Tabac illimit europe

What pairs well with Tabac?

2024.06.07 11:48 sultan9001 What pairs well with Tabac?

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I do not live in a western country so the ‘grandpa-smell’ stigma that Tabac has in Europe is practically nonexistent
What fragrances pair well with classic Tabac, and with Tabac Craftsman while we’re on the matter
submitted by sultan9001 to Colognes [link] [comments]


2024.06.07 11:48 sultan9001 What scents pair well with classic tabac?

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2024.06.07 11:47 sultan9001 What scents pair well with classic Tabac?

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2024.06.07 10:08 sultan9001 What pairs well with Tabac deodorant ?

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2024.05.23 18:03 Solene_realtor eXp vs iad?

Hello all, I'm a Realtor in Florida and I've recently joined a new brokerage called iad Florida Realty. They are the leader in Europe (I'm originally from France) and have just launched in Florida, with plans to expand to other states very soon.
Similar to eXp, iad Florida Realty is an online brokerage and offers the opportunity to build your own (local and international) team, where you become the mentor and earn a percentage of your team's revenue. You get 0.7% from the people you directly recruit, and 0.3% from those recruited by your team, all the way down to five levels (1.5%, 0.5% and 0.2%). There is no cap on how much you can earn from each agent in your team so it litterally means you can have illimited revenues.
We have a 70/30 split until we reach $70k in commission, then it changes to 85/15 when the yearly cap is reached. Additionally, there is a $99 monthly fee for marketing tools, which includes KVcore, Broker Mint, and one-on-one sessions with our broker. We also have the option to "sell our network" if we decide to retire so we are also building a business legacy.
I'm curious to understand how eXp differs from iad Florida Realty. Is it better? How? Why? What do you really loveabout eXp? What could be improved?
If there are any Realtors in Florida with eXp willing to exchange insights, I'd love to connect!
submitted by Solene_realtor to ExpRealty [link] [comments]


2024.04.02 20:31 rollingtatoo Narva, nouvel alibi de la Russie pour envahir un État souverain d'Europe?

Car, à Narva, certains choisissent, à mots couverts ou non, le camp du Kremlin. Dans son appartement exhalant une odeur de tabac, Galina, 62 ans, vante sa « patrie de coeur », la Russie, même si elle n’y a jamais vécu. La guerre en Ukraine ? « Une opération militaire pour éviter que les Russes d’Ukraine se fassent tuer par le régime de Kiev. » Et quid des russophones de Narva ? « Le gouvernement estonien nous réprime, en nous forçant d’apprendre leur langue. Si ça continue, alors on pourra appeler à l’aide de la Russie pour qu’elle vienne nous libérer », gronde la retraitée en peignoir.
https://www.ledevoir.com/monde/europe/810057/narva-nouvel-alibi-russie-envahir-etat-souverain-europe?
submitted by rollingtatoo to Quebec [link] [comments]


2024.03.31 06:30 Nohan07 Tabac en provenance d'Europe : finie la limitation à une cartouche, des contrôles douaniers renforcés pour la contrebande et des buralistes transfrontaliers inquiets

Tabac en provenance d'Europe : finie la limitation à une cartouche, des contrôles douaniers renforcés pour la contrebande et des buralistes transfrontaliers inquiets submitted by Nohan07 to Tarn [link] [comments]


2024.03.29 23:10 gusbemacbe1989 I am looking for a cheaper or free font family similar to Tabac Glam G4 for the text on the PDF and the web

Hello!
I am looking for a cheap or free font family similar to the Tabac Glam G4 font family. I will use it for the text on the PDF and on the web.
Of course that each Tabac Glam G4 font is priced at only 38 US dollars, making them affordable primarily to residents of Northern North America, Europe, Australia, Japan, New Zealand, and South Korea. However, they are not affordable for the lower and middle-income people in Latin America.
submitted by gusbemacbe1989 to typography [link] [comments]


2024.03.14 05:06 Own_Tailor9802 Vous devez être prudent dans cette situation

Je vous écris parce que je suis très triste que la nourriture coréenne semble se désagréger en France.J'ai récemment participé à un salon de la nourriture coréenne et je dirige une école de cuisine en France.Je ne suis pas toujours intéressée par la nourriture coréenne, mais l'intérêt pour la nourriture coréenne en tant que tendance en France est très important pour moi parce que je suis dans l'industrie culinaire.J'ai donc commencé à m'y intéresser, mais il n'a pas fallu longtemps pour que j'en tombe amoureuse.En fait, je me souviens que la première fois que je l'ai goûtée, j'ai été stupéfaite.
J'ai toujours pensé que la nourriture coréenne, la vraie nourriture coréenne que j'ai découverte et la vraie nourriture coréenne que j'ai goûtée, est si bonne sur le plan nutritionnel que je me demande pourquoi elle n'a pas reçu beaucoup d'attention.
La France est située au centre de l'Europe, et grâce à son avantage géographique, ses grands festivals culturels et ses produits culturels emblématiques, tels que la Tour Eiffel et la cuisine française, elle est le pays le plus visité au monde.
Il y a beaucoup de restaurants coréens en France, et il y a maintenant plus de personnes curieuses de la Corée que de personnes qui ne la connaissent pas, vous ne pouvez donc pas vous empêcher de suivre la tendance.
Mais il y a une maladie qui est très endémique en France, ce sont les Chinois qui se sont installés en France, et ils se sont installés dans le 13ème arrondissement de Paris, et ils ont créé une petite Chine française, et ils étaient actifs là-bas, mais aujourd'hui, il y a beaucoup de Chinois qui quittent cette zone, parce qu'ils essaient d'étendre leur pouvoir encore plus loin.Cela a toujours été le cas, mais cela s'est accéléré récemment, coïncidant avec l'énorme explosion culturelle de la nourriture coréenne.Peut-être que la nourriture coréenne leur a donné une opportunité.
Ils ont toujours dominé certaines industries qu'ils veulent dominer, et il est fascinant de les voir s'emparer de l'industrie d'un autre pays et la faire leur, mais c'est aussi très effrayant pour eux.
La première génération de Chinois installés en France avait de simples commerces dans leurs quartiers, comme des banques chinoises, des épiceries chinoises ou même des cuisines chinoises vendues à des clients français.
Mais en France, qui est une société capitaliste, ils avaient l'habitude de se précipiter pour faire tout ce qu'ils pouvaient pour gagner de l'argent.Le premier était un bureau de tabac, qui était comme un pub, où l'on pouvait boire et discuter.Dans le passé, de tels magasins étaient assez à la mode en France.Le concept actuel d'un café est un endroit où les gens peuvent se détendre et rire.
Aujourd'hui, les cafés sont davantage des lieux de rassemblement et de détente, mais dans le passé, il s'agissait d'un magasin de cigarettes, avec de la nourriture simple et une atmosphère bruyante.Les Français étaient initialement opposés à ces choses, puis c'est devenu une tendance, et c'est devenu un endroit très populaire pour les Français.C'était un endroit bon marché, principalement tenu par des Chinois, mais la tendance n'a pas duré très longtemps.
Il s'agit de la culture chinoise, et la culture chinoise a montré ses limites lorsqu'il s'agit de s'étendre au reste du monde, parce qu'elle n'est pas très propre et qu'elle a une certaine obscurité qui peut piquer votre curiosité au début, mais qui est difficile à maintenir. Dans le passé, les sushis japonais, par exemple, étaient perçus comme une façon de manger du poisson cru, mais avec le temps, ils sont devenus un aliment traditionnel japonais représentatif et, aux yeux des Européens, des Nord-Américains et du reste du monde, ils sont devenus un aliment très original et très attrayant.
Mais il y a eu une période où la cuisine japonaise a connu une très grande crise, peut-être même une crise encore aujourd'hui, lorsque les Chinois qui vivaient dans le 13e arrondissement ont décidé d'ouvrir des restaurants japonais.
Il y avait une demande de chefs japonais, mais pas assez de personnes pour la satisfaire, alors les Chinois eux-mêmes ont décidé de devenir de faux Japonais, et ont commencé à ouvrir des restaurants japonais de manière irréfléchie.L'intérêt des Français pour la cuisine japonaise étant si élevé, il était naturel pour eux de visiter un restaurant japonais une fois qu'il se trouvait dans leur quartier, et ils ont donc gagné de l'argent très facilement.
Je me souviens qu'au début, ils cuisinaient avec soin et vendaient de la nourriture japonaise de manière authentique, ce qui était nouveau pour eux, car ils ne l'auraient pas préparée sans enthousiasme, mais d'autres Chinois, voyant le succès de certains d'entre eux, ont commencé à les copier et à les produire en masse.
Au début, leur stratégie a été couronnée de succès : à une époque où les restaurants japonais étaient rares, peu importait que la nourriture soit bonne ou non, les gens venaient les voir juste pour manger de la nourriture japonaise, et leurs ventes augmentaient jour après jour.
Des milliers de restaurants japonais ont ensuite vu le jour dans tout le pays, et ce n'est qu'à ce moment-là que les gens ont commencé à distinguer les vrais des faux.Les restaurants chinois de mauvaise qualité et bon marché ont fait faillite, mais ceux qui offraient une meilleure atmosphère que les autres sont toujours ouverts.Seuls les restaurants de mauvaise qualité et bon marché ont été évincés.
Les autres qui ont survécu se sont également battus pour survivre et ont dû se transformer en une cuisine japonaise plus traditionnelle, qui a toujours ses problèmes, mais au moins les restaurants artisanaux japonais sont devenus les plus reconnus et les plus chers. C'était une grande tendance qui a presque conduit à confondre la cuisine japonaise telle que les Français la connaissent avec la cuisine japonaise chinoise.
Il y a plusieurs raisons à cela : le Japon est un pays très peuplé, les Japonais ont également beaucoup immigré, ils sont fiers de leur arme, la cuisine japonaise, et ils ont ouvert de nombreux restaurants japonais ; à long terme, leurs efforts ont donc été reconnus, ce qui explique la mauvaise perception de la fausse cuisine japonaise d'origine chinoise.
La Corée est moins peuplée que le Japon et les Coréens sont plus susceptibles d'avoir de bons emplois, des emplois de haute technologie et des emplois artistiques, et ils ont tendance à ne pas essayer d'en faire une carrière, même s'ils savent à quel point leur cuisine est précieuse et précieuse.
Ce qui se passe aujourd'hui, c'est que des restaurants coréens de style chinois apparaissent partout en France, sans grande résistance.La demande d'éclipses dans le passé a été si forte que c'est une répétition de ces périodes où vous pouvez faire de l'argent même si vous ne le faites pas correctement.Si vous me demandez si la vraie cuisine coréenne est prête à se défendre contre ces faux restaurants coréens, je pense qu'ils sont moins préparés qu'ils ne l'étaient pour les éclipses passées.Ce n'est pas la faute des Coréens, loin de là.
Même si les Coréens se rendent compte que la cuisine coréenne devient populaire et qu'ils ouvrent immédiatement un restaurant, les Chinois ouvrent déjà des restaurants coréens plus rapidement.
Si vous allez dans leurs restaurants, vous verrez des plats qui n'ont rien à voir avec la Corée, déguisés en plats coréens, vendus comme des plats coréens. Je travaille dans le domaine culinaire, j'ai donc remarqué que ce plat est vietnamien, et j'ai aussi remarqué qu'il est chinois.
Les Français sont curieux de savoir ce qu'est la fameuse cuisine coréenne, ils viennent donc dans un restaurant coréen ouvert par des Chinois, et ils ne se rendent pas compte que la première cuisine coréenne qu'ils découvrent est en fait de la cuisine chinoise... Quand ils voient le pain frit qu'on leur sert dès qu'ils s'assoient, et qu'ils le regardent avec incrédulité, c'est lugubre. Pour eux, l'image de la nourriture coréenne se formera différemment, et le seul moyen de renverser cette idée fausse est d'avoir plus de restaurants coréens authentiques, mais le problème est qu'il y en a beaucoup trop peu en France.
Bien sûr, si vous allez dans un vrai restaurant coréen, vous verrez que la nourriture est incroyablement délicieuse et que tout le monde la préfère. Il y a des restaurants incroyables avec de longues files d'attente, où vous pouvez attendre pendant des heures avant de finalement entrer. Une fois que vous avez fait l'expérience de la fausse nourriture coréenne, qui n'est pas clairement reconnaissable comme de la nourriture coréenne, il est facile de se rendre compte que vous avez été trompé. S'il y avait plus de restaurants servant de la nourriture coréenne authentique, ce problème serait naturellement résolu, mais comme je l'ai dit, il y en a encore beaucoup trop peu, et la triste réalité est que beaucoup de gens sont encore coincés avec de la nourriture coréenne à saveur chinoise.
J'ai même été dans un faux restaurant coréen où l'on servait ce que l'on appelait du kimchi, mais ce n'était pas du kimchi, c'était l'un des accompagnements chinois, et j'ai protesté en disant que ce n'était pas du kimchi. Ils m'ont répondu qu'il existait de nombreux types de kimchi et que ce plat était populaire, mais j'avais déjà vu de nombreux types de kimchi dans les foires alimentaires coréennes, et j'ai dit qu'il s'agissait de nourriture chinoise, ce qui n'avait rien à voir avec les caractéristiques du kimchi, et je leur ai même dit qu'ils devraient arrêter de mentir à leurs clients et faire des affaires honnêtement.
À ce moment-là, on a dit au propriétaire du restaurant que le kimchi était une adaptation coréenne de la nourriture chinoise, que le kimchi original était cette nourriture, et que le nom kimchi était en fait un faux nom, et qu'il devrait s'appeler pao chai.
J'ai même dû leur dire que le kimchi ne contenait pas de laitue et que j'étais un ancien professeur d'alimentation et de nutrition qui dirigeait maintenant une grande école de cuisine. Ils m'ont dit qu'ils ne me vendraient pas la nourriture, mais je n'avais pas non plus l'intention de la manger. Cela s'est produit alors que je voyageais avec certains de mes étudiants qui s'intéressaient à la nourriture coréenne, et que j'essayais de leur apprendre à faire la différence entre la fausse et la vraie nourriture coréenne. Les étudiants que j'ai emmenés avec moi ont réalisé que ce problème était plus grave qu'ils ne le pensaient, et certains d'entre eux ont eu du mal à comprendre comment des aliments qui ne sont pas similaires et qui sont complètement différents peuvent être appelés coréens. L'un d'entre eux a dit que s'il avait été témoin de la falsification de la cuisine française par les Chinois, vendue comme telle, et ce d'une manière aussi sophistiquée et répandue, il aurait été scandalisé.
Encore une fois, c'est vraiment effrayant, et c'est très similaire à la façon dont les Chinois ont essayé de prendre le contrôle de l'éclipse dans le passé, non, c'est exactement la même chose, et cette fois leur pouvoir est plus fort, pas seulement en termes de prise de contrôle lente de l'éclipse par le bouche à oreille, mais vous n'avez qu'à aller sur les blogs chinois, vous n'avez qu'à aller sur leurs chaînes YouTube, et il y a des vidéos où ils disent à quel point il est facile de gagner de l'argent avec la nourriture coréenne.
J'ai même trouvé des YouTubers qui prétendent donner des conseils sur la façon de créer un restaurant coréen et qui vendent en fait aux Chinois.C'est incroyable, et c'est quelque chose qu'il faut défendre.Les Français sont très fiers, et je pense que si les Chinois essayaient de s'emparer de la nourriture française de cette façon, il y aurait des gens qui prendraient des mesures physiques. Et comme l'a dit l'un des étudiants, le comportement des Chinois qui essaient d'envahir d'autres cultures dérange les Français, et je pense que si de tels efforts sont développés, comme du matériel promotionnel, des vidéos, des articles de blog, etc. qui peuvent au moins faire la distinction entre la vraie et la fausse nourriture coréenne, de nombreux Français sympathiseront avec eux et ne fréquenteront pas les faux restaurants.La Corée devrait profiter de cette habitude des Français.
Mais les Coréens sont trop gentils, et même si un comportement radical n'est pas la bonne chose à faire, il représente parfois l'idée que les Coréens veulent protéger la nourriture coréenne. Je ne veux pas dire que les Coréens devraient être radicaux, mais ils devraient au moins montrer qu'ils essaient d'arrêter l'idée de supprimer la nourriture coréenne.
Je ne dis pas qu'ils ont tort, mais je pense qu'ils négligent le fait que les Chinois volent la nourriture coréenne plus rapidement et de manière plus organisée qu'ils ne le pensent.J'aimerais vous donner quelques conseils, et je suis française, donc je veux juste vous donner le point de vue d'une tierce personne.
J'ai récemment publié sur Reddit un article relatant mon expérience lors d'une foire alimentaire coréenne, où j'ai goûté à la nourriture coréenne et l'ai adorée, pensant qu'elle avait une très bonne composition et qu'elle serait bientôt connue par de nombreuses personnes.En tant que personne travaillant dans l'industrie culinaire, j'estime que je dois suivre la grande tendance de la nourriture coréenne. Cependant, j'ai été surprise de voir apparaître un grand nombre de faux restaurants coréens désagréables et très différents de ce que j'ai vu dans les foires alimentaires coréennes. Beaucoup de Français penseront que cette fausse cuisine coréenne est la vraie cuisine coréenne, et pour moi, qui ai connu la vraie cuisine coréenne depuis le début, cette situation est très inconfortable et désagréable.
Pensez à un sac de luxe que vous possédez, il a de la valeur en raison de sa rareté, mais si un monde inondé de marques de copie, un monde où tout le monde porte la même chose que ce sac, ce sac de luxe aura-t-il encore de la valeur ? J'espère que tous ceux qui liront cet article comprendront ce que je dis et iront dans un vrai restaurant coréen pour y goûter la nourriture et en parler autour d'eux. C'est le seul moyen pour qu'à l'avenir nous ayons accès à de la vraie nourriture coréenne délicieuse et que nous ne soyons pas apprivoisés par de la fausse nourriture coréenne.
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2024.02.15 09:00 Lo7Zed Saperlipopette

