenu Premier ministre...
La famille de Darius III aux pieds d'Alexandre le grand, Francesco Trevisani, vers 1737, Paris, musée du Louvre

Les premiers héros de l’Histoire sont des jeunots

Alexandre a de qui tenir. Son père Philippe II de Macédoine est lui-même un roi de grande envergure et il n’y a guère que devant sa femme Olympias qu’il plie le genou.
Né le 21 juillet 356 av. J.-C., Alexandre révèle son potentiel à 18 ans en remportant sur les Grecs la bataille de Chéronée en 338 av. J.-C.
Alexandre le Grand (détail), inspiré du modèle sculpté par Euphranor après la bataille de Chéronée, Munich, Glyptothek – La statue de trois quarts
https://preview.redd.it/g9ewtxmwigcc1.png?width=238&format=png&auto=webp&s=ac29d2f9325ccd43ff83b355a6cec175ecf06030
À cette occasion, son père, admiratif et jaloux, lui lance : « Mon fils, cherche-toi un autre royaume car celui que je te laisse est trop petit pour toi ! » De fait, sitôt sur le trône de Macédoine, Alexandre va soumettre les Grecs et partir avec eux à l’assaut de l’immense empire perse, qui domine pratiquement tout le Moyen-Orient.
Il réalise son objectif en trois ans à peine et, désireux d’aller jusqu’au bout du monde, franchit l’Indus et affronte des princes indiens. C’en est trop pour ses hommes qui aspirent au repos. Contraint et forcé, il prend le chemin du retour. Il a 30 ans à peine. Il va faire de Babylone la capitale de son empire gréco-perse ou hellénistique. Dans cette ville, le 13 juin 323, il meurt de ses propres excès ; il est alors âgé de 33 ans.
Ce destin d’exception, à l’origine de grands bouleversements géopolitiques, va nourrir l’imaginaire occidental jusqu’à nos jours. Trois siècles après sa mort, un certain Jules César, questeur en Espagne, sanglote devant la statue du héros parce qu’au même âge, à 32 ans, il se dit qu’il n’a lui-même encore rien accompli !
Shi Huangdi, Yan Li-pen, VIIe siècle, musée des beaux-arts de Boston
Alexandre n’est pas le seul qui peut faire pâlir de jalousie le futur dictateur. Le Premier Empereur chinois Shi Huangdi (259 – 210 av. J.-C.), monté sur le trône du royaume Qin à treize ans, entreprend dès l’âge de vingt ans la conquête des royaumes rivaux de la Chine du nord.
En 221 av. J.-C., il se proclame empereur et fonde la Chine unifiée telle qu’on la connaît encore aujourd’hui. Même s’il est moins connu en Occident qu’Alexandre, qui aurait sans doute aimé réaliser une entreprise aussi durable mais n’en a pas eu le temps, l’historien René Grousset écrit pourtant que son œuvre « égale en importance et dépasse singulièrement en durée celles d'Alexandre et de César ».
À la suite de ces grands personnages, les jeunes semblent disparaître du paysage politique.
Sous la République romaine, le cursus honorum retarde l’accession aux hautes fonctions politiques. Celles de questeur, édile et prêteur ont chacune des âges minimums requis. Celui pour exercer la fonction de consul grimpe à quarante-trois ans. Sous l’Empire, la moyenne d’âge des politiciens ne rajeunit pas car le Sénat ne hisse à la tête de l'État que des généraux blanchis sous le harnais.
Il faut attendre la fin du Moyen Âge pour assister à l’incroyable parcours d’une jeune paysanne illettrée de dix-sept ans. Mue par une foi puissante, Jeanne d’Arc (1412-1431) dit avoir reçu de Dieu la mission de libérer la France. Malgré son jeune âge, celle qu’on surnomme la « pucelle d’Orléans » parvient en seulement quelques années à redonner confiance au roi et à son peuple et à prendre les armes pour défendre son pays. Elle est brûlée vive à Rouen en 1431, avant même d’atteindre vingt ans. Elle deviendra après sa mort une héroïne nationale et même planétaire. Jules Michelet écrit à son sujet au XIXème siècle : « Quelle légende plus belle que cette incontestable histoire ? ».
Frédéric II le Grand comparé à Persée, allégorie du déclenchement de la guerre de Sept Ans, Bernhard Rode, Berlin, Gemäldegalerie

Aux Temps modernes : le pouvoir aux jeunes !

On assiste à un retour de la jeunesse en politique aux Temps modernes, après la Renaissance. Certes, c’est pour respecter les lois de transmission de la couronne et non pour leur talent précoce que des enfants montent sur le trône en Europe. Mais cela n’empêche pas Louis XIV, de briller très tôt. À la mort de son principal ministre, le cardinal Mazarin, en 1661, il prend seul les rênes du pouvoir. Âgé de vingt-trois ans, il débute ainsi le plus long règne personnel de l’Histoire universelle.
William Pitt le Jeune, John Hoppner, vers 1806
Du côté de l’Europe centrale, Frédéric II de la dynastie des Hohenzollern (1712-1786) devient roi de Prusse en 1740 à l’âge de vingt-huit ans. Aussi talentueux qu’ambitieux, il remporte de nombreuses victoires qui lui permettent d’agrandir son royaume en annexant des régions comme la Silésie et la Posnanie. Il fait de la Prusse la plus grande puissance d’Europe centrale et défait les Français et les Autrichiens lors de la Guerre de Sept ans (1756-1763).
Autre pays victorieux de ce conflit considéré a posteriori comme la première guerre mondiale, l’Angleterre l’a emporté grâce à l’énergie du Premier ministre William Pitt l’Aîné. Aussi le roi George III ne rechigne-t-il pas à appeler vingt ans plus tard son fils William Pitt le Jeune à la tête de son gouvernement.
Ce dernier, à peine âgé de vingt-quatre ans, parvient à redresser la situation financière et économique du pays et signe un traité de libre-échange avec la France en 1786. Mais il ne s’arrête pas là. Farouchement opposé à la Révolution française, il parvient à rendre son pays imperméable aux idées révolutionnaires et finance les coalitions engagées contre la France. En 1805, sous son second mandat, l’Angleterre confirme sa suprématie sur les mers à Trafalgar. Quand Pitt meurt quelques mois plus tard d'épuisement, il a déjà virtuellement vaincu Napoléon.
Louis-Antoine de Saint-Just, fin XVIIIe, (attribué à Jacques-Louis David ou Adèle Romany), musée franco-américain du château de Blérancourt
En France, les révolutionnaires à qui Pitt s’oppose sont eux-mêmes très jeunes. Saint-Just (1767-1794), rejoint le clan des Montagnards à vingt-six ans et monte à la tribune de la Convention pour faire passer des lois de terreur. L’année suivante, il impose son autorité au sein de l’armée et, grâce à lui, les Français l’emportent sur les Autrichiens à Fleurus le 26 juin 1794. Mais l’ « Ange de la Terreur » est guillotiné un mois plus tard... Sa vie publique aura à peine duré deux ans.
Napoléon Bonaparte, que le chef du gouvernement anglais était bien content de défaire à Trafalgar, n’est pas si vieux non plus. Et c’est en moins de quinze ans que ce général d’à peine trente ans va bouleverser la France et le monde comme personne avant lui… depuis Alexandre le Grand.
L’ambition et la détermination du jeune homme, liées à son âge et à son art de la propagande, ont contribué à écrire sa légende. Mais après Napoléon et pour les deux siècles à venir, les jeunes se font rares au pouvoir...
Mutsuhito (1852-1912) fait exception au Japon en devenant empereur à quatorze ans. De son âge découlent sa fougue, sa modernité et son envie de réformes. Son objectif est d’ouvrir le Japon sur le monde. Pari réussi, il parvient à hisser son pays au rang de seule puissance asiatique parmi les plus grandes puissances de la planète.
Prince Eugène de Savoie à la bataille de Belgrade (1717), anonyme, vers 1720, Vienne, musée d'histoire militaire
Les chefs de guerre aussi sont jeunes
Le duc d’Enghien (1621-1686), que l’Histoire retiendra comme le Grand Condé, participe au retour de la France sur la scène internationale grâce à sa victoire de Rocroi sur les Espagnols. Il a alors vingt-deux ans Plus jeune encore, le prince Eugène de Savoie (1663-1736) se met au service des Habsbourg dès ses dix-neuf ans. Le 12 septembre 1683, il participe à la défaite des Ottomans devant Vienne. En chassant les Turcs de la plus grande partie de l'Europe orientale, il deviendra l’un des plus grands généraux de son temps. Les généraux français qui s’illustrent dans les guerres révolutionnaires sont aussi pour la plupart issus de la jeune génération. Sortis du rang à la faveur des premières batailles de la Révolution et très vite promus pour remplacer les officiers aristocrates qui ont préféré émigrer, Marceau, Lazare Hoche ou encore Desaix acquièrent tout comme Bonaparte leurs épaulettes de général aux alentours de vingt-cinq ans.