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2024.02.12 20:06 Independent_Leg_9385 La psilocybine : que dit la science?

La psilocybine est le principal agent psycoactif du genre des champignons psilocybe, qui regrouperait plus de 200 espèces. de tailles variables, les champignons psychédéliques (Psilocybine) ont généralement des chapeaux de couleur beige clair à blanc cassé ainsi que des tiges blanches à brunes, parfois avec une teinte bleuâtre. Une espèce couramment étudiée est le Psilocybe cubensis ; cherchées pour leur excitation de l’imagination et des sens, les sous-espèces “Golden Teachers” sont très appréciées au sein de cette espèce.
Parmi les champignons magiques les plus populaires et couramment utilisés aux États-Unis et en Europe, ceux contenant de la psilocybine jouent un rôle important, ils ont une histoire ancienne dans les rituels spirituels et religieux. En tant que composés actifs principaux de l’amanite tue-mouches (ne pas confondre avec le Psilocybecubensis), on retrouve la muscimole, l’acide iboténique et la muscarine. À l’encontre des suppositions habituelles, ce n’est point la psilocybine qui occupe le statut central en tant qu’élément psychotrope, mais bel et bien le muscimole.
Comment agit la psilocybine?
C’est la psilocine qui est responsable des effets hallucinogènes du champignon psilocybe. Bien qu’il existe plusieurs façons de consommer le champignon, les effets durent généralement de trois à six heures et se divisent en quatre étapes: l’ingestion, le début, le zénith et le retour.
Lors de l’ingestion par l’homme, la psilocybine est métabolisée par le corps pour créer de la psilocine par un processus de dephosphorylation.
Les hallucinations commencent généralement après 30 minutes, mais touchent à leur zénith après deux heures. Parmi ceux-ci, on recense de puissantes hallucinations visuelles, un sens déformé du temps et de la réalité, un flu augmenté des idées et une amplification profonde des émotions.
Intéressemment, plusieurs ont décrit leur expérience comme une dissolution de l’ego, expérience définie par la rupture de la frontière entre soi-même et le monde. On parle aussi souvent du souvenir de naître, d’un sentiment d’émerveillement durable et d’une expérience divine. Dans l’une des études les plus citées, plus de 80% des candidats ont décrit l’expérience comme l’une des cinq plus importantes expériences de leur vie.
Ce que la science en dit
Les effets de la psilocybine sur le cerveau humain sont mesurées par leur effets sur certains neurotransmetteurs. Les dernières recherches ont identifié un neurotransmetteur qui serait particulièrement susceptible à la psilocybineà: le recepteur 5-HT2A de la sérotonine. Ce récepteur joue un rôle clé dans les processus cognitifs.
De nombreuses maladies et troubles mentaux sont directement liés au “2A”. La sératonie, quant à elle, joue un rôle important dans la régulation des des émotions. Après une seule consommation de psilocybine, ces neurotransmetteurs deviendraient plus sensibles à certain signaux électriques, réduisant potentiellement les signaux de douleur et aidant potentiellement à réguler les émotions.
Le paysage de la recherche sur la psilocybine est actuellement vaste grâce à plus de 1000 études réalisées jusqu’à présent. Parmi ces études figurent environ 27 000 autres études portant sur les drogues hallucinogènes dans le cadre d’un corpus mondial. L’étude qui a sans doute fait le plus de remous sur la psilocybine remonte à 2006. Une étude significative en 2006 dirigée par Roland Griffiths et son équipe à l’Université Johns Hopkins, intitulée “La psilocybine peut provoquer des expériences de type mystique”, a joué un rôle décisif dans cette tendance.
L’étude s’est concentrée sur des individus intéressés par la spiritualité n’ayant jamais essayé de psychédéliques auparavant, examinant les effets de fortes doses de psilocybine. Les résultats ont montré que la psilocybineinduisait de manière fiable des expériences mystiques similaires à celles historiquement rapportées par les mystiques. Les participants ont décrit ces expériences comme étant profondément significatives sur le plan personnel et spirituel. Ces expériences mystiques sont étroitement liées aux bénéfices durables rapportés dans différentes études, caractérisées par des émotions positives, un sentiment d’unité et un renouveau du sens de la vie.
Depuis, de nombreuses recherches ont mesuré le bénéfice d’adjoindre la psylocibine à des thérapies déjà éprouvées En ordre de corroboration, les thérapies ou la psylocibine s’est montrée le plus efficace ont été :
1: Traitement contre la dépression
2: Traitement du syndrome post-traumatique
3: Traitement contre la dépendance
Article complet sur le Temps d'une Bière
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2024.02.12 20:04 Independent_Leg_9385 Que pensez-vous de la psilocybine?

Les champignons magiques provoquent beaucoup d'engouement. Est-ce que les gens s'emballent trop? Seriez-vous prêts à l'essayer?
La psilocybine est le principal agent psycoactif du genre des champignons psilocybe, qui regrouperait plus de 200 espèces. de tailles variables, les champignons psychédéliques (Psilocybine) ont généralement des chapeaux de couleur beige clair à blanc cassé ainsi que des tiges blanches à brunes, parfois avec une teinte bleuâtre. Une espèce couramment étudiée est le Psilocybe cubensis ; cherchées pour leur excitation de l’imagination et des sens, les sous-espèces “Golden Teachers” sont très appréciées au sein de cette espèce.
Parmi les champignons magiques les plus populaires et couramment utilisés aux États-Unis et en Europe, ceux contenant de la psilocybine jouent un rôle important, ils ont une histoire ancienne dans les rituels spirituels et religieux. En tant que composés actifs principaux de l’amanite tue-mouches (ne pas confondre avec le Psilocybe cubensis), on retrouve la muscimole, l’acide iboténique et la muscarine. À l’encontre des suppositions habituelles, ce n’est point la psilocybine qui occupe le statut central en tant qu’élément psychotrope, mais bel et bien le muscimole.

Comment agit la psilocybine?

C’est la psilocine qui est responsable des effets hallucinogènes du champignon psilocybe. Bien qu’il existe plusieurs façons de consommer le champignon, les effets durent généralement de trois à six heures et se divisent en quatre étapes: l’ingestion, le début, le zénith et le retour.
Lors de l’ingestion par l’homme, la psilocybine est métabolisée par le corps pour créer de la psilocine par un processus de dephosphorylation.
Les hallucinations commencent généralement après 30 minutes, mais touchent à leur zénith après deux heures. Parmi ceux-ci, on recense de puissantes hallucinations visuelles, un sens déformé du temps et de la réalité, un flu augmenté des idées et une amplification profonde des émotions.
Intéressemment, plusieurs ont décrit leur expérience comme une dissolution de l’ego, expérience définie par la rupture de la frontière entre soi-même et le monde. On parle aussi souvent du souvenir de naître, d’un sentiment d’émerveillement durable et d’une expérience divine. Dans l’une des études les plus citées, plus de 80% des candidats ont décrit l’expérience comme l’une des cinq plus importantes expériences de leur vie.

Ce que la science en dit

Les effets de la psilocybine sur le cerveau humain sont mesurées par leur effets sur certains neurotransmetteurs. Les dernières recherches ont identifié un neurotransmetteur qui serait particulièrement susceptible à la psilocybine : le recepteur 5-HT2A de la sérotonine. Ce récepteur joue un rôle clé dans les processus cognitifs.
De nombreuses maladies et troubles mentaux sont directement liés au “2A”. La sératonie, quant à elle, joue un rôle important dans la régulation des des émotions. Après une seule consommation de psilocybine, ces neurotransmetteurs deviendraient plus sensibles à certain signaux électriques, réduisant potentiellement les signaux de douleur et aidant potentiellement à réguler les émotions.
Le paysage de la recherche sur la psilocybine est actuellement vaste grâce à plus de 1000 études réalisées jusqu’à présent. Parmi ces études figurent environ 27 000 autres études portant sur les drogues hallucinogènes dans le cadre d’un corpus mondial. L’étude qui a sans doute fait le plus de remous sur la psilocybine remonte à 2006. Une étude significative en 2006 dirigée par Roland Griffiths et son équipe à l’Université Johns Hopkins, intitulée “La psilocybine peut provoquer des expériences de type mystique”, a joué un rôle décisif dans cette tendance.
L’étude s’est concentrée sur des individus intéressés par la spiritualité n’ayant jamais essayé de psychédéliques auparavant, examinant les effets de fortes doses de psilocybine. Les résultats ont montré que la psilocybineinduisait de manière fiable des expériences mystiques similaires à celles historiquement rapportées par les mystiques. Les participants ont décrit ces expériences comme étant profondément significatives sur le plan personnel et spirituel. Ces expériences mystiques sont étroitement liées aux bénéfices durables rapportés dans différentes études, caractérisées par des émotions positives, un sentiment d’unité et un renouveau du sens de la vie.
Depuis, de nombreuses recherches ont mesuré le bénéfice d’adjoindre la psylocibine à des thérapies déjà éprouvées En ordre de corroboration, les thérapies ou la psylocibine s’est montrée le plus efficace ont été :

1: Traitement contre la dépression

2: Traitement du syndrome post-traumatique

3: Traitement contre la dépendance

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2024.01.21 11:04 miarrial Aventureux Hollandais Des marchands à la découverte du monde

Aventureux Hollandais Des marchands à la découverte du monde
Lien
Même les Romains n’avaient pas daigné s’y aventurer. Les Pays-Bas occupent l’un des territoires les plus inhospitaliers d’Europe occidentale, entre mer du Nord, lagunes, bras de rivière et marécages salés, sous un climat froid et humide. Il n’empêche que leurs habitants, à force de travail et de persévérance, ont réussi à en faire un havre de prospérité et de richesse sans guère d’équivalent dans le monde. Cette fortune, ils ne la doivent pas aux maigres ressources de leur sol mais à leur bosse du commerce et à leur sens du collectif.
Expédition dans une mer agitée, Salomon van Ruysdael, 1670
Joignant leurs forces, ils ont d’abord tiré d’immenses profits en achetant de la laine à leurs voisins d’Outre-Manche puis en la transformant en tissus de qualité exportés dans toute la chrétienté médiévale. Ensuite, quand les Portugais ont ouvert de nouvelles routes maritimes vers les terres à épices, ils se sont jetés sur leurs traces et se sont emparés de ce marché ô combien fructueux.
Ils ont alors gagné à la pointe de l’épée leur indépendance face à leur traditionnel suzerain, les Habsbourg d’Espagne. Ils ont aussi avec leur marine, pendant deux générations, au XVIIe siècle, tenu tête à la puissance montante anglaise et exploré toutes les parties du monde, de la Nouvelle-Zemble à la Tasmanie. Témoignant entre eux d’une extrême civilité et de manières raffinées, ils ont exploité avec une brutalité sans égale les habitants de leurs lointaines colonies jusqu’au début du XXe siècle.
L’empire colonial hollandais est une success story exceptionnelle dans l’histoire des empires maritimes et il soulève plusieurs questions. Comment un si petit pays, si pauvre en ressources, a-t-il pu devenir une telle puissance ? Comment l'empire néerlandais se compare-t-il aux autres entreprises impériales ?
Louis le Pieux (à droite) bénissant la division de l'Empire carolingien, Chroniques des rois de France, XVe siècle

La naissance d’une nation : les Provinces-Unies

Au Moyen Âge, les actuels Pays-Bas ainsi que la Belgique étaient formés de comtés ou seigneuries indépendantes, sous la suzeraineté du Saint-Empire germanique et du roi de France.
Par une bizarrerie héritée du partage de l’empire carolingien au traité de Verdun (843), les Flandres, à l’ouest, relevaient du roi de France cependant que des régions en partie francophones comme le duché de Brabant, le comté de Hainaut et le comté de Namur étaient rattachées au Saint-Empire, de même qu’au nord, les comtés de Hollande, de Zélande et Gueldre, de langue néerlandaise.
Du XIIe au XIVe siècle, ces provinces néerlandaises étaient bien moins riches et urbanisées que leurs voisines méridionales, lesquelles connurent un développement économique unique en Europe du Nord. La Flandre tissait la laine venue d’Angleterre et exportait sa draperie dans toute l’Europe via la Hanse et les foires de Champagne cependant que l’actuelle Wallonie disposait d’une industrie métallurgique florissante.
Au XVe siècle, au gré des mariages, les différents duchés et comtés de la région furent unifiés par les ducs de Bourgogne. De cette époque date l’expression « pays bas » qui sert à distinguer les possessions belgo-hollandaises de la Bourgogne française. À la mort du dernier duc, Charles le Téméraire (1477), les Habsbourg héritent des Pays-Bas bourguignons par le jeu des alliances dynastiques.
Le filage de la laine à Leyde, Isaac Claesz van Swanenburg, vers 1595, musée du Drap de Leyde
Après l’abdication de Charles Quint, les Pays-Bas passent sous l’autorité de son fils Philippe II, le très catholique roi d’Espagne. Les relations avec Madrid se dégradent avec la diffusion de la Réforme protestante dans les provinces du nord.
L'exécution des comtes d'Egmont et de Horn, Frans Hogenberg, Paris, BnF, Gallica
Le 5 juin 1568, le duc d'Albe, vice-roi des Pays-Bas, fait exécuter les comtes d'Egmont et de Hornes sur la Grand'Place de Bruxelles sous le prétexte qu'une agression aurait été perpétrée par les calvinistes contre des lieux catholiques. Ces exécutions, qui viennent après beaucoup d'autres, entraînent une rupture définitive entre le souverain espagnol et ses sujets bataves…
Il s’ensuit une scission entre la future Belgique et les Pays-Bas. Rassemblées dans l’Union d’Arras, les provinces du sud restent fidèles au catholicisme et à la couronne espagnole tandis que celles du nord adoptent le calvinisme et rompent avec Madrid, au sein de l’Union d’Utrecht.
Au terme d’une « guerre de Quatre-Vingts ans », ces dernières voient leur indépendance reconnue par les traités de Westphalie, en 1648, sous le nom de Provinces-Unies. Sous la forme inédite d’un État fédéral de sept provinces de forme républicaine, elles sont à cette date déjà devenues une grande puissance industrielle et maritime.
Allégorie illustrant la trêve de 1609 entre le roi Philippe III d'Espagne et les Provinces-Unies, premier pas vers l'indépendance des Pays-Bas du Nord, Theodoor van Thulden, 1650, musée des Beaux-Arts de Quimper

L’Âge d’or des Provinces-Unies

Profitant du déclin de l’Espagne, du morcellement du Saint-Empire et des crises politiques en France et en Angleterre, les Provinces-Unies connaissent leur Âge d’or au XVIIe siècle. Fortes de leur tradition libérale, elles accueillent des réfugiés de toute l’Europe, en particulier des juifs et des protestants.
Faïences de Delft et console Louis XIV du cabinet du Roi, Château de Vaux-le-Vicomte
Longtemps dans l’ombre de sa voisine du sud, l’industrie hollandaise est en plein essor. Parmi ses fleurons figure la poterie émaillée produite à Delft à partir de 1584 et dont le succès repose sur le « bleu de Delft » imité de la porcelaine chinoise. En 1670, il y a 28 usines de faïence rien qu'à Delft, et d’autres à Haarlem, Rotterdam, Gouda et Dordrecht.
Par ailleurs, au milieu du XVIIe siècle, Leyde est le plus grand centre européen de fabrication de lainages, comme Haarlem l'est pour le lin. Les étoffes hollandaises, en particulier la laine peignée et le lin, alimentent le commerce colonial et sont expédiées vers les Amériques et l'Afrique en échange de produits exotiques et d’esclaves.
Les campagnes ne sont pas en reste avec le développement d'un système international par lequel le bétail élevé au Danemark était expédié aux Pays-Bas pour y être engraissé en vue de l'abattage. La renommée du fromage et du beurre hollandais est déjà attestée par la littérature de l'époque. Facilement transportable et nutritif, l’édam s’exporte dans toute l’Europe et même en France !
Vue intérieure d'une cour, Jan van Buken, vers 1690

Les grandes heures de la marine hollandaise

La prospérité des Provinces-Unies repose en premier lieu sur la puissance de sa marine. Pour sécuriser le commerce maritime, vital pour l’économie du pays, et protéger les Pays-Bas d’un débarquement espagnol, les Hollandais constituent, dès la guerre d’Indépendance, une puissante flotte de guerre.
Don Fernando Girón y Ponce de León dirige la défense de Cadix contre l'attaque de la flotte anglaise sous Sir Edward Cecil, plus tard Ier vicomte Wimbledon, le 1er novembre 1625, Francisco de Zurbarán, vers 1634, Madrid, musée du Prado
Ils remportent une première victoire en juillet 1596, quand 54 navires hollandais et 96 navires de la Royal Navy anglaise mettent au pillage le grand port de Cadix en Espagne. C’est l’une des pires défaites espagnoles et une perte sèche de 5 millions de ducats.
Cet épisode témoigne cependant de la civilité hollandaise car même si les troupes pillèrent la ville, elles épargnèrent en très grande partie à la population les horreurs habituelles de la guerre : « Ils ont très bien traité les gens et en particulier les femmes, sans les offenser en aucune façon. » (Lope de Valenzuela). Neuf ans plus tard, la marine hollandaise détruit la flotte espagnole à Gibraltar, et cette fois, sans le concours des Anglais !
La bataille du golfe de Cadix, Aert Anthoniszoon, Amsterdam, Rijksmuseum
En seulement quelques décennies, les Provinces-Unies édifient l’une des premières marine de commerce du monde. À l’origine de ce succès, un navire de trois mats aux voiles carrées : la flûte, ou fluyt.
Le coup de canon, Willem van de Velde the Younger, 1680, Amsterdam, Rijksmuseum
Contrairement à ses concurrents, il n'est pas conçu pour être converti en navire de guerre en cas de conflit et est spécialement construit pour faciliter la livraison transocéanique. Résultat : il permet de transporter une cargaison deux fois plus importante et nécessite un équipage réduit. Quant à son coût de production, il est deux fois moindre que celui des autres navires.
La flûte donne un avantage concurrentiel majeur aux Provinces-Unies. En 1670, la marine marchande néerlandaise représente 568 000 tonneaux, soit environ la moitié du total européen. Leurs alliés d’hier s’en émeuvent. À la suite de l’Acte de Navigation édicté en 1651 par Cromwell et réservant aux seuls navires britanniques le droit d'entrer dans les ports de Grande-Bretagne, la guerre est déclarée avec l’Angleterre. Il y en aura quatre entre 1652 et 1784.
Durant ces conflits, la marine néerlandaise réussira à plusieurs occasions à tenir tête à la Royal Navy, comme lors de la bataille des Quatre Jours (1666) ou le raid sur la Medway (1667).
Durant la guerre de Hollande, quand les Provinces-Unies se voient attaquées également par la France du Roi-Soleil, elle s’illustre en triomphant des flottes françaises et anglaises, pourtant largement supérieures en nombre, durant la bataille de Texel (1673). Ces victoires ont pour artisan l’un des plus grands amiraux de l’Histoire : Michel de Ruyter.
Mais la marine de guerre hollandaise manque d’unité dans son commandement, chaque province ayant ses propres navires de guerre et ses amiraux. Et à partir du XVIIIe siècle, de mauvaises finances publiques et le ralentissement de l’activité économique empêchent la modernisation de la marine des Provinces-Unies. En quelques décennies, celle-ci perdra toute influence dans le jeu politique européen.
Le Goulden Leeuw à la bataille du Texel, août 1673, Abraham Storck puis Willem van de Velde the Younger, Londres, National Maritime Museum

D’aventureux explorateurs

Dès avant le XVIIe siècle, les armateurs hollandais lancent des expéditions en vue d’ouvrir de nouvelles routes maritimes qui permettraient de contourner le monopole hispano-portugais en Amérique et en Asie. Ils vont ainsi découvrir quantité de territoires inconnus des Européens.
Carte des voyages de Barents, 1601, Journal de Jan Huyghens van Linschoten
Le pionnier est Willem Barents. Tentant en 1594 de gagner l’Asie par le passage du Nord-Est, le Hollandais explore les eaux du Grand Nord. Son périple le conduit jusqu’en Nouvelle-Zemble (Russie actuelle) où son équipage est le premier à survivre à un hiver polaire. Mort durant son expédition, Barents laissera son nom à la mer qu’il fut le premier à cartographier.
En 1600, le navigateur hollandais Sebald de Weert découvrit les îles Malouines (Faklands) et en 1606, Willem Janszoon, commandant du Duyfken, effectuait le premier débarquement européen documenté en Australie, sur la rivière Pennefather, près de la ville moderne de Weipa, sur le cap York, face à la Nouvelle-Guinée.
Les Néerlandais ont pu cartographier l'ensemble des côtes ouest et nord de l’Australie et ont nommé l'île-continent « Nouvelle Hollande » au XVIIème siècle, mais ne firent aucune tentative de colonisation. La côte Nord de l’Australie fut explorée plusieurs fois en 1623, tandis que la côte Sud le fut en 1627.
Le dernier voyage d'Henri Hudson, John Collier, 1881, Londres, Tate Britain
Anglais au service des Pays-Bas, Henry Hudson se lance quant à lui à la recherche du mythique passage du Nord-Ouest entre Atlantique et Pacifique. S’il échoue dans sa quête, il découvre en 1609 sur le continent nord-américain un fleuve, baptisé plus tard en son honneur, et à l’embouchure duquel sera créée la Nouvelle-Amsterdam, future New York. À sa suite, Adriaen Block explore Long Island et le Connecticut. Il sera le premier Européen à établir des contacts avec les autochtones de la région.
En 1610, le navigateur Hendrik Brouwer tente de trouver une nouvelle route maritime reliant le cap de Bonne-Espérance à Java. Plutôt que de longer les côtes africaines et indiennes comme le font les Portugais, le Hollandais traverse l’Océan Indien en profitant des forts vents d'ouest, surnommés depuis les « Quarantièmes rugissants ». Cette nouvelle route permet de réduire de moitié la durée du voyage entre l’Europe et Java.
En 1616, à la pointe de l’Amérique du Sud, Jacob Le Maire et Willem Schouten parviennent à passer le cap Horn, nommé ainsi en l’honneur de la ville hollandaise de Hoorn qui avait financé leur expédition. Dans la suite de leur voyage, ils découvrent Tonga et plusieurs îles de Papouasie-Nouvelle Guinée.
Une vue de la Baie des Meurtriers, première impression européenne du peuple maori, réalisée par Isaack Gilsemans, artiste d'Abel Tasman, 1642
En 1642, Abel Tasman quitta l’île Maurice, ainsi nommée en l’honneur du Stathouder (gouverneur) Maurice de Nassau, et le 24 novembre, découvrit la Tasmanie. La même année, il découvrit la Nouvelle Zélande et en 1643 l’archipel des Fidji. La même année, en 1643, Martin Gerritz de Vries, fut le premier Européen à visiter l’île Sakhaline et les îles Kouriles, au nord du Japon.
Cette série d’explorations se poursuivra au XVIIIe siècle avec la découverte par Jakob Roggeveen de l'île de Pâques le 5 avril 1722 et des Samoa le 14 juin de la même année.
Une représentation de la Nouvelle-Amsterdam réalisée en 1664 par Johannes Vingboons, année de la conquête anglaise menée par le colonel Richard Nicolls