Schémas inversés : d’un pouvoir grisonnant dans un monde jeune à un pouvoir précoce dans un monde vieillissant

Le XXème siècle, dans le prolongement du siècle précédent, est encore l’apanage de la vieille génération. Les hommes politiques et chefs d’armées des deux guerres mondiales sont mûrs ou grisonnants. En 1914, ce sont des généraux à la retraite ou quasiment à la retraite qui sont appelés à la tête des armées : Foch (62 ans), Joffre (61 ans), Pétain (57 ans). Idem en 1940 : Gamelin (67 ans), Weygand (72 ans) ! Roosevelt (57 ans), Hitler (50 ans) et Churchill (65 ans) ne sont pas non plus de première jeunesse. Difficile en ce siècle de croiser des leaders sous la barre des quarante ans. Ce qui peut sembler paradoxal au vu de la population mondiale, plus jeune que jamais.
La Sorbonne occupée en mai 68, archives Labor, DR – Photographie des manifestations de la jeunesse à Paris en mai 68, Marc Riboud, Fondation Jean-Jaurès, DR
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De la fin des guerres révolutionnaires à la fin du XXe siècle ont été ainsi évincés du pouvoir les jeunes mais aussi les femmes. On ne voit plus l'équivalent de Marie-Thérèse d'Autriche ou de Catherine II de Russie. Les pionnières, les militantes et les femmes qui s’engagent dans diverses causes sont de plus en plus nombreuses mais il faut attendre 1966 pour voir Indira Gandhi élue Premier ministre de l’Inde et 1979 pour assister à l’élection de Margaret Thatcher au Royaume-Uni.
Les jeunes hommes, cependant, ont été envoyés au front pour des guerres déclenchées par leurs aînés et sans que personne prenne leur avis. En 1940, en France, beaucoup prennent le maquis pour échapper au STO. Bringuebalés par une histoire qui se décide sans eux, ils vont entrer après la guerre dans la contestation de l’ordre établi.
Pour l’historien Mathias Bernard, « au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la situation évolue. Les étudiants s’engagent plus activement, d’abord dans un syndicalisme revendicatif, ensuite dans certains combats de la Cité (la guerre d’Algérie) ». Les années 1960 marquent un tournant dans l’histoire de la jeunesse qui développe sa contre-culture.
Affiche de mai 1968, archives Labor, DR
En mai 1967, dans un article du Monde diplomatique, François Honti écrit « Il ne se passe guère de jour sans nous apporter de nouvelles attestant le rôle capital de la jeunesse dans la politique. (…) Il nous semble que la jeunesse actuelle est, davantage encore que les précédentes, tournée vers l’avenir, qu’elle s’intéresse moins au passé, que les faits de l’histoire et les traditions pèsent moins à ses yeux que les perspectives futures. »
Arrivent le printemps 68 et ses événements qui témoignent d’une contestation universelle de la jeunesse, en France mais aussi sur les campus américains, à Prague ou encore en Pologne. À l’unisson, les jeunes expriment leurs revendications mais ne convoitent pas le pouvoir. Leur accession aux commandes est la nouveauté de ce XXIème siècle débutant... ou un retour historique après deux siècles d’absence.
En 2017, en France, Emmanuel Macron devient le plus jeune président de la République à trente-neuf ans. En ce qui concerne la Vème République, il bat Valéry Giscard d’Estaing, qui détenait le titre en étant élu à l’âge de quarante-huit ans en 1974. Mais dans l’histoire générale de la France, il passe aussi devant Louis-Napoléon Bonaparte, élu en 1848 à l’âge de quarante ans.
Après Matteo Renzi et Alexis Tsipras, aux côtés du chancelier autrichien Sebastian Kurz, du Premier ministre irlandais Leo Varadkar, de Juan Guaido, autoproclamé président de la République au Venezuela, il témoigne de ce que la politique du XXIème siècle est aux mains des jeunes. Alors même que le vieillissement de la population est aujourd’hui un phénomène planétaire (à l’exception notable de l’Afrique subsaharienne). Ironique, n’est-ce pas, lorsque l’on compare cela au siècle précédent ?
« Je crois que le gros problème d’Emmanuel Macron, in fine, c’est qu’il est trop jeune pour la fonction. » déclarait l’écrivain Yann Moix (50 ans) le 28 janvier 2018 sur le plateau de BFMTV. L’Histoire universelle nous a prouvé que la valeur n'a pas d'âge. Reste à voir si les jeunes gouvernants d’aujourd’hui sauront briller autant que leurs prédécesseurs…