Un « empire » à deux visages

L’empire colonial des Provinces-Unies se démarque de ses rivaux espagnol, portugais, anglais et français sur plusieurs aspects. Contrairement à leurs concurrents, les Hollandais agissent de façon purement commerciale, sans véritable projet politique.
Ils ne cherchent ni à convertir les populations indigènes, ni à conquérir de vastes terres pour y fonder des colonies de peuplement, à l’exception de la colonie du Cap, fondée le 5 avril 1672, et de l’éphémère Nouvelle-Amsterdam. En termes de structure administrative, la longue chaîne de colonies hollandaises le long des côtes d'Asie, d'Afrique et d'Amérique était quelque chose entre une diaspora commerciale et un empire territorial.
Une autre particularité de cet empire est d’avoir été entièrement mis en œuvre et administré par deux compagnies à charte : la Compagnie des Indes orientales (VOC) et la Compagnie des Indes occidentales (GWC).
Un navire de la VOC arrivant au Cap, Collection Iziko William Fehr, Le cap, Château de Bonne Espérance

La Compagnie des Indes orientales (VOC) à la conquête des épices asiatiques

La première de ces deux compagnies à voir le jour est la Compagnies des Indes Orientales (Vereenigde Oostindische Compagnie), fondée le 20 mars 1602 par la consolidation de plusieurs compagnies commerciales rivales qui existaient depuis 1594. Son statut lui confère non seulement le droit de faire du commerce en Asie mais aussi de faire la guerre, négocier la paix et établir des colonies, en totale autonomie.
En 1610, la VOC prend pied à Batavia (actuelle Jakarta), sur l’île de Java, où elle installe son siège. En quelques années, les Néerlandais vont déposséder les Portugais de leurs comptoirs de Malacca (Malaisie), des Moluques (Indonésie) et de Ceylan (Sri Lanka) pour y installer les leurs et mettre ainsi la main sur les principaux réseaux commerciaux asiatiques. C’est la VOC qui fonde en 1652 la colonie sud-africaine du Cap, afin de servir d’étape lors des voyages Europe-Asie, pour le ravitaillement des navires.
Comptoir de a Compagnie néerlandaise des Indes à Hooghly, Bengale, Hendrik van Schuylenburgh, 1665, Amsterdam, Rijksmuseum
La compagnie obtient un monopole sur le commerce de certaines épices comme la noix de muscade, utilisée pour la conservation de la viande, et la cannelle, lui assurant des bénéfices substantiels. La majeure partie de la production provient des « îles à épices » des Moluques, à l’extrême est de l’Indonésie.
La VOC fait également le commerce de la soie, de la porcelaine, de la laque japonaise, du thé, du café et du coton. La VOC ne se soucie pas de cultiver elle-même le café et les épices. Elle s’en remet pour cela aux élites dirigeantes javanaises de Bandung et des environs.
La vocation commerciale de la VOC ne doit pas cacher néanmoins sa brutalité. Par exemple, en 1621, lors de la conquête des îles Banda, en Indonésie, dirigée par l'officier VOC Jan Pieterszoon Coen, la quasi-totalité de la population a été tuée par les forces néerlandaises. Certains Indonésiens ont également été déportés vers la capitale de l'époque, Batavia, pour servir d’esclaves.
Au Japon, les marchands hollandais sont les seuls Occidentaux autorisés à commercer par le shogun (maire du palais) car, à la différence des Portugais, ils ne se soucient pas de convertir les élites au christianisme. C’est ainsi qu’ils introduisent dans l’archipel nippon le café, le chou, les tomates, la bière ou encore le billard.
Le succès de la compagnie est si important qu’en 1650, ses actions se vendent à près de cinq fois leur valeur d'origine. Premier employeur privé des Pays-Bas avec 25000 personnes en 1750, la VOC décline à partir du XVIIIe siècle. Sa mauvaise gestion associée à une corruption endémique entraînera sa faillite en 1799, peu après l’invasion française des Pays-Bas.

La Compagnie des Indes occidentales (GWC) et le commerce transatlantique

De manière assez surprenante, le premier produit qui fut transporté massivement entre le Nouveau Monde et la Hollande ne fut pas le tabac, le sucre ou le coton, mais le sel, principalement pour des raisons politiques plutôt que commerciales. Le sel était un conservateur largement utilisé et une source importante de sel était Setúbal au Portugal, où de grandes quantités de sel de mer étaient extraites. Vers la fin du XVIe siècle, le roi d'Espagne décida de fermer les ports espagnols et portugais aux navires du nord des Pays-Bas, ce qui mit fin aux approvisionnements en sel de Setúbal.
La Compagnie des Indes Occidentales (Geoctroyeerde Westindische Compagnie) est créée en 1621 par des marchands d’Amsterdam opposés au monopole de la VOC et désireux d’atteindre l’Asie sans passer par ses routes commerciales. Plusieurs directeurs de la VOC n’en investirent pas moins dans la nouvelle Compagnie.
Le siège de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales à Amsterdam en 1655
Dans le Nouveau Monde, la GWC entreprend une forme de colonisation plus traditionnelle en cherchant à spécialiser des territoires dans la production de denrées alimentaires, notamment le sucre, et en faisant appel à des esclaves africains. En 1624, les Provinces-Unies tentent de s’implanter dans le nord-est du Brésil. L’expérience de la Nouvelle-Hollande brésilienne s’avère rapidement un échec et les Hollandais sont chassés du territoire par les Portugais et doivent se replier sur le Surinam (Guyane) ainsi qu’aux Antilles.
Leur expulsion du Brésil eut une conséquence majeure dans l'histoire des Antilles où ils développèrent la culture de la canne à sucre. C’est pourquoi par exemple on trouve de nombreux moulin à vent pour broyer la canne en Guadeloupe et en Martinique. Les économies des Antilles néerlandaises (Saint-Martin, Saba, Saint-Eustache, Aruba, Bonaire et Curaçao) seront surtout basées la contrebande de marchandises et d'esclaves.
Navires négriers hollandais et anglais devant l'île Saint-Eustache, Îles du Vent, anciennes Antilles néerlandaises, 1763
Saint-Eustache illustre la mentalité mercantile néerlandaise de l’époque. En effet, cette petite île de 25 km² devint la plaque tournante de tout le commerce interlope avec les Antilles françaises et anglaises, sans respect des monopoles ou du droit de pavillon. En 1779, elle exportait 24 millions de livres de sucre, 9 millions de livre de café et 13 millions de livres de tabac, bien plus que sa petite surface cultivable ne permettait de produire. Elle permit aussi aux Treize Colonies américaines de s'approvisionner en armes au moment de leur indépendance.
Parallèlement, on l’a vu, les Hollandais s’établirent en Amérique du Nord, entre la Virginie et la Nouvelle-Angleterre. Cette colonie nommée Nouvelle-Néerlande et dont la tête de pont est la Nouvelle-Amsterdam, ne dépassa pas les 9000 habitants. Elle fut conquise par les Britanniques en 1664 et rebaptisée New York.
Les déconvenues américaines des Pays-Bas s’expliquent d’abord par leur faiblesse démographique. Peuplées d’à peine 2 millions d’âmes, les Provinces-Unies étaient loin de pouvoir rivaliser en termes d’émigration de masse avec la France, l’Angleterre et l’Espagne.
Ne connaissant pas le succès de son équivalent oriental, la GWC fut dissoute en 1675. Reconstituée l’année suivante, elle perdit la plupart de ses possessions au profit de la Grande-Bretagne, l’État néerlandais n'étant pas disposé à financer de façon permanente son administration et sa défense. Elle disparut elle aussi à la fin du XVIIIe siècle.
Nicolas Pieneman, La soumission de Diepo Negoro au lieutenant-général Hendrik Merkus, baron de Kock, 28 mars 1830, qui a mis fin à la guerre de Java (1825-1830), Amsterdam, Rijksmuseum

Mutation et fin de l’empire néerlandais

À l’issue des guerres napoléoniennes, les Pays-Bas ont dû céder leur colonie du Cap au Royaume-Uni. En 1824, avec le traité anglo-néerlandais, ils cèdent Malacca et leurs bases en Inde. En 1871, enfin, toutes les possessions néerlandaises de la Gold Coast (Afrique) ont été vendues à la Grande-Bretagne.
Cependant, au XIXe siècle, il n’est plus anachronique de parler d’empire car la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales ayant été dissoute en 1791, ses colonies du Surinam et des Antilles ont été placées sous la tutelle directe de la monarchie. Les Pays-Bas n’y aboliront l’esclavage qu’en 1863, longtemps après le Royaume-Uni et la France, ce qui témoigne de l’approche brutale de la question coloniale par le gouvernement néerlandais.
En Asie, les colonies de la VOC sont nationalisées en 1800 sous le nom d'Indes orientales néerlandaises. Craignant l’immixtion d’autres puissances dans leur pré-carré indonésien, les Hollandais étendent leur contrôle sur le territoire javanais, provoquant entre 1825 et 1830 une guerre extrêmement meurtrière.
De même en Asie, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales en faillite ayant été dissoute le 1er janvier 1800, ses possessions territoriales ont été nationalisées sous le nom d'Indes orientales néerlandaises. Le gouvernement a entrepris dès lors de soumettre l’ensemble de l’archipel au prix d’expéditions militaires brutales. Après la « pacification » de Java, ce fut le tour de Sumatra, Bornéo et des autres îles de l'archipel indonésien. La conquête définitive de toute l’Indonésie ne s’achèvera qu’au début du XXe siècle.
En 1942, l’archipel tombe aux mains des Japonais. Au lendemain de la capitulation nippone, l’indépendance de l’Indonésie est proclamée. Il faudra quatre ans de guerre et près de 100 000 morts civiles et militaires, pour qu’Amsterdam reconnaisse la fin de sa souveraineté sur l’île.
Après l’indépendance du Surinam en 1974, le reliquat de l’empire hollandais se limite à six îles des Antilles : Curaçao, Aruba, Sint Maarten, Bonaire, Saint-Eustache et Saba. Les trois premières disposent de leur propre gouvernement et d’une certaine forme d’autonomie. Les trois autres ont le statut de municipalités ordinaires et sont soumises aux lois néerlandaises.
Les Pays-Bas ont tourné la page de l’épopée coloniale. Celle-ci reste néanmoins très perceptible dans le pays comme l’attestent les importantes diasporas originaires des Antilles, de Surinam et d’Indonésie… ainsi que la popularité du « Rijsttafel », plat typique indonésien. Les exploits des navigateurs hollandais, tant des marchands que des combattants, sont quant à eux à découvrir dans le magnifique Musée maritime d’Amsterdam.
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2024.01.17 12:42 miarrial Quand les Français exploraient le monde Les Amériques et le Pacifique

Quand les Français exploraient le monde Les Amériques et le Pacifique
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Au XVIe siècle, la rencontre entre les Européens et les peuples du Nouveau Monde fut brutale, d’autant plus meurtrière que s’immisça le fléau des épidémies. La variole amenée par les Européens et contre laquelle les Amérindiens n’étaient pas immunisés entraîna en une ou deux générations la disparition des trois quarts d’entre eux. Mais cette rencontre fit aussi prendre conscience aux Européens, et en premier lieu aux penseurs français, de l’infinie diversité de la condition humaine.
Entrée du roi Henri II à Rouen en 1550 ; fête des cannibales (bibliothèque de Rouen)
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« Mais quoi, ils ne portent point de hauts-de-chausses ! » Cette réflexion ironique et amusée conclut le passage des Essais sur la rencontre de Montaigne avec trois Indiens du Brésil, à Rouen, en 1562. Décrivant les mœurs cruelles des « cannibales », l'écrivain ajoute : « Je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté : sinon que chacun appelle barbarie, ce qui n’est pas de son usage ».
Cette démarche sera reprise un siècle et demi plus tard par Montesquieu dans les Lettres persanes (1721). Ses deux héros, Usbek et Rica, par leur questionnement sur la société française, amènent les lecteurs à remettre en question leurs certitudes. Pour Montaigne comme pour Montesquieu, il s’agit non pas de condamner ou réprouver mais simplement de faire progresser des pratiques figées dans l’habitude et la routine. En prévenant les Occidentaux contre le péché d’arrogance et le sentiment qu’ils n’ont rien à apprendre de quiconque, l’ouverture aux sociétés étrangères devient un moteur de l’innovation. Elle s’avère efficace si l’on en juge par la liste des emprunts étrangers dans les sociétés de la Renaissance et du siècle des Lumières, depuis le tabac, originaire du Brésil, jusqu’au recrutement des hauts fonctionnaires par concours, selon la pratique chinoise du mandarinat.
Les penseurs des Lumières, au XVIIIe siècle, ont su aussi observer les autres peuples, tantôt avec dégoût ou admiration, toujours avec étonnement, à l'image du peintre Jean-Baptiste Vanmour à la cour de Constantinople. C'est le temps des grands voyages d'exploration à but non plus uniquement militaire ou commercial mais également scientifique. Les circumnavigateurs français et anglais (Bougainville, Cook, Lapérouse, etc.) s'empressent de coucher dans leurs carnets de route leurs observations sur les peuples rencontrés, bien conscients qu’elles allaient être consultées par les grands esprits de l'époque. Le XVIIIe siècle est en effet celui de l'étude de l'Homme, à la fois dans sa singularité et dans sa diversité. Les voyageurs croient trouver au-delà des mers l'« état de nature » décrit par Rousseau de façon purement théorique : les Tahitiens ne seraient-ils pas de « bons sauvages » vivant dans un pays paradisiaque et ignorant la propriété, la violence, le besoin ?
Malgré les mises au point de Bougainville puis de Diderot, le mythe prend de l'ampleur, faisant des Polynésiens les représentants d'une humanité primitive idéale. Cette empathie pour l’Autre se prolongera jusqu’à la moitié du XIXe siècle. Ainsi en attestent les peintures de la société algérienne par Fromentin et Delacroix et les écrits de voyageurs en Orient, de Chateaubriand à Nerval, qui montrent les uns et les autres une sincère estime pour ces sociétés orientales et musulmanes.
Mariage turc, détail, JB Vanmour (1671-1737), Rijksmuseum

Les Français et l’Amérique

- Le port de Dieppe à l’origine des explorations
Ce sont les navigateurs dieppois qui vont mener les premières explorations maritimes à l’extérieur de l’Europe. Situé à l'embouchure d'une vallée normande, le port de Dieppe pratique depuis le Moyen Âge la pêche hauturière. En marge de cette activité, il développe l'artisanat de l'ivoire à partir des dents de cachalot. En 1282 et 1385, des navigateurs dieppois auraient été les premiers Européens à accoster en Côte d'Ivoire, aussi appelée Côte des Dents, en vue d'y charger des défenses d'éléphant pour leurs ateliers d'art.
Buste d’indien sculpté sur l’un des piliers de l’église de Varengeville-sur-Mer
Au XVIe siècle, un armateur dieppois va jouer un rôle majeur dans la découverte du continent nord-américain : Jean Ango. Il se lance d’abord dans la guerre de course et affrète des vaisseaux pour intercepter les navires espagnols ou portugais revenant de leurs colonies africaines ou sud-américaines.
Grâce à cette activité, il acquiert une fortune colossale et l’amitié de François Ier. Dès, lors il peut organiser des explorations vers des horizons lointains. En 1508, Ango subventionne l’expédition du navigateur dieppois Jean Aubert qui atteint l’ouest de Terre-Neuve. Celui-ci sera le premier Européen à entrer en contact avec des indigènes d’Amérique du Nord. Sept d’entre eux, issus de la tribu des Micmacs, sont même amenés en France avec leurs armes, leurs canoës et leurs tenues traditionnelles. Aussitôt baptisés, ils éveillent un vif intérêt auprès de la population.
C’est également Ango qui finance en 1524 l’épopée du Florentin Giovanni da Verrazzano, lequel reconnaît les côtes américaines depuis la Caroline du Nord jusqu’à Terre-Neuve. Le navigateur découvre au passage la baie qu’il nomme « Nouvelle-Angoulême » et qui deviendra plus tard… New York !
Toutes les connaissances acquises au cours de ces multiples voyages permettent de dresser des cartes marines et des portulans d’une grande précision pour l’époque. C’est la naissance de la très réputée école d’hydrographie de Dieppe, fondée par Pierre Desceliers entre 1540 et 1558, dont les travaux accompagneront des générations de pilotes à travers le monde. Les artisans dieppois passent par ailleurs maîtres dans l’art de confectionner des boussoles et autres instruments de navigation.
Carte du monde réalisée à Arques par Pierre Desceliers en 1550, Londres, British Library
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- Cartier et Champlain découvrent le Canada
Jacques Cartier débarque à Gaspé en 1534 (oeuvre de Charles Fouqueray, 1869–1956)
La recherche du mythique passage du Nord-Ouest entre Atlantique et Pacifique va conduire les explorateurs français à découvrir le Canada et le centre des États-Unis. Le premier à y parvenir est le Malouin Jacques Cartier. En 1535, un an après avoir atteint la Gaspésie, il pénètre dans l’embouchure du Saint-Laurent qu’il remonte sur près de 1000 kilomètres. C’est lui qui donne son nom au Canada, d’après un mot iroquois. De son voyage, il ramène en France un chef iroquois, Donnacona, qui sera présenté à plusieurs reprises à François Ier.
Déçu par les résultats des expéditions, le roi de France va se détourner des aventures coloniales. Il faut attendre Samuel de Champlain pour que soit relancée la colonisation du Canada. Celui-ci poursuit l'exploration du pays et fonde en 1608 la ville de Québec. Le Français aura traversé au total 21 fois l'Atlantique, un record pour l'époque !
Hostile aux traitements que les Espagnols réservent aux Amérindiens, Champlain se montre particulièrement attentif aux indigènes qu’il tente de convertir au christianisme. Intitulé Des Sauvages (terme non-péjoratif à l’époque), le récit de ses voyages dans lequel il décrit les mœurs des autochtones, contribue à la fascination des Européens pour le Nouveau Monde. Extrait : « Leurs cabanes sont basses, faites comme des tentes, couvertes de la dite écorce d’arbre [bouleau]. [Ils] laissent tout de haut recouvert comme d’un pied, d’où le jour leur vient, et font plusieurs feux droits au milieu de leur cabane, où ils sont quelques fois dix ménages ensemble. Ils couchent sur des peaux, les uns parmi les autres, les chiens avec eux. Ils étaient au nombre de mille personnes tant hommes que femmes et enfants. Le lieu de la pointe Saint-Mathieu où ils étaient cabanés, est assez plaisant. Ils étaient au bas d’un coteau plein d’arbres, de sapins et cyprès. »
- Cavelier de La Salle descend le Mississippi
La dernière grande épopée française en Amérique du Nord sera l’œuvre de René-Robert Cavelier de La Salle. Depuis ses plus jeunes années, l’homme n’a qu’un rêve : explorer la Chine et l'atteindre... par les Grands Lacs canadiens !
Sauvage Iroquois (Encyclopédie des Voyages..., Jacques Grosset de Saint-Sauveur. Paris, Delroy, 1796)
À 24 ans, il rejoint son frère, prêtre sulpicien établi en Nouvelle-France et devient un bon connaisseur des Iroquois dont il parle la langue. Son opiniâtreté finit par payer et il obtient en 1678 des lettres patentes de Louis XIV qui lui donnent le « privilège de découvrir la partie occidentale de l’Amérique » en descendant le Mississippi qui traverse le continent nord-américain du nord au sud.
Le départ est donné près de lac Michigan le 16 décembre 1681. Un total de 54 personnes participent à l'aventure. Parmi elles, figurent 24 Français mais aussi 28 Indiens abénaquis. L'expédition descend le fleuve à bord d'une douzaine de canots en écorce d'orme. Le 6 avril 1682, au terme de 1500 kilomètres de navigation, elle atteint le golfe du Mexique. L’explorateur prend possession de cette très vaste région au nom de Louis XIV qu’il baptise « Louisiane », en l'honneur du Roi-Soleil. Celui-ci jugera cependant l’annexion « fort inutile »
En Amérique, les Français vont s’illustrer par leurs bons rapports avec les autochtones. Au Brésil, dans la baie de Guanabara, où Coligny implante en 1555 une très éphémère colonie française (« la France antarctique »), l’amiral Nicolas Durant de Villegagnon fait tout son possible pour établir des relations fraternelles avec les Amérindiens dans une communauté binationale, à la différence des Portugais qui occupent d'autres parties de la côte.
Même chose quelques années plus tard en Floride où le Dieppois Jean Ribault entretiendra d’excellentes relations avec les Timucuas qu’il refusera de déporter.
En Nouvelle-France, les relations entre Français et Indiens, fondées sur l'échange économique, débouchent parfois sur des unions. Ainsi naît une population métisse très habile au commerce des fourrures. Rien à voir avec les pratiques des colonies anglaises voisines : les Européens de ces colonies, beaucoup plus nombreux, se vouent avant toute chose à la mise en culture des terres et n'attendent rien des Indiens, sinon qu'ils leur cèdent des territoires, le plus souvent par la transaction à l'amiable, parfois par la guerre.
Issus des unions entre trappeurs et Amérindiennes, les « Métis » sont aujourd'hui au nombre de quelques centaines de milliers dans les plaines centrales du Canada ; ils sont reconnus comme l'un des peuples autochtones de la Fédération, à côté des Amérindiens et des Inuits !