Des génies précoces dans tous les domaines
Musicien, peintre, créateur, inventeur, quel que soit le domaine, le génie n’a pas d’âge. Comment ne pas mentionner l’incroyable précocité de Mozart (1756-1791) ? Sa virtuosité se démontre dès son plus jeune âge : que ce soit l’oreille absolue à trois ans, l’apprentissage du clavecin à cinq ans ou ses premières œuvres composées à six ans. Dans un autre genre, Louis Braille (1809-1852), qui perd la vue à trois ans des suites d’un accident, intègre en 1819 l’Institution royale des jeunes aveugles à Paris et parvient à mettre au point un alphabet pour les aveugles et mal-voyants à l’âge de dix-huit ans. Arthur Rimbaud (1854-1891), à qui l’ont doit des sublimes poèmes comme le Bateau ivre ou le Dormeur du val, trouve très tôt les bons mots pour s’exprimer et la manière de les associer. Il écrit ses premiers poèmes dès quinze ans. Toujours dans la création et l’innovation, mais côté haute couture cette fois, on peut évoquer Yves Saint-Laurent (1936-2008). En 1957, Christian Dior meurt subitement alors que Saint-Laurent faisait ses débuts chez lui. Le jeune homme de vingt-et-un ans le remplace à la tête de sa maison et connaît tout de suite un succès retentissant avec sa collection « Trapèze ». À la même époque, le peintre Bernard Buffet (1928-1999) connaît aussi une gloire précoce. C’est à dix ans qu’il débute ses tableaux et à quinze qu’il intègre les Beaux-Arts...
Portrait de Wolfgang Amadeus Mozart jouant à Paris avec son père Jean-Georg-Léopold et sa sœur Maria-AnnaLouis (Carrogis Carmontelle, 1763, Chantilly, musée Condé)

Consolation

À tous ceux qui, comme César, se désolent de n’avoir encore rien accompli à 35 ans : gardez en tête ces mots de Rabelais : « tout vient à point à qui peut attendre » ! La Fontaine est du même avis, d’après cette morale du Lion et du Rat : « Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage »
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2024.01.13 20:17 miarrial Pourquoi le climatoscepticisme séduit-il encore ?

Pourquoi le climatoscepticisme séduit-il encore ?
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C’est un paradoxe de notre époque : alors que les effets du changement climatique sont de plus en plus couverts par les médias et n’ont jamais été aussi saillants pour les populations, le climatoscepticisme reprend lui des forces au gré de l’actualité climatique. D’après un sondage mené par Ipsos et le Cevipof en 2023, ce sont 43 % de Français qui refusent de « croire » au réchauffement du climat.
LES OURS POLAIRES SE PORTENT BIEN ! !!!
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Plusieurs fois annoncé comme dépassé ou cantonné à des sphères complotistes, le climatoscepticisme n’en finit pas de se régénérer. Si les origines de ce courant remontent aux États-Unis, il prospère chez nous aujourd’hui via des incarnations bien françaises, comme l’a montré le récent documentaire La Fabrique du mensonge sur le sujet. Tâchons-donc de revenir un peu en arrière pour comprendre le succès actuel de ces discours niant le dérèglement climatique.
Extrait du plateau télévisé suivant la diffusion du documentaire La Fabrique du Mensonge : au cœur du déni climatique
VIDÉO

L’éternel retour du climatoscepticisme

Dans les années 1980, aux États-Unis, l’émergence et la propagation d’une « contre-science » du climat ont résulté de la mobilisation de think tanks liés au parti républicain et au lobbying de grandes entreprises, principalement dans le secteur de la production pétrolière, en s’inspirant par ailleurs des pratiques de l’industrie du tabac.
Le terme de « climatoscepticisme » est, à cet égard, lui-même aussi trompeur que révélateur : en liant « climat » et « scepticisme », le terme donne l’impression d’une posture philosophique vertueuse (notamment la remise en question critique et informée), et induit en erreur. Car il s’agit ici bien moins de scepticisme que de déni, voire de cécité absolue vis-à-vis de faits scientifiques et de leurs conséquences, comme le rappelle le philosophe Gilles Barroux.
Mais qu’importe : au moment de l'accord de Paris et du consensus de plus en plus large sur le climat, le climatoscepticisme semblait réduit à portion congrue : en France, en 2019, la Convention citoyenne pour le climat montrait que le sujet pouvait être pris au sérieux tout en donnant lieu à des expérimentations démocratiques. Puis en août 2021, la loi « Climat et résilience » semblait ancrer un acte politique symbolique important, bien qu’insuffisant.
Pourtant, malgré ces évolutions politiques, le climatoscepticisme prospère aujourd’hui en s’éloignant de son incarnation et champ originel, puisqu’il constitue désormais une forme de discours, avec ses codes, ses représentations et ses récits. C’est précisément en cela qu’il est si dangereux : du point de vue linguistique, narratif et sémantique, il utilise des ressorts hélas efficaces, qui ont pour objectif d’instiller le doute (a minima) ou l’inaction (a maxima).
Plus clairement, les sphères climatosceptiques vont par exemple utiliser des termes aux charges sémantiques équivoques (climatorassurisme, climatoréalisme…), remettre en question la véracité des travaux du GIEC, mettre en exergue les variations du climat à l’échelle du temps géologique (la Terre ayant toujours connu des périodes plus ou moins chaudes ou froides), ou bien encore expliquer que toute action mise en œuvre pour lutter contre le changement climatique relèverait en fait de l’autoritarisme liberticide. En d’autres termes, le doute est jeté sur tous les domaines, sans distinction.
De ce point de vue, il est important de noter que le climatoscepticisme peut prendre plusieurs formes : déni de l’origine anthropique du réchauffement, mise en exergue de prétendus cycles climatiques, remise en cause du rôle du CO₂ ou technosolutionnisme chevronné sont autant de variables qui donnent sa redoutable vitalité au climatoscepticisme.
Mais que cachent les discours climatosceptiques ? Outre les intérêts économiques, on retrouve également la préservation d’un ordre social et de systèmes de domination spécifiques : domination de l’Homme sur ce que l’on appelle abusivement la « Nature » (incluant les autres espèces, l’intégralité de la biodiversité et les ressources), exploitation des ressources nécessaires à l’activité industrielle et économique, mais aussi domination de certaines communautés sur d’autres – notamment parce que les femmes ou les populations indigènes sont plus vulnérables au changement climatique, tout en représentant également les populations les plus promptes à proposer des innovations pour contrer ses impacts.
Tag de l’artiste Banksy à Camden en Grande-Bretagne,dénonçant le réchauffement climatique

L’efficacité du climatoscepticisme : le secret de sa longévité ?

Au-delà de sa pérennité, les recherches ont montré à quel point le climatoscepticisme restait efficace pour retarder l’action politique. Il ne s’agit pas ici de dire que la classe politique est climatosceptique, mais qu’un certain nombre d’acteurs climatosceptiques finissent par diffuser des discours qui font hésiter les décideurs, retardent leurs actions ou font douter quant aux solutions ou alternatives à mettre en place. La France n’échappe pas à cette tendance : entre les coups médiatiques de Claude Allègre, l’accueil de Greta Thunberg à l’Assemblée nationale ou encore les incursions de divers acteurs climatosceptiques (se désignant eux-mêmes comme climatoréalistes ou climatorassuristes), le paysage médiatique, politique et citoyen se retrouve régulièrement pollué par ce type de discours.

Doté de solides ressources financières, ce mouvement a pu contester les résultats scientifiques dans la sphère publique, afin de maintenir ses objectifs économiques et financiers. Le GIEC en a, par ailleurs, fait les frais de manière assez importante – et encore aujourd’hui ; régulièrement en effet, des scientifiques du GIEC comme Jean Jouzel ou Valérie Masson-Delmotte, qui se sont engagés pour porter de manière pédagogique les travaux collectifs dans l’espace médiatique, se sont retrouvés la cible de critiques, notamment sur la véracité des données traitées, ou la raison d’être financière du groupement scientifique mondial. Cela est notamment régulièrement le cas sur les réseaux sociaux, comme le montrent les travaux de David Chavalarias.

Climatoscepticisme : les raisons d’un succès

Au-delà de ces constats informatifs, une question émerge : pourquoi sommes-nous si prompts à embrasser, de près ou de loin, certaines thèses climatosceptiques ? Pourquoi cette forme de déni, souvent mâtinée de relents complotistes, parvient-elle à se frayer un chemin dans les sphères médiatiques et politiques ?
Pour mieux comprendre cet impact, il faut prendre en considération les enjeux sociaux liés au réchauffement climatique. En effet, cette dimension sociale, voire anthropologique est capitale pour comprendre les freins de résistance au changement ; si la réaction au changement climatique n’était qu’affaire de chiffres et de solutions techniques, il y a longtemps que certaines décisions auraient été prises.
En réalité, nous avons ici affaire à une difficulté d’ordre culturel, puisque c’est toute notre vie qui doit être réorganisée : habitudes de consommation ou pratiques quotidiennes sont concernées dans leur grande diversité, qu’il s’agisse de l’utilisation du plastique, de la production de gaz à effet de serre, du transport, du logement ou de l’alimentation, pour ne citer que ces exemples.
Le changement est immense, et nous n’avons pas toujours les ressources collectives pour pouvoir y répondre. De plus, comme le rappelle le philosophe Paul B. Preciado, nous sommes dans une situation d’addiction vis-à-vis du système économique et industriel qui alimente le changement climatique ; et pour faire une analogie avec l’addiction au tabac, ce ne sont jamais la conscience des chiffres qui mettent fin à une addiction, mais des expériences ou des récits qui font prendre conscience de la nécessité d’arrêter, pour aller vite. Cela étant, le problème est ici beaucoup plus structurel : s’il est aisé de se passer du tabac à titre individuel, il est beaucoup plus compliqué de faire une croix sur le pétrole, à tous les niveaux.
La peur de changement systémique, notamment mis en avant par les militants écologiques, raison d’être du climatosceptisme ?
Paradoxalement, c’est au moment où les effets du changement climatique sont de plus en plus couverts par les médias que le climatoscepticisme reprend des forces, avec une population de plus en plus dubitative. Ce qui paraît paradoxal pourrait en réalité être assez compréhensible : c’est peut-être précisément parce que les effets sont de plus en plus visibles, et que l’ensemble paraît de plus en plus insurmontable, que le déni devient une valeur refuge de plus en plus commode. Il s’agirait alors d’une forme d’instinct de protection, qui permettrait d’éviter de regarder les choses en face et de préserver un mode de vie que l’on refuse de perdre.
Si le climatoscepticisme nous informe sur nos propres peurs et fragilités, il est aussi symptomatique du manque de récits alternatifs qui permettraient d’envisager l’avenir d’une toute autre manière. En effet, pour le moment, nous semblons penser la question du changement climatique avec le logiciel politique et économique du XXè siècle. Résultat : des récits comme le climatoscepticisme, le greenwashing, le technosolutionnisme (le fait de croire que le progrès technique règlera le problème climatique), la collapsologie ou encore le colibrisme (le fait de tout faire reposer sur l’individu) nous piègent dans un archipel narratif confus, qui repose plus sur nos croyances et notre besoin d’être rassurés, que sur un avenir à bâtir.
De fait, le climatoscepticisme prospère encore car il est le symptôme d’autodéfense d’un vieux monde qui refuse de mourir. Sans alternative désirable ou réaliste, alors que nos sociétés et nos économies sont pieds et poings liés par la dépendance aux énergies fossiles, nos récits sont condamnés à tourner en rond entre déni, faux espoirs et évidences trompeuses.
C’est bien là tout le problème : si les chiffres sont importants pour se rendre compte de l’importance du changement et de ses conséquences (y compris pour mesurer les fameux franchissements des limites planétaires), ce n’est pas avec des chiffres seuls que l’on met en mouvement les sociétés et les politiques. Les tenants du climatoscepticisme ont parfaitement compris cette limite, en nous proposant les certitudes confortables d’un vieux monde inadapté, face aux incertitudes paralysantes d’un avenir qui sera radicalement différent du monde que nous connaissons, mais que nous avons le choix de pouvoir écrire.

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2023.12.28 16:23 miarrial « Il nous fait quoi, là ? » : dans les coulisses du « 7 /7 » où Jacques Delors a renoncé à la présidentielle