Découvrir le monde au temps des Lumières

- La Condamine, précurseur d’Humboldt
Charles Marie de la Condamine (Paris, 28 janvier 1701 ; 4 février 1774), 1753, pastel de Maurice Quentin de la Tour)
Au XVIIIe siècle, les mouvements encyclopédistes vont encourager à laisser libre cours à la curiosité pour étendre les connaissances.
En 1735, l’Académie des sciences lance deux expéditions géodésiques. Leur but : vérifier la forme réelle de la Terre. Les savants sont en effet divisés sur la question. Derrière Newton, les uns postulent que le globe est aplati aux pôles et enflé à l’équateur. Les autres soutiennent le contraire. Pour s’en assurer, il n’est qu’une solution : prendre des mesures précises d’un arc de méridien au cercle polaire et à l’équateur.
Une expédition conduite par le mathématicien Maupertuis est envoyée en Laponie.
Relation du voyage de La Condamine sur le fleuve les Amazones (1743)
Une autre, dirigée par Charles de La Condamine et comprenant également le médecin Joseph de Jussieu et l’astronome Pierre Bouguer se rend en Amérique du Sud avec l’autorisation du roi d’Espagne Philippe V (petit-fils de Louis XIV). Les Français seront ainsi les premiers non-Espagnols à explorer la cordillère des Andes.
Partis de Quito en juin 1737, La Condamine et ses compagnons atteignent la Cuenca en deux ans, après avoir essuyé une foule de mésaventures. Scientifiquement, la mission est une réussite : trois degrés du méridien de Quito ont été mesurés avec une précision déconcertante. Les relevés permettent de valider la thèse de Newton.
Pour rejoindre la France, La Condamine décide de gagner Cayenne en descendant l’Amazone depuis la ville de Jaén (Pérou) jusqu'à Belém (Brésil). Soit une traversée ouest-est du continent sud-américain ! Aucun scientifique n’a réalisé un tel périple avant lui. De cette expédition, il rapportera une carte détaillée du cours du fleuve, de nombreuses descriptions de végétaux et animaux inconnus ainsi que près de 200 objets dont les premiers échantillons de curare et de caoutchouc.
Bougainville à Tahiti, planche tirée des Navigateurs français : histoire des navigations, découvertes et colonisations françaises, 1846
- Bougainville : le premier tour du monde français
À la suite de la défaite de la guerre de Sept Ans qui prive la France de son premier empire colonial en Amérique du Nord et aux Indes, Louis XV et Choiseul décident d’organiser le premier tour du monde français afin de découvrir les dernières contrées inconnues. Les terres australes, leurs mystères et leurs richesses supposées sont bien sûr dans tous les esprits.
Bougainvillée, planche de l'herbier de Commerson, XVIIIe siècle, Paris, Muséum national d'Histoire naturelle
À sa tête on nomme Louis-Antoine de Bougainville, mathématicien et avocat reconnu, protégé de Madame de Pompadour. L’expédition est à la fois politique et scientifique. En témoigne la participation inédite de trois savants : l'ingénieur Charles Routier de Romainville, l'astronome Pierre-Antoine Véron et le naturaliste Philibert Commerson, qui doit faire la collecte des espèces botaniques non répertoriées.
Partie de Nantes le 15 novembre 1766, elle fait escale au Brésil où Commerson découvre un arbuste épineux aux vives couleurs qu’il baptise bougainvillier en l’honneur du mathématicien. Quelques années plus tard, à Madagascar, le même découvrira l’hortensia nommée ainsi en hommage à son amie, la scientifique Nicole-Reine Lepaute.
Les vents sont heureusement favorables aux Français et les officiers profitent de l'occasion pour aller étudier de près la carrure des habitants de la Terre de Feu, ces Patagons que l'Europe classe parmi les géants.
L'accueil bienveillant des grands Patagons n'est rien en comparaison de celui que réservent aux marins les habitants de Tahiti. L'île du Roi George, reconnue par l'Anglais Wallis l'année précédente, est vite rebaptisée Nouvelle-Cythère par des Français qui succombent aux charmes de ce paradis et de ses occupants.
Comme le mouillage n'est pas sûr, le séjour doit malheureusement être écourté et au bout d'à peine une semaine, les navires reprennent leur route à destination de l'ouest. Un jeune Tahitien volontaire les accompagne, Ahutoru, qui sera présenté à Louis XV.
Au cours de la traversée du Pacifique, Bougainville explore Vanuatu et découvre au nord des îles Salomon, une île inconnue qui sera par la suite nommée en son honneur. Deux semaines plus tard, une éclipse solaire permet à l’astronome Pierre-Antoine Véron de déterminer la largeur de l’océan Pacifique !
Après avoir quitté le labyrinthe de la Nouvelle-Guinée et rejoint les Moluques, l’expédition traverse l’océan Indien et atteint Saint-Malo le 16 mars 1769. Le premier tour du monde français est accompli. Et pour la première fois, une femme aura été de l’aventure… mais à l’insu de l’équipage ! Déguisée en homme, Jeanne Barret s’était enrôlée comme valet de Commerson et ne sera démasquée que par les Tahitiens.
Le bilan de la mission est cependant mince : quelques îlots offerts à la Couronne, pas de nouvel accès à la Chine, encore moins de continent austral. Pour tirer parti de l'expédition, il faut donc jouer sur le prestige et l'effet de curiosité, et Bougainville s'y emploie avec talent dans son Voyage autour du monde, publié deux ans après son retour. Avec un véritable don d'écrivain, il transforme son journal de bord en un récit vivant où se mêlent réflexions politiques, exposés des fortunes de mer et tableaux « anthropologiques ». Ses contemporains ne s'y trompent pas et font un succès au livre, retrouvant, dans un paysage d'Éden, toutes les caractéristiques dont les philosophes avaient pourvu les « bons sauvages » : beauté, simplicité de l'existence, absence de pudeur et de propriété. Extrait : « Tous venaient en criant tayo, qui veut dire ami, et en nous donnant mille témoignages d'amitié ; tous demandaient des clous et des pendants d'oreilles. Les pirogues étaient remplies de femmes qui ne le cèdent pas, pour l'agrément de la figure, au plus grand nombre des Européennes et qui, pour la beauté du corps, pourraient le disputer à toutes avec avantage. La plupart de ces nymphes étaient nues [...]. Malgré toutes les précautions que nous pûmes prendre, il entra à bord une jeune fille, qui vint sur le gaillard d'arrière se placer à une des écoutilles qui sont au-dessus du cabestan ; cette écoutille était ouverte pour donner de l'air à ceux qui viraient. La jeune fille laissa tomber négligemment un pagne qui la couvrait, et parut aux yeux de tous telle que Vénus se fit voir au berger phrygien : elle en avait la forme céleste. Matelots et soldats s'empressaient pour parvenir à l'écoutille, et jamais cabestan ne fut viré avec une pareille activité. »
Sauvage de Nouvelle Zélande (Encyclopédie des Voyages, 1796) – Cinq profils de Maoris de Nouvelle-Zélande moins fantaisistes (1826, Louis Auguste de Sainson)
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Seize ans après l’épopée de Bougainville, Louis XVI entend renouveler l’expérience et confie la mission à Lapérouse. Le but de ce second tour du monde : jeter les bases de nouveaux comptoirs tout en complétant herbiers, répertoires zoologiques et inventaires ethnologiques !
Les sciences sont en effet à l’honneur : une riche équipe de savants parmi les meilleurs spécialistes d’astronomie, de botanique ou encore de météorologie est sélectionnée pour participer à l’aventure.
Le 1er août 1785, La Boussole et L’Astrolabe quittent Brest pour une navigation au trajet et au calendrier stricts, censée ne pas dépasser les quatre années. La première partie se passe bien et Lapérouse atteint le Chili. Puis voici l’île de Pâques, Hawaï, l’Alaska, San Francisco, Macao, la Chine, le Kamtchatka, l’Australie… Mais après qu’elle ait quitté l’île, le 10 mars 1788, l’expédition ne donnera plus de nouvelles.
La déferlante de la Révolution passera sans que l’on oubliât les marins. Peu avant de monter sur l’échafaud, Louis XVI s’enquit du sort de son explorateur, censé être de retour en France depuis l’été 1789 : « A-t-on des nouvelles de M. de Lapérouse ? ».
Il faudra attendre près de 40 ans pour que le mystère de la disparition de Lapérouse soit enfin percé avec la découverte du lieu de l’échouage à Vanikoro (îles Salomon).
Débarquement de Dumont d'Urville sur la plage de Tucopia ou Tikopia, îles Salomon (aquarelle d'Auguste Sainson)
- Jules Dumont d'Urville prend pied en Antarctique
En 1826, Jules Dumont d'Urville reçoit mission d'explorer le Pacifique et de récupérer ce qui reste des navires de Lapérouse. Le militaire est un personnage représentatif de son époque, ayant foi dans le progrès et aspirant à mieux connaître le monde. Quelques années plus tôt, lors d’une expédition scientifique en mer Égée, il avait permis l’acquisition par la France de la fameuse Vénus de Milo tout juste découverte.
Dumont d'Urville appareille de Toulon le 22 avril 1826. Il effectue un périple de trois ans dans le Pacifique et autour de l'Australie durant lesquels il découvre une soixantaine d’îlots et effectue un relevé précis des côtes les moins connues du globe. De retour à Marseille en mars 1829, le navigateur ramène une grande masse d'informations scientifiques ainsi que des vestiges d’un des navires de Lapérouse.
Il fait paraître entre 1830 et 1833 le compte-rendu de son voyage, publié en 17 volumes ! Il invente les termes Malaisie, Micronésie et Mélanésie afin de distinguer les différentes cultures et populations du Pacifique Sud.
En 1837, Dumont d'Urville présente à Louis-Philippe Ier le projet d’explorer l’Antarctique. Passionné de géographie, le roi contribue lui-même au financement de sa mission. Le navigateur quitte la France à l'automne 1837, gagne Rio de Janeiro et franchit le détroit de Magellan. Il découvre les îles Joinville et Louis-Philippe, avant de faire relâche en Tasmanie.
Profitant de l'été austral, le Français repart le 1er janvier 1840. Ses deux navires se fraient un chemin parmi les icebergs de l'océan Antarctique, arrivent en vue d'une montagne et accostent le 20 janvier sur le « Rocher du Débarquement ». Dumont d'Urville prend possession de cette terre glacée au nom de la France et la baptise du prénom de sa propre femme, Adélie. Il pousse la délicatesse jusqu'à donner aussi son prénom aux manchots du cru, les manchots Adélie. Il arrive ainsi plus près du pôle Sud qu’aucun autre homme avant lui.
De retour en France, il n’aura pas le temps de publier ses observations ni de jouir de sa gloire, périssant avec sa femme et son fils dans le premier accident de l'histoire du chemin de fer, le 8 mai 1842 sur la ligne Paris-Versailles.
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2024.01.07 17:14 miarrial Franklin Delano Roosevelt (1882 - 1945) Président de guerre

Franklin Delano Roosevelt (1882 - 1945) Président de guerre
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Franklin Delano Roosevelt devient en 1933 le 32e président des États-Unis, alors que sévit depuis 1929 la plus grave crise économique de l’époque moderne.
Huit ans après son entrée à la Maison Blanche, le redressement est à peine engagé que l’Europe entre en guerre.
Les États-Unis sont eux-mêmes attaqués par le Japon, allié de l’Allemagne hitlérienne. En première ligne dans la lutte, le président meurt brutalement le 12 avril 1945, dans sa treizième année à la Maison Blanche (un record !), à la veille de la victoire finale.
Son quadruple mandat a installé les États-Unis dans le statut inédit de superpuissance...
Franklin Delano Roosevelt (30 janvier 1882, Hyde Park ; 12 avril 1945, Warm Springs)
Rétrospective sur Franklin Delano Roosevelt (Les Actualités Françaises 1945), source : INA
VIDÉO

La crise

Herbert Clark Hoover (10 août 1874, West Branch, Iowa ; 20 octobre 1964, New York)
Avec le krach boursier d'octobre 1929, les États-Unis et, à leur suite, le reste du monde occidental entrent dans une crise économique majeure. Les faillites bancaires et industrielles se multiplient, le crédit s'effondre (« credit crunch ») et, avec lui, la consommation.
Lors des élections présidentielles de novembre 1932, les États-Unis, première puissance mondiale avec 123 millions d'habitants, comptent déjà 13 à 14 millions de chômeurs et leur production industrielle a été divisée par deux en 3 ans !
Le président sortant Herbert Hoover persiste à croire aux vertus régulatrices du marché et croit voir « la prospérité au coin de la rue ». Le parti démocrate lui oppose le gouverneur de l'État de New York Franklin Delanoo Roosevelt (50 ans) qui, lui, est partisan d'une intervention musclée de l'État.

Une famille compliquée

Franklin Delano Roosevelt à 18 ans (1900)Issu d'une famille patricienne de la côte
Issu d'une famille patricienne de la côte Est, Franklin Roosevelt est un lointain cousin de l'ancien président Théodore Roosevelt, dont il a épousé la nièce Eleanor le 17 mars 1905. Le couple aura cinq enfants.
Réservée autant que son mari est extraverti, Eleanor doit compter avec la présence envahissante de sa belle-mère qui n'a jamais accepté leur union.
Elle trouve un réconfort dans la présence à ses côtés de sa secrétaire Lucy Mercer, enjouée et dévouée à la famille.
Arrive ce qui devait arriver : dès 1916, Lucy entame une liaison adultérine avec Franklin. Eleanor découvre leur correspondance amoureuse deux ans plus tard en défaisant les bagages de son mari, de retour d'un voyage en Europe.
Franklin et Eleanor Roosevelt en famille
Lucy Mercer, 1915 (26 avril 1891 ; 31 juillet 1948)
Il est question de divorce. Une éventualité catastrophique pour le jeune homme auquel tous les espoirs sont permis. On convient donc d'un arrangement : le couple fait chambre à part, Franklin renonce à revoir Lucy... et Eleanor met toute son énergie (et sa fortune) à soutenir la carrière de son mari.
Lucy s'éloigne et épouse un riche veuf dont elle a une fille. Mais elle reste en correspondance avec Franklin et le retrouvera au plus fort de la guerre. Elle sera à ses côtés le jour de sa mort.
Quant à Eleanor, elle tient parole au-delà de toute espérance. Quand son mari connaîtra les premières atteintes de la polio, elle le remplacera dans les réunions publiques. À la Maison Blanche, elle gagnera par sa dignité et son engagement dans les œuvres sociales le qualificatif de First Lady (« Première Dame » ), une première.
Après la chute du nazisme, elle mettra son nom et sa réputation au service des Nations Unies et participera à la rédaction de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme.

Un jeune homme prometteur

Après ses études à Harvard et dans l'école de droit de Columbia, Franklin Roosevelt s'est engagé très tôt en politique. En 1910, il devient sénateur de l'État de New York et en 1913, à seulement 31 ans, entre dans le cabinet du président Wilson comme secrétaire d'État adjoint à la Marine.
Franklin Roosevelt, jeune Secrétaire d'État adjoint à la Marine (1913)
Sa jeune notoriété lui vaut de figurer sur le ticket démocrate en novembre 1920 comme vice-président du candidat James Cox. Mais celui-ci, qui est partisan d'engager les États-Unis dans la Société des Nations, est battu par le candidat républicain Warren Harding, partisan d'un retour à l'isolationnisme.
Comble de malheur, le 10 août 1921, alors qu'il fait de la voile dans le Nouveau-Brunswick, Roosevelt tombe à l'eau, victime d'une soudaine paralysie. Les médecins diagnostiquent une première attaque de poliomyélite. La maladie va le priver de l'usage de ses jambes. Il s'en remet très partiellement et surmonte son handicap avec un courage qui lui vaut le respect...
Notons que les photographes veilleront à dissimuler son handicap à l'opinion publique : Franklin Roosevelt sera toujours montré assis ou appuyé à l'épaule d'un ami. Les photographes témoigneront de la même réserve concernant sa vie privée, y compris lorsque Roosevelt les recevra dans son bureau en présence de sa maîtresse Lucy.
Franklin et Eleanor Roosevelt assis sur la pelouse sud de Hyde Park, Photographie d'Oscar Jordan, Août 1932, The Franklin D. Roosevelt Presidential Library and Museum
En 1928, grâce à la médiation de son épouse, Roosevelt fait un retour triomphal en politique en se faisant élire gouverneur de l'État de New York. Quand éclate la crise, il organise des opérations de secours à grande échelle et multiplie les innovations sociales et économiques.
Aussi suscite-t-il un immense espoir aux élections de 1932 malgré la rudesse de ses opposants, tant dans le camp républicain que dans son propre parti démocrate. Hoover avertit que « si FDR est élu, l'herbe poussera bientôt dans des centaines de villes et des milliers de localités ».
Les intellectuels progressistes comme John Dos Passos et Erskine Caldwell l'accusent quant à eux de ne présenter « qu'une version démagogique du républicanisme ». Les élections du 8 novembre lui valent néanmoins une victoire sans appel avec 57,41% du vote populaire et 472 grands électeurs contre 59 à son rival Hoover.
Débute alors une période de transition cruciale jusqu'à l'intronisation officielle, le 4 mars 1933. Ce jour-là, dans son discours inaugural, le président proclame : « The only thing we have to fear is fear itself... » (« La seule chose dont nous devons avoir peur, c'est de la peur elle-même... »). Le Congrès et les États en profitent pour voter un 20e amendement à la Constitution qui ramène au 20 janvier la passation des pouvoirs.
Discours d'investiture de Franklin Roosevelt le 4 mars 1933 (DR)