« Il nous fait quoi, là ? » : dans les coulisses du « 7 /7 » où Jacques Delors a renoncé à la présidentielle
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Ce fut l’émission la plus difficile de sa vie. Celle où il a annoncé qu’il ne serait pas candidat à la présidence de la République, alors que tous les sondages le donnaient gagnant. En direct sur TF1, ce dimanche de 1994, Jacques Delors a tenu en haleine 12 millions de téléspectateurs, dans un suspens inouï.
Jacques Delors sur le plateau de l'emission « 7/7 », le 11 décembre 1994
11 décembre 1994, fin d’après-midi. Anne Sinclair est comme tous les Français : elle ne sait pas et brûle de savoir. En route vers le studio où sera tournée son émission en direct, la star de « 7 sur 7 », sur TF1, passe à un feu orange. Un policier l’arrête, la reconnaît et lui demande, pour la laisser repartir, de lui confier le secret le mieux gardé du pays : Jacques Delors, son invité du soir, va-t-il annoncer sa candidature à la présidentielle de 1995 ? Sauf qu’elle-même n’en sait strictement rien. Le jeudi précédent, elle s’est rendue à Bruxelles pour discuter avec le président de la Commission européenne avant l’émission. De retour, elle a confié à sa rédactrice en chef Marie-France Lavarini : « Je n’ai aucune idée de ce qu’il va annoncer dimanche. » Décision avait alors été prise de préparer deux émissions pour chacune des hypothèses : l’une où il est candidat ; l’autre où il renonce…
Ce passage à « 7/7 », Delors l’a préparé en tout petit comité. Seuls quelques intimes sont dans la confidence. Son épouse, Marie, bien sûr. Sa fille, Martine Aubry. Ou ses plus proches collaborateurs à Bruxelles, Jean-Pierre Jouyet, qui sera deux décennies plus tard le secrétaire général de François Hollande à l’Elysée, et Pascal Lamy, le futur patron de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Il a bien prévenu le patron du Parti socialiste, Henri Emmanuelli, histoire de le préparer à l’énorme vide qui va s’ouvrir sous les pieds de sa famille politique. Mais c’est à peu près tout…
Voilà des mois que, devant les sondages qui convergent et les appels du pied de plus en plus frénétiques du PS, Delors ne cesse de s’interroger. Il a hésité, sondé ses proches, discuté en famille. Puis décidé : ça sera non, alors même que 87 % des Français, selon un sondage Louis-Harris réalisé quelques jours plus tôt, pensent qu’il va y aller. « 1994 fut la seule occasion importante où je n’ai pas suivi les conseils qui m’ont majoritairement été donnés », raconte-t-il dans ses Mémoires (Plon, 2003).
Jacques Delors, l’homme qui n’a pas voulu être président
A deux semaines de Noël, les magasins sont ouverts ce dimanche-là, les routes embouteillées et Delors n’arrive au studio qu’une quinzaine de minutes avant le début du direct, à 19 heures. Martine Aubry, qui jamais ne l’accompagne d’ordinaire, est là. Pascal Lamy aussi, en jeans – ce qui ne lui ressemble pas. En salle de maquillage, Anne Sinclair fait sortir tout le monde et s’isole avec Delors : « On va prendre l’antenne dans quelques minutes, maintenant, il faut me dire… » Et Delors lui lâche ce qui, pour encore quelques minutes, reste le secret le mieux gardé du pays : « Je ne suis pas candidat. » La journaliste, qui voue depuis toute jeune un culte à Pierre Mendès France, se trouvait à Château-Chinon le soir de la victoire de François Mitterrand le 10 mai 1981 et partage alors sa vie avec le socialiste Dominique Strauss-Kahn, reçoit un coup sur la tête. Delors, lui, ressort, blême, du maquillage. Sur le pas de la porte, il croise Marie-France Lavarini : « Ça va être l’émission la plus difficile de ma vie. »

« Je ne veux pas être un roi fainéant »

Dès les premières minutes d’antenne, Anne Sinclair lui pose LA question : va-t-il être candidat à la présidentielle ? Elle sait qu’il ne répondra pas tout de suite, tous deux se sont mis d’accord en coulisse : il lui a expliqué qu’il souhaitait d’abord faire passer des messages avant de donner sa décision ; elle ne l’a surtout pas contredit, trop heureuse de garder le suspense – donc l’audimat – jusqu’au bout… Face aux caméras, Delors a cette phrase : « Parlons d’abord du fond, et je vous répondrai ensuite. » Commence alors une bonne trentaine de minutes d’entretien. Delors se lâche. Accuse Edouard Balladur et Jacques Chirac de « mentir aux Français ». Tellement offensif, qu’on le croirait… en campagne électorale. Tellement percutant qu’Anne Sinclair finit par se demander si, un peu plus tôt dans la salle de maquillage, elle n’a pas tout compris de travers.
Lors d’une coupure, elle s’en ouvre à Marie-France Lavarini : « Il nous fait quoi, là ? Je ne comprends plus... » Delors continue, encore et encore. Il fustige « une démocratie où s’est creusé le vide entre le pouvoir et l’opinion publique ». Poursuit : « Je suis un homme de mon âge, 69 ans, mais mes idées ne sont pas celles du passé. » Il évoque les défis dans les banlieues, le logement social, les emplois de proximité. Nouvelle coupure. Et à nouveau la même question qu’au tout début de l’émission. « Jacques Delors, êtes-vous candidat à l’élection présidentielle ? » Delors sort un papier et se met à lire : « J’ai décidé de ne pas être candidat à la présidence de la République. […] Beaucoup de raisons personnelles m’ont poussé à dire non. Je vais atteindre 70 ans. Je travaille sans relâche depuis cinquante ans. Il est plus raisonnable, dans ces conditions, d’envisager un mode de vie plus équilibré entre la réflexion et l’action. »
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A ces raisons personnelles, il en ajoute une autre, politique cette fois : « La question qui se posait à moi était de savoir si, dans l’hypothèse où je serais élu président de la République, j’aurais la possibilité et les moyens politiques de mener à bien ces réformes indispensables. […] Je suis arrivé à la conclusion que l’absence d’une majorité pour soutenir une telle politique, quelles que soient les mesures prises après l’élection, ne me permet pas de mettre mes solutions en œuvre. » Voilà, il a terminé son texte. Anne Sinclair reprend la parole, le pousse dans ses retranchements : « C’est irrévocable ? » « Bien sûr, on ne va pas jouer avec les nerfs des Français. » Delors a aussi cette phrase, qui va ulcérer Mitterrand : « Je ne veux pas être un roi fainéant et avoir à Matignon un maire du palais qui fait une politique contraire à ma pensée. Je ne veux pas mentir aux Français. »
Générique, fin du direct. Dans l’assistance, Pascal Lamy s’emporte contre Martine Aubry : « Les raisons politiques, on avait dit qu’on n’en parlait pas ! » Les jours précédents, le conseiller de Delors avait œuvré pour que seules les motivations personnelles soient évoquées : il fallait encore sauver ce qui pouvait l’être à gauche, et ne pas saper totalement les chances de celui qui concourrait en lieu et place de Delors ; or, en expliquant que lui n’aurait pas eu la majorité politique au Parlement, le président de la Commission ampute sérieusement les (maigres) chances du futur candidat socialiste à la présidentielle…
« Suédois égaré », « rêveur qui croit à l’action » : un portrait de Jacques Delors en 1973
Delors, lui, reste encore quelques minutes dans le studio, s’explique une nouvelle fois avec Anne Sinclair, qui ne comprend pas sa décision. Puis regagne son appartement de la rue Saint-Jacques. Le lendemain, la journaliste de TF1 l’appelle pour lui donner les scores d’audience de l’émission – elle raconte la scène dans ses Mémoires (« Passé composé », Grasset, 2021). Elle lui explique que 12 millions de téléspectateurs – un carton ! – se trouvaient devant leur écran la veille : – « Ah oui, quand même… », réagit Delors. – « Ne me dites pas que vous regrettez déjà ! »

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2023.12.13 15:46 miarrial Migrations d'hier et d'aujourd'hui L'humanité en marche

Migrations d'hier et d'aujourd'hui L'humanité en marche
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Nous sommes tous des immigrés ! Cette formule s'applique à tous les êtres humains si l'on entend par là que nul ne peut se prévaloir d'être un pur autochtone (d'après un mot grec qui signifie : « né du sol »).
De fait, aussi loin qu'ils remontent dans le temps, jusqu'à l'Homo erectus d'il y a un million d'années, les paléontologues discernent des mouvements de population mais ceux-ci s'effectuent pour l'essentiel par expansion démographique, grâce à un solde naturel positif (dico). C'est de cette façon que les noirs, partis du golfe de Guinée, ont occupé toute l'Afrique subsaharienne dans les dix derniers millénaires, ou que nos ancêtres indo-européens (dico) ont submergé l'Europe il y a 4500 ans.
Les déplacements par invasions, migrations volontaires ou migrations forcées concernent quant à eux des effectifs très limités. C'est aujourd'hui 3% de la population mondiale... En dépit des apparences, la sédentarité demeure le propre de la nature humaine (note).