Le New Deal (en français « Nouvelle donne »)

Le nouveau président, qui s'est entouré d'un « Brain trust » (groupe informel de jeunes intellectuels), a préparé sans attendre un ensemble de mesures interventionnistes, avant tout pragmatiques, destinées à sortir le pays de la crise. C’est le New Deal (« Nouvelle donne »). Il va les faire voter tambour battant par le Congrès au cours d'une extraordinaire session de cent jours, du 9 mars au 16 juin 1933.
Son gouvernement (administration en anglo-americain) se compose de Harold L. Ickes à l'Intérieur, Henry Wallace à l'Agriculture, Frances Perkins au Travail (c'est la première Américaine à occuper une fonction ministérielle), Henry Morgenthau Jr aux Finances à partir du 17 novembre 1933 (deuxième juif à occuper ces fonctions)...
Franklin Roosevelt signe l'Emergency Banking Act (10 mars 1933) sous le regard de son Secrétaire d'État au Trésor William Woodwin (DR)
Dès le lendemain de son entrée à la Maison Blanche, Roosevelt proclame l'état d'urgence (une première en temps de paix) et ferme temporairement les banques. Il interdit les exportations d'or et d'argent puis signe l'Emergency Banking Act, le 10 mars. Trois jours plus tard, 400 banques sont déjà en état de rouvrir leurs portes.
Pour éviter le renouvellement d'une crise de confiance, le gouvernement encadre l'activité bancaire avec le Federal Securities Act (27 mai 1933) et le Banking Act (16 juin 1933).
Plus important que tout, il abandonne l'étalon-or le 19 avril 1933 et dévalue le dollar de 40% : pour l'économiste Alfred Sauvy, cette mesure conventionnelle et peu médiatique aura un impact positif sur la reprise économique autrement plus important que toutes les lois du New Deal !
Le 12 mai 1933, l'Agricultural Adjustment Act (AAA) vise à mettre fin à la surproduction (coton, blé, tabac, maïs) et relever les prix agricoles pour soutenir le niveau de vie des fermiers. Il préconise une réduction des cultures et des cheptels en échange de subventions. Ainsi se met en place une politique massive de soutien de la culture du coton... aujourd'hui accusée de léser gravement les cultivateurs africains.
Le mois suivant, le 16 juin 1933, l'équivalent se met en place dans l'industrie avec le National Industrial Recovery Act (NIRA) qui tend à réduire les heures de travail dans l'industrie et augmenter les salaires. Un Bureau national du travail (National Recovery Administration, NRA) sert de médiateur dans les conflits entre patrons et ouvriers.
Le président Roosevelt debout (adossé à une balustrade) à côté de son épouse Eleanor
Last but not least, le 5 décembre 1933, le gouvernement fait voter le 21e amendement qui... annule le 18e et met fin à la Prohibition de l'alcool : coup dur pour la grande criminalité.
Contre le chômage, qui ne bénéficie encore d'aucune mutuelle d'assurance, Roosevelt met 500 millions de dollars à la disposition de la Federal Emergency Relief Administration. Il confie aussi un vaste programme de travaux publics d'un total de 3 500 millions de dollars à l'Emergency Public Works Administration. La réalisation emblématique est l'aménagement hydraulique de la vallée du Tennessee par la Tennessee Valley Authority fondée le 18 mai 1933.
L'année suivante est mise en place une Securities and Exchange Commission chargée de surveiller la validité des transactions boursières. Tout cela va de pair avec un considérable renforcement de l'admistration fédérale, passée de 600 000 à près d'un million de fonctionnaires entre 1933 et 1939.
Arrivé au pouvoir en même temps que Hitler (et mourra quelques jours avant lui), le président américain se montre, comme le dictateur allemand, adepte des nouvelles techniques de communication : il explique volontiers son action politique à la radio, au cours de longues « causeries au coin du feu ». Il fait volontiers la Une de Time Magazine de son ami Henry Luce. Il innove aussi par l'utilisation des sondages avec l'institut Gallup.
Le président Roosevelt en chaise roulante dans l'intimité de sa propriété de Hyde Park (NY)
Cela dit, les opposants ne désarment pas pour autant. Au Congrès, les républicains et même les démocrates font obstacle aux projets législatifs de la Maison Blanche, obligeant le président à opposer pas moins de 635 fois son veto aux lois de l'assemblée. Un record ! La Cour Suprême, de son côté, n'admet pas que l'État s'entiche de diriger l'économie. Aussi invalide-t-elle en mai 1935 plusieurs mesures du New Deal dont le NIRA (aides à l'industrie). En janvier 1936, c'est au tour de l'AAA d'être invalidé !
C'est au moment où les attaques contre le New Deal se font les plus vives que la production industrielle rebondit enfin. Elle retrouve en 1936 90% de son niveau de 1929. Aux élections de novembre 1936, le président démocrate est reconduit avec 60,80% du vote populaire et 523 grands électeurs contre... 8 à son rival républicain Alf M. Landon ! Il emporte tous les États à l'exception du Maine et du Vermont.
C'est l'amorce d'une recomposition du paysage politique : le parti démocrate séduit les citadins, intellectuels et ouvriers, mais aussi les noirs du Sud qui commencent à délaisser le parti républicain du président Lincoln pour le parti démocrate de Roosevelt.
Mais la crise est encore prégnante. Dans son discours de politique générale, Roosevelt le rappelle : « Le défi qui s'impose à notre démocratie, c'est celui-ci : les mal-logés, les mal-vêtus et les mal-nourris représentent un tiers de la nation ».

L'inquiétude

Il n'est que temps... En 1937, l'activité économique rechute très brutalement avec une baisse de 40% de la production industrielle. C'est qu'en marge des mesures de rétorsion de la Cour Suprême, le gouvernement lui-même croit le moment venu de redresser les comptes publics en réduisant les dépenses et augmentant les impôts ! Il est obligé de faire machine arrière...
Le chômage ne disparaîtra qu'avec la Seconde Guerre mondiale, lorsque l'État inondera les industriels de commandes en vue d'un réarmement à marches forcées. C'est qu'en attendant, le deuxième mandat de Franklin Roosevelt est tout entier dominé par les menaces internationales.
Le secrétaire d'État Cordell Hull, 1939, Library of Congress
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Dès son accession au pouvoir, Roosevelt et son Secrétaire d'État Cordell Hull ont pratiqué une politique de bon voisinage en reconnaissant dès novembre 1933 le gouvernement soviétique et en renonçant à la politique du « gros bâton » en Amérique centrale.
Soucieux d'exprimer le pacifisme de ses concitoyens, il promulgue en 1935 le Neutrality Act par lequel il s'interdit de fournir des armes à tout belligérant. Mais avec la montée des tensions internationales, cet isolationnisme lui apparaît de plus en plus irresponsable.
Conscient des réalités, le président a déjà entrepris de reconstruire la flotte américaine pour faire face à la montée de l'impérialisme japonais.
En octobre 1939, alors que vient d'éclater la Seconde Guerre mondiale, il fait amender le Neutrality Act en introduisant la clause cash and carry : des belligérants peuvent acheter des armes aux États-Unis à condition de les payer comptant et d'en assurer le transport. Cette clause avantage le Royaume-Uni et la France qui, seuls, peuvent envisager de transporter des armes en sécurité dans l'océan Atlantique.
Quand, le 27 septembre 1940, le Japon conclut avec l'Allemagne et l'Italie un pacte tripartite, Roosevelt obtient du Congrès une loi qui instaure pour la première fois aux États-Unis la conscription en temps de paix : tous les jeunes hommes de vingt à trente-cinq ans sont tenus de s'inscrire pour un tirage au sort, ce qui permet d'appeler 800 000 conscrits.
Mais les citoyens américains n'en restent pas moins hostiles à toute intervention dans le conflit européen. Peu leur chaut que la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Belgique, les Pays-Bas et la France soient agressés et envahis par la Wehrmacht...
Le président Roosevelt en couverture de Time (29 novembre 1943)
Contre l'usage, Roosevelt, au vu de la situation internationale, prend la liberté de solliciter un troisième mandat. Sa décision fait débat au sein de son propre camp, au point qu'il doit modifier son ticket et remplacer son vice-président J.N. Garner par Henry Wallace. Son rival républicain Wendell Wilkie fait campagne pour la paix et contre le « faiseur de guerre ». Il ne peut empêcher la réélection de Roosevelt mais celui-ci doit se satisfaire d'un résultat plus modeste que la fois précédente avec 54% du vote populaire et 449 grands électeurs contre 82 à son rival.
Le président a dès lors les mains plus libres en matière géopolitique. Décidé à soutenir le camp des démocraties, il obtient le 9 mars 1941 le vote de la loi « prêt-bail » (Lend-Lease Act) qui facilite les ventes d'armes aux Britanniques. Il obtient qui plus est le droit de les étendre à « tout pays dont le président jugerait la défense essentielle pour la sécurité des États-Unis ».
Alors que le Royaume-Uni de Winston Churchill est encore contraint de lutter seul contre l'Allemagne de Hitler, l'industrie américaine se met toute entière à son service.
Oubliée la récession. Les États-Unis entrent dans une phase d'expansion et de prospérité sans précédent qui va leur assurer la suprématie mondiale pour plusieurs générations. Financées par les commandes publiques et les emprunts britanniques, les usines tournent à plein régime pour fabriquer non plus des voitures mais des tanks, des canons, des avions et des bateaux.
Le 22 juin 1941, avec l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht, la guerre sur le continent européen est relancée et change d'échelle.
Roosevelt, plus que jamais convaincu de l'urgence d'intervenir, organise une rencontre spectaculaire avec le Premier ministre Winston Churchill, « quelque part en mer », au large de Terre-Neuve, le 14 août 1941. Cette première rencontre entre les deux hommes d'État est destinée à préparer les Américains à une alliance avec leurs cousins anglo-saxons avec des buts de guerre honorables. De fait, les deux hommes s'engagent sur des principes moraux destinés à soutenir l'effort de guerre et préparer le monde futur. C'est la Charte de l'Atlantique, à l'origine de la charte des Nations Unies.
Dès le mois suivant, la loi « prêt-bail » est étendue à l'URSS de Staline, alliée obligée des démocraties. Le 16 septembre 1941, usant de ses pouvoirs de commandant en chef, Roosevelt autorise aussi la flotte de guerre à escorter les cargos américains à destination des îles britanniques, pour leur éviter les attaques des sous-marins. Ce n'est pas la guerre mais ça y ressemble.
En définitive, il faudra rien moins que l'attaque japonaise sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, pour faire basculer l'opinion américaine ! Cette attaque avait été rendue inéluctable par l'embargo de Roosevelt sur les livraisons au Japon de pétrole, caoutchouc et autres matières stratégiques. Entravé dans ses projets de conquête de l'Asie, le Japon impérialiste s'était alors vu dans la nécessité de lancer un avertissement aux Américains : se préparer à une guerre douloureuse ou se retirer d'Extrême-Orient et du Pacifique. Un avertissement illusoire compte tenu de la disproportion des forces entre le petit Japon et la première puissance économique mondiale.
Attaque de Pearl Harbor

La guerre inaugure le Siècle américain

Dès le lendemain de Pearl Harbor, le 8 décembre, le Congrès déclare la guerre au Japon. Il ne peut faire moins. Mais le 11 décembre, c'est l'Allemagne qui, en soutien de son très lointain « allié » japonais, déclare à son tour la guerre aux États-Unis. Curieuse maladresse de Hitler qui aurait pu se garder de cette provocation...
La Marine et l'aéronavale engagent leurs premiers combats dans des attaques tous azimuts contre les Japonais pour sauver ce qui peut l'être de leurs possessions du Pacifique. Contre toute attente, elles essuient d'humiliants revers avec la perte des Philippines qui s'ajoute à celles de Singapour et de l'Indonésie. L'expansion nipponne est stoppée cependant par la bataille de Midway, du 3 au 6 juin 1942.
Conscient que la plus grande menace est l'Allemagne, Roosevelt décide de donner alors la priorité à la guerre européenne : « Germany first ». Les pilotes américains participent aux raids sur l'Allemagne et l'armée prépare les attaques périphériques sur l'Afrique du Nord. Le tournant décisif est la bataille d'El Alamein, à l'automne 1942. Vient ensuite le débarquement en Sicile en juillet 1943 puis le débarquement de Normandie en juin 1944. Des opérations finalement secondaires par rapport aux batailles de titans que se livrent Allemands et Soviétiques dans les plaines de l'Est, à Stalingrad et Koursk.
Dès 1942, le président des États-Unis s'affirme comme le chef de la coalition antiallemande. Churchill, le « Vieux Lion », est condamné à jouer les utilités tandis que Staline, s'il se montre prodigue du sang de son peuple, ne peut se passer de l'immense machine de guerre américaine.
Deux mois après le débarquement anglo-saxon en Afrique du nord, premier des débarquements alliés dans l'espace nazi, il organise une première conférence interalliée à Casablanca (Maroc), dans l'hôtel Anfa (12-24 janvier 1943). Avec Churchill, il met au point le prochain débarquement en Sicile et l'aide à l'URSS. Il impose surtout l'objectif d'une capitulation sans condition de l'Allemagne, en rupture avec les traditions diplomatiques européennes, ce qui a pour résultat de renforcer l'union de l'armée et du peuple allemands autour de Hitler ! Roosevelt, qui cache mal par ailleurs son antipathie pour de Gaulle, échoue à le réconcilier avec le général Henri Giraud, un opportuniste falot auquel il aurait préféré confié le commandement des Français ralliés aux Anglo-Saxons.
Le 22 novembre 1943, Roosevelt et Churchill se retrouvent au Caire où ils rencontrent Tchang Kaï-chek, le président de la Chine nationaliste en guerre contre le Japon. Ils se mettent d'accord sur les buts de guerre dans le Pacifique. Là-dessus, les deux dirigeants anglo-saxons reprennent l'avion pour l'Iran.
Le 28 novembre 1943, Roosevelt rencontre enfin Staline à la conférence de Téhéran. Le président est ébranlé et séduit par le dictateur. Il croit pouvoir l'amener à démocratiser son régime et se prend à rêver d'un condominium américano-soviétique sur le monde ! En attendant, il convient avec lui de l'ouverture d'un second front à l'Ouest. Ce sera le débarquement de Normandie. Par-dessus la tête de Churchill, les deux alliés préparent aussi le démembrement de l'Allemagne.
Les mêmes hommes se retrouveront à la conférence de Yalta, en Crimée, le 4 février 1945, pour régler le sort de l'Allemagne et du Japon. Roosevelt, déjà très malade, est chaperonné par Staline qui le manipule à loisir. Le président américain, impatient d'en finir avec le Japon, se montre prêt à toutes les concessions en échange d'une participation de l'URSS à l'invasion de l'archipel ! Plein d'illusions sur la parole de Staline, à la grande fureur de Churchill, il lui consent d'importants abandons en Europe orientale, notamment en Pologne.
Sur le retour, le président s'arrête à Suez pour mettre sur pied une alliance avec un autre chef aussi peu recommandable, le roi d'Arabie Ibn Séoud. Ce pacte du Quincy va perdurer jusqu'en ce XXIe siècle.

Épilogue

Franklin Delanoo Roosevelt en 1944
Trois mois plus tôt, en novembre 1944, les Américains n'ont pas refusé à Roosevelt un quatrième mandat, malgré un état de santé des plus alarmants. Il a été réélu sans difficulté face au républicain Thomas E. Dewey avec 53,4% du vote populaire.
L'élément important de l'élection fut le choix du nouveau vice-président, vu qu'il devait être appelé à gouverner à brève échéance. Ni les leaders du parti démocrate ni le président lui-même ne souhaitent une trop forte personnalité ! C'est sur Harry S. Truman que leur choix se porte. Né le 8 mai 1884 dans le Missouri, il n'a pas fait d'études supérieures. Fermier, employé, combattant sur le front français en 1917, il ouvre une chemiserie qui fait faillite et, en 1922, commence enfin une carrière politique. Il se montre un sénateur consciencieux et honnête.
L'inéluctable survient : épuisé et malade, Franklin Delano Roosevelt meurt d'une hémorragie cérébrale le 12 avril 1945, à 63 ans, quelques semaines avant le suicide de Hitler et la capitulation de l’Allemagne.
Funérailles du président Franklin Roosevelt, Pennslvanny Av.,Washington
Il reviendra à son successeur, Harry S. Truman, de conclure la guerre et bâtir la paix au pied levé bien qu'il ait eu à peine l'occasion d'en débattre avec le président dans les semaines qui ont précédé sa mort. « J'ai cru que la lune, les étoiles et toutes les planètes m'étaient tombées dessus », confiera-t-il aux journalistes... En dépit de son impréparation, il va relever le défi et confirmer les États-Unis comme superpuissance.
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2023.12.04 22:09 geopolicraticus Thomas Carlyle

Thomas Carlyle

Part of a Series on the Philosophy of History
Today is the 228th anniversary of the birth of Thomas Carlyle (04 December 1795 - 05 February 1881), who was born in Scotland on this date in 1795.
Happy Birthday Thomas!
Thomas Carlyle is not going to win many friends or influence many people in the twenty-first century, but he was a figure to reckon with in the nineteenth century. There is a story about Carlyle that reveals something about the man: Carlyle had lent his manuscript of The French Revolution to John Stuart Mill, and Mill’s housecleaner mistook the manuscript for trash and burned the whole thing. Carlyle did not despair (as did Bishop Berkeley when his manuscript of the sequel to A Treatise Concerning the Principles of Human Knowledge was lost), but said to Mill that it would be good for him to re-write the whole thing, which he did. There are few men who could respond with such goodwill to such a loss.
Among the most famous quotes from Carlyle is claim of, “the three great elements of modern civilization, Gun powder, Printing, and the Protestant religion.” This is from his 1827 essay, “The State of German Literature.” Here is the full paragraph:
“Above a century ago, the Pere Bouhours propounded to himself the pregnant question: Si un Allemand pent avoir de Vesprit? Had the Pere Bouhours bethought him of what country Kepler and Leibnitz were, or who it was that gave to mankind the three great elements of modern civilisation, Gun-powder, Printing and the Protestant Religion, it might have thrown light on his inquiry. Had he known the Nibelungen Lied, and where Reinecke Fuchs, and Faust, and the Ship of Fools, and four-fifths of all the popular mythology, humour and romance to be found in Europe in the sixteenth and seventeenth centuries, took its rise; had he read a page or two of Ulrich Hutten, Opitz, Paul Flemming, Logau, or even Lohenstein and Hoffmannswaldau, all of whom had already lived and written in his day; had the Pere Bouhours taken this trouble,—who knows but he might have found, with whatever amazement, that a German could actually have a little esprit, or perhaps even something better?”
My personal favorite quote from Carlyle, which may or may not be a quote, as no one seems to have been able to find it, is the remark attributed to Carlyle by Carl Sagan as a response to looking up into the stars in the night sky: “A sad spectacle. If they be inhabited, what a scope for misery and folly. It they be not inhabited, what a waste of space.” If Carlyle said this, or anything like it, it is certainly one of the most curmudgeonly quotes in history. We recall that Kant said, “Two things fill the mind with ever new and increasing admiration and awe, the oftener and the more steadily we reflect on them: the starry heavens above and the moral law within.” How a man reacts to the splendor of the night sky says a great deal about his character, and indeed about his attitude to nature. Kant’s Enlightenment reflection on the stars is something we call recognize, but Carlyle’s attributed quote, while readily understandable, strikes us as unexpected.
In these stories and quotes from Carlyle we can glimpse something of the man and his mind. His perspective was largely naturalistic, somewhat pessimistic, a great industry for work (while his histories are little read today, they are voluminous), with a firm grasp of the big picture, and himself perhaps the embodiment of the saying that one need not hope in order to do one’s work—anyone whose unflagging industry involves rewriting an entire book lost to unfortunate circumstances is prepared to work regardless of the calamities of life.
The book that comes up time and again when Carlyle is mentioned is his On Heroes, Hero-Worship, and the Heroic in History (1841), which many take to be Carlyle’s definitive statement of his conception of history. Wilhelm Windelband framed Carlyle’s interest in heroes in a distinctive way that places Carlyle in a different light than that to which we are accustomed, placing him in a lineage that includes John Stuart Mill, Comte, and Henry Thomas Buckle:
“Here the proper sense of the antithesis is disclosed: on the one hand the life of the masses with the changes taking place conformably to general law—on the other hand the independent value of that which presents itself but once, and is determined within itself. In this respect the essence of the historical view of the world has been by no one so deeply apprehended, and so forcibly and warmly presented, as by Carlyle, who worked himself free from the philosophy of enlightenment by the assistance of the German idealism, and laboured unweariedly for the recognition of the archetypal and creative personalities of history—for the comprehension and veneration of ‘heroes’.” (A History of Philosophy: with especial Reference to the Formation and Development of its Problems and Conceptions, p. 654)
What Windelband is saying there is that Carlyle’s approach to heroism captures the idiographic dimension of history, while the nomothetic dimension of history is captured by general laws that hold good for the masses but not for the exceptional individual. We can expand Carlyle’s conception of the hero in history by applying the concept of heroism beyond individuals, perhaps to institutions, for example. In my sketch of the work of Ferdinand Gregorovius I noted that in Gregorovius we can see the urban parallel to the great man theory of history: the great city theory of history: Universal History, the history of what humanity has accomplished in this world, is at bottom the History of the Great Cities which have evolved here. I had adapted this from Carlyle, mutatis mutandis, where the original appears in the first paragraph of the first lecture of his On Heroes, Hero-Worship, and the Heroic in History:
“We have undertaken to discourse here for a little on Great Men, their manner of appearance in our world’s business, how they have shaped themselves in the world's history, what ideas men formed of them, what work they did;—on Heroes, namely, and on their reception and performance; what I call Hero-worship and the Heroic in human affairs. Too evidently this is a large topic; deserving quite other treatment than we can expect to give it at present. A large topic; indeed, an illimitable one; wide as Universal History itself. For, as I take it, Universal History, the history of what man has accomplished in this world, is at bottom the History of the Great Men who have worked here. They were the leaders of men, these great ones; the modellers, patterns, and in a wide sense creators, of whatsoever the general mass of men contrived to do or to attain; all things that we see standing accomplished in the world are properly the outer material result, the practical realization and embodiment, of Thoughts that dwelt in the Great Men sent into the world: the soul of the whole world's history, it may justly be considered, were the history of these. Too clearly it is a topic we shall do no justice to in this place!”
We could also extend this treatment of history to singular ideas, which have often shaped great men and great institutions, though all of this takes place against a background of the regularly recurring incidents of life that can be described nomothetically—often must be described nomothetically, as most of the record of the regular business of life has been lost. We excavate this record with archaeological finds, but the books that describe social history only began to appear in historically recent times; of most of history, we are innocent of any record, save the archaeological record, of the non-heroic in history.
So is it the heroic and the idiographic that is the substance of history, or the non-heroic and nomothetic that is the substance of history? Either claim could be defended, and it would be a worthwhile exercise to produce a rigorous argument on both sides of the question, since each position highlights a different aspect of history. I interpret Henri Pirenne’s conception of history to focus on that aspect that is the norm in human affairs, we Pirenne described:
“All historical construction—which amounts to saying all historical narrative—rests upon a postulate: that of the eternal identity of human nature. One cannot comprehend men’s actions at all unless one assumes in the beginning that their physical and moral beings have been at all periods what they are today. Past societies would remain unintelligible to us if the natural needs which they experienced and the psychical forces which stimulated them were qualitatively different from ours. How are the innumerable differences that humanity presents in time and space to be explained if one does not consider them as changing nuances of a reality which is in its essence always and everywhere the same?”
What Pirenne decribes in this passage from “What are historians trying to do?” is all about the bulk of human life, which is neither exceptional nor heroic, but Pirenne does recognize the innumerable differences that humanity presents in space and time, and these innumerable differences perhaps describe a continuum that varies but little for the most part, but occasionally, for the exceptional individual or event, sharply diverges from the norm—but then returns again. We may contrast this conception of history to Hugh Trevor-Roper’s formulation of history as purposive movement:
“…history, I believe, is essentially a form of movement, and purposive movement too. It is not a mere phantasmagoria of changing shapes and costumes, of battles and conquests, dynasties and usurpations, social forms and social disintegration. If all history is equal, as some now believe, there is no reason why we should study one section of it rather than another; for certainly we cannot study it all. Then indeed we may neglect our own history and amuse ourselves with the unrewarding gyrations of barbarous tribes in picturesque but irrelevant corners of the globe: tribes whose chief function in history, in my opinion, is to show to the present an image of the past from which, by history, it has escaped; or shall I seek to avoid the indignation of the medievalists by saying, from which it has changed?” (The Rise of Christian Europe, page 9)
Purposive movement in history requires a catalyst, and a great man, or a great institution, or a great city, or a great idea can be the catalyst that provides the directionality for purposive movement. And just as we can observe in relation to Pirenne that, even we history departs from the norm in the person of the hero, it nevertheless returns to the norm, in relation to Trevor-Roper and purposive movement we can observe that the result of purposive movement in history is to shift even the bulk or ordinary life toward to new modus vivendi, so that it is not precisely the same norm to which we return following a singular and transformative moment in history, but to some “new normal” that has been conditioned by the new presence in history.
I wrote above that Carlyle’s conception of history is naturalistic, and for me one of the most interesting aspects of Carlyle’s implicit