Les migrations capillaires, une réalité de tous temps et tous pays
Dans toutes les sociétés, il se trouve des individus qui font souche loin de chez eux, pour les besoins du commerce, par goût de l'aventure, par rejet de l'oppression, par le hasard des rencontres et de l'amour... Ainsi des commerçants vénitiens s'établissaient-ils au Moyen Âge à la cour du Grand Khan, à Pékin, tandis qu'un aventureux Toulousain ramenait dans sa patrie une jeune épouse rencontrée sur les bords du Niger ! Au XVIIe siècle, des huguenots ont fui la France et se sont installés à Berlin ou même au Cap, en Afrique australe. À l'inverse, des Irlandais catholiques ont fait souche en France et même au sud des Pyrénées. Citons encore Marie Curie et Savorgnan de Brazza qui ont au XIXe siècle quitté leur pays pour servir et honorer la France. • Ces migrations sont à double sens. Elles sont essentielles à la circulation des idées et des techniques et donc au progrès humain. Elles concernent néanmoins des flux réduits de personnes qui n'ont pas de mal à se fondre dans la population d'accueil de sorte qu'elles ne changent pas la nature des sociétés concernées. En cela, on peut les appeler « migrations capillaires » (ténues comme un cheveu) pour les distinguer des suivantes. • Les « migrations de peuplement » sont caractérisées par des flux importants de population à partir de territoires en expansion démographique vers des territoires faiblement peuplés ou en décroissance démographique. • Les invasions et les déplacements de population liés aux guerres se distinguent des migrations précédentes. Elles imprègnent fortement la mémoire des peuples mais ne changent guère la substance des sociétés humaines.

Premières rencontres
La première migration notable remonte à l'aube des temps. Elle concerne un très lointain aïeul, Homo erectus, qui aurait migré il y a 2 millions d'années d'Afrique vers l'Eurasie. Ce fut la première « sortie d'Afrique ».
En Afrique même, l'Homo erectus évolua il y a 300 000 ans vers notre propre espèce, l'Homo sapiens. En Eurasie, il eut des descendants tels que Néandertal et l'homme de Denisova, il y a environ 500 000 ans. Il engendra aussi une espèce originale sur l'île de Florès (Indonésie), il y a seulement 80 000 ans.
Une deuxième « sortie d'Afrique » se produisit il y a un peu plus de 70 000 ans, quand quelques Homo sapiens s'établirent au Moyen-Orient où ils s'unirent aux représentants locaux de Néandertal et Denisova. De ces unions seraient issus les Eurasiens actuels si l'on en croit les dernières découvertes de la génétique.
Homo sapiens atteignit là-dessus des régions encore vierges de présence humaine : il y a environ 70 000 ans, il franchit les bras de mer qui séparent la Papouasie et l’Australie de l'Eurasie. Puis, il y a 35 000 ans, il traversa à pied sec le détroit de Béring qui séparait l’Asie de l’Amérique en profitant du faible niveau des océans pendant la dernière glaciation.
À la même époque, l'Homo sapiens moyen-oriental mâtiné de Néandertal gagna l'Europe où erraient de purs Néandertaliens. Ceux-ci, déjà en déclin démographique, ne tardèrent pas à disparaître, laissant le terrain libre à notre ancêtre, rebaptisé pour l'occasion Cro-Magnon (note).
Qu'on ne s'y méprenne pas, ces mouvements de populations n'ont rien à voir avec la conquête du Far-West ! Au nombre de quelques milliers ou dizaines de milliers, les premiers humains n'avaient nul besoin de migrer pour trouver de quoi se nourrir. Lorsque les groupes familiaux s'agrandissaient, les cadets s'établissaient un peu plus loin que leurs aînés et, de proche en proche, ces groupes pouvaient ainsi occuper des continents entiers en quelques millénaires, à raison de quelques kilomètres par génération !
De la même façon, ces groupes humains réduits à quelques familles ont pu se diversifier à partir de légères mutations génétiques il y a environ 35 000 ans, à l'apparition de Cro-Magnon et des différents groupes humains qui peuplent la planète (Africains, Asiatiques, Européens, etc.).

« Tu deviendras le père d'une multitude de nations ! »
La promesse faite par Dieu à Abraham n'a rien d'extravagant. Il ne faut pas grand-chose en effet pour qu'un groupe humain croisse à l'infini, sous réserve bien entendu de n'être affecté ni par les épidémies, ni par les famines, ni par les guerres. Un petit raisonnement mathématique en apporte la preuve : supposons que cinq femmes engendrent avec leur conjoint onze enfants et les mènent à l'âge adulte ; cela correspond à un indice de fécondité (dico) de 2,2 ; c'est à peine plus que le minimum nécessaire au simple remplacement des générations. Si les mêmes performances se reproduisent d'une génération à la suivante, il s'ensuit un doublement de l'effectif tous les deux siècles et les dix personnes initiales peuvent se targuer d'avoir au bout de 3 000 ans un million de descendants, soit la population totale de la Terre il y a 35 000 ans !
Les Norvégiens débarquent en Islande vers 872, Oscar Arnold Wergeland, 1877, Oslo, Galerie nationale de Norvège

Migrations de peuplement

Depuis le commencement du monde, les migrations de peuplement s'orientent des territoires en excédent démographique vers les territoires faiblement peuplés ou en voie de dépeuplement. C'est de cette façon, lente, progressive et pacifique, que les chasseurs-cueilleurs ont occupé toute la planète.
Avec l'apparition de l'agriculture et de l'élevage, il y a dix mille ans, les femmes ont bénéficié de ressources mieux assurées et d'une existence plus stable de sorte qu'elles ont pu conduire à l'âge adulte un plus grand nombre d'enfants. Il s'en est suivi un décuplement de la population en quelques millénaires, jusqu'à atteindre plusieurs dizaines de millions d'âmes. Partout dans le monde, par leur simple expansion démographique, les populations paysannes ont repoussé et supplanté les chasseurs-cueilleurs avec lesquels elles entraient en contact. Les violences, jusque-là limitées au rapt des femmes, se sont aussi intensifiées, alimentées par les crises climatiques qui détruisaient les récoltes et les troupeaux.
- Migrations africaines :
Aborigènes Hadzas du Kenya (DR)
Les Africains actuels ont acquis la maîtrise de l'agriculture il y a environ dix mille ans, en même temps que les habitants du Moyen-Orient. Bénéficiant de ce fait d'une croissance démographique relativement forte, ils sont sortis de leur foyer natif, entre le delta du Niger et le mont Cameroun, et ont occupé progressivement l'Afrique subsaharienne en absorbant ou en repoussant devant eux les populations aborigènes à peau cuivrée ou noire qui y étaient établies (Khoisans, Pygmées, Hottentots, Hadzas).
Vers 500 av. J.-C., la diffusion de la métallurgie du fer en direction des Grands Lacs africains, en augmentant la productivité agricole et la puissance à la guerre, a donné une nouvelle impulsion à leur croissance démographique jusqu'à leur permettre d'atteindre au XVIIe siècle le Limpopo, un fleuve d'Afrique australe.
Mais dans le même temps, des colons hollandais débarquaient à la pointe du continent et fondaient la colonie du Cap. Cette circonstance a évité aux Khoisans de complètement disparaître (ces populations aborigènes d'Afrique australe ont ravi le monde entier à la faveur d'une comédie de Jamie Uys, Les Dieux sont tombés sur la tête, 1980).
- Migrations indo-européennes :
De même que l'Afrique a été colonisée par les Bantouphones, l'Europe et le sous-continent indien ont été colonisés il y a six mille ans environ par des populations d'éleveurs établies dans les régions du Don et de la Volga.
Celles-ci ont vu leurs effectifs grandir irrésistiblement, ce qui les a amenées de proche en proche et par vagues successives à occuper les immenses espaces situés entre l'océan Atlantique et l'océan Indien. Selon des travaux récents, leur croissance démographique aurait résulté d'une mutation génétique grâce à laquelle ils auraient mieux digéré le lait de vache et ainsi survécu plus facilement aux disettes et aux famines !
Ces populations parlaient des langues apparentées que les linguistes modernes ont qualifiées d'indo-européennes, parce qu'elles sont à la racine de la plupart des langues européennes ainsi que de l'iranien et des langues de l'Inde du nord. Leur progression vers l'Europe et l'Inde a été plutôt violente si l'on en croit une étude publiée par Science (mars 2019) et citée par les Cahiers de Science & Vie (juillet 2019) : l'examen d'une nécropole en Espagne montre le remplacement de 40% du génome du peuple ancestral par celui des nouveaux-venus, lesquels auraient toutefois épargné les femmes pour se les approprier.
- Migrations chinoises et japonaises :
Les Chinois du Fleuve Jaune ont dès l'époque du Premier Empereur, il y a 2200 ans, entrepris de coloniser leurs marges. Ce mouvement d'expansion se poursuit aujourd'hui avec la colonisation du Tibet et du Xinjiang, au détriment des populations locales et de leur culture.
Mais le Premier Empereur a aussi eu le souci de réunir ses sujets dans un ensemble indissociable et pour cela, il a procédé à des échanges de populations entre le nord et le sud de son empire. Il s'agit sans doute des premières migrations forcées de l'Histoire, si l'on met à part l'exil des juifs à Babylone, il y a 2600 ans.
On observe au Japon des migrations semblables, quoique à une échelle réduite, avec la colonisation par les Japonais de leur archipel au détriment des premiers habitants, des Aborigènes blancs, les Aïnous, lesquels ne sont plus que quelques milliers.
Aïnous du Japon en 1904
- Migrations européennes :
L'Europe contribua elle-même à peupler les autres continents. Du XVIe siècle au XXe siècle, nombre de ses habitants traversèrent les mers en quête de liberté et de mieux-être. On les évalue à cinquante millions sur quatre siècles.
Au XVIe siècle, les Européens partis vers l'Amérique tropicale et l'Asie des épices étaient essentiellement en quête de fortune et d'aventures. Au XVIIe siècle, des émigrants chassés par les persécutions religieuses ou la misère ont commencé de mettre en culture l'Amérique du nord. Mais l'émigration européenne a véritablement pris corps aux siècles suivants, avec un pic dans la deuxième moitié du XIXe siècle, au moment où l'Europe connaissait sa plus forte croissance démographique.
Cette émigration européenne s'est dirigée quasi-exclusivement vers les marges de l'Occident, autrement dit vers des territoires à peu près vierges et seulement parcourus par des nomades. Il s'agit des deux extrémités du continent américain : l'Amérique du Nord, le rio de la Plata et le Brésil. Ajoutons-y l'Australasie (Australie et Nouvelle-Zélande), la Sibérie et également la pointe méridionale du continent africain. Sur ces territoires, par leur arrivée en flux continu, les immigrants ont sans grande difficulté dominé les populations autochtones (Amérindiens, Sibériens, Aborigènes etc.) ; ils les ont rapidement remplacées, les exterminant ou les refoulant dans des réserves.
Les Européens ont par contre occupé en nombre beaucoup plus limité les régions andines (Pérou, Bolivie...) et l'isthme d'Amérique centrale, car ils ont été confrontés dans ces régions à des sociétés précolombiennes fortement structurées, denses, sédentaires et maîtrisant l'agriculture. Aujourd'hui encore, leurs descendants demeurent minoritaires dans ces pays.
Partout ailleurs dans le monde, soulignons-le, les Européens ont évité les terres de vieilles civilisations non-occidentales, que ce soit en Asie, dans le monde islamique ou en Afrique intertropicale.
Au temps de son hégémonie planétaire, à la fin du XIXe siècle, l'Europe a pu soumettre ces territoires et les coloniser (dico) mais en réduisant sa présence à quelques poignées de cadres militaires ou civils destinés à encadrer les populations.
Indigènes de Roanoke, Virginie (Thomas Hariot, 1588)
4 colons de Jamestown (Virginie) dont l'un a été tué par des Amérindiens (photo du 28 juillet 2015, Smithsonian Institution)
Démographie migratoire : l’exemple virginien
La Virginie illustre les conséquences d’une immigration exogène, même ténue (les chiffres ci-après relèvent de l'imagination de l'auteur mais sont néanmoins plausibles ; ils n'ont qu'une valeur indicative). Au début du XVIIe siècle, la future colonie anglaise était peuplée d'environ cent mille Indiens avec une démographie stable (2500 décès par an et autant de naissances). Arrive un premier bateau avec cent couples de colons anglais et autant chacune des années suivantes. Chaque couple anglais engendre en moyenne quatre enfants. Au final, le solde migratoire annuel est d'à peine 2 pour mille. Le solde naturel annuel est quant à lui de 4 pour mille grâce à 400 naissances supplémentaires qui s'ajoutent aux naissances indiennes. Au bout de 30 ans, la Virginie compte encore 100 000 Indiens (oublions ceux qui ont été tués par les colons ou ont choisi l'exil) et déjà plus de quinze mille Anglais (environ 15% de la population totale). Ces derniers sont devenus assez nombreux pour n'avoir plus besoin des Indiens. Ils vivent entre eux, si l'on met à part quelques coureurs des bois mariés à des Indiennes. Un siècle après, ils seront devenus très largement majoritaires et pourront envisager de forger une nouvelle nation...

Invasions nomades et migrations forcées

Les migrations de peuplement, par expansion démographique, se sont rarement déroulées de façon entièrement pacifique. Mais cette violence est peu de chose en comparaison de celle qui a accompagné les incursions de nomades dans les empires sédentaires.
- Invasions nomades :
Attila, roi des Huns, Paris, BnF Gallica
C'est ainsi qu'à partir du Ve siècle av. J.-C., les empires apparus autour de la Méditerranée et en Chine ont excité la convoitise des peuples des steppes (Turcs, Ouïghours, Mongols etc.). Redoutables guerriers mais peu nombreux, ces peuples ont à intervalles rapprochés imposé leur domination sur les cultivateurs et les sédentaires (Chinois, Persans, Russes etc.) jusqu'à ce que l'avènement de l'artillerie les renvoie définitivement dans leurs steppes.
Les « Grandes invasions » qui ont affecté l'empire romain aux IVe et Ve siècles de notre ère apparaissent comme des sous-produits des invasions nomades. C'est en bonne partie parce qu'ils étaient poussés par les Huns que les Germains d'Europe orientale ont forcé le limes romain.
Les conquêtes d'empires par les nomades ont pu provoquer de grandes mortalités à l'instar des Mongols de Gengis Khan qui auraient causé la perte d'un quart de l'humanité (Steven Pinker, La Part d'ange en nous, 2017). Elles ont pu entraîner des bouleversements politiques, linguistiques et même religieux à l'instar des conquêtes arabes ou turques. Mais elles ont eu peu d'effet sur la composition ethnique des territoires.
Ainsi les habitants du Maghreb ont-ils conservé très peu de gènes des envahisseurs arabes tout en ayant adopté la langue et la religion de ceux-ci. A contrario, les habitants de la Grèce actuelle tirent une grande partie de leurs gènes des Slaves qui ont occupé pacifiquement le pays au VIIe siècle après que celui-ci eut été dépeuplé par insuffisance de naissances.
Camp de réfugiés grecs au Théséion (Grèce, 1923)
- Déplacements de populations et trafics d'esclaves :
Dans ses frontières actuelles, la Grèce a aussi accueilli en 1922-1923 les populations hellénophones et chrétiennes chassées d'Asie mineure par les Turcs...
Les migrations forcées concernent les déplacements de population pour cause de guerre et surtout les trafics d'esclaves à grande échelle. Ceux-ci ont débuté au VIIe siècle au Moyen-Orient. Dans les premiers temps de l'islam, les notables de Bagdad s'approvisionnèrent en esclaves blancs auprès des tribus guerrières du Caucase mais aussi auprès des marchands vénitiens qui leur vendaient des prisonniers en provenance des pays slaves, encore païens.
Si la traite des esclaves blancs a rapidement buté sur la résistance des Européens, il n'en a pas été de même du trafic d'esclaves noirs en provenance du continent africain. La traite arabo-musulmane a commencé en 652, lorsqu'un général arabe a imposé aux chrétiens de Nubie (les habitants de la vallée supérieure du Nil) la livraison de 360 esclaves par an.
Le trafic n'a cessé dès lors de s'amplifier. On évalue entre douze à dix-huit millions d'individus le nombre d'Africains victimes de la traite arabe au cours du dernier millénaire, du VIIe au XXe siècle. C'est à peu près autant que la traite européenne à travers l'océan Atlantique, du XVIe siècle au XIXe siècle, autre cas majeur de migration forcée. Mais tandis que les seconds ont contribué au peuplement des Amériques, il n'en a rien été de ceux destinés aux empires islamiques car les trafiquants avaient soin de castrer les mâles avant le grand voyage. La majorité succombait des suites de l'opération.
Ces tragédies-là relèvent heureusement du passé mais les déplacements de population pour cause de guerre restent quant à eux d'actualité comme on l'a vu encore récemment dans la guerre de Syrie...
The Migration Series (3-40), Jacob Lawrence (1917-2000), Washington, Museum of Modern Art et la Phillips Collection. Série épique décrit la migration d’Afro-Américains après la Première Guerre mondiale du Sud rural au Nord industriel..
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La fin du métissage
Par un paradoxe visible seulement des personnes familières avec l'histoire des populations, le monde est aujourd'hui plus éloigné que jamais d'un « métissage généralisé ». En effet, les migrations de peuplement concernent exclusivement l'Europe (y compris la Russie) et le Nouveau Monde anglo-saxon, soit huit cents millions d'habitants, à peine un dixième de l'humanité. Pour le reste, l'humanité paraît en ce début du XXIe siècle plus cloisonnée et moins « métissée » qu'il y a un siècle, à la veille de la Première Guerre mondiale et à la fin de la première mondialisation. À cette époque-là, pas si lointaine, les Européens constituaient avec les Nord-Américains un tiers de la population mondiale. Présents dans tous les pays du monde, en Afrique, dans les pays musulmans, en Extrême-Orient et même dans le sous-continent indien, ils brassaient les populations à qui mieux mieux, transportant des Tamouls à Ceylan, à Maurice et aux Caraïbes, des coolies chinois en Malaisie comme en Californie, des Bengalis en Birmanie etc. Sans oublier bien sûr la traite des esclaves dans la période antérieure... Nous n'en sommes plus là. Avec la fin du « monde européen », nous nous orientons à grands pas vers un monde constitué de nations en quête d'homogénéité et dans lesquelles les minorités ethniques et/ou religieuses sont persécutées. Les Ougandais ont expulsé leur minorité indienne, les communistes vietnamiens ont « purifié » leur pays en chassant métis, Chinois et Hmongs, les Algériens ont poussé au départ les pieds-noirs, les Birmans expulsent les Rohingyas, les Chinois parquent les Ouïghours etc. etc. Notons aussi que la diversité religieuse du Moyen-Orient et de la Turquie en particulier n'est plus qu'un souvenir avec la quasi-disparition des chrétiens d'Orient. Font exception les terres d'immigration : Europe occidentale, Nouveau Monde anglo-saxon, et dans une moindre mesure Russie et Amérique latine.

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2023.12.12 19:11 RedditTraduction [Magic Tcg] Les séquelles de l'invasion du phyrexien sur les plans.

Il semble que l'invasion du phyrexian a laissé son péage sur le multivers avec des milliards morts ou terminés. Kaldheim a dû brûler son arbre mondial, laissant les dix royaumes isolés.
Les tribunaux d'Eldraine ont été détruits. Plusieurs doyens de Strixhaven ont été complétés.
Le seul rituel connu pour guérir l'infection est beaucoup trop coûteux pour être utilisé sur des populations entières. Peut-être que les conséquences Faire face à la recherche pour purifier l'huile comme ce qui a été fait trop nissa Les démons et les démons savent également avoir un trou des pieds dans de nombreux avions avec des accords avec des anges.
Traduit et reposté à partir de la publication 128viav de la communauté magictcg
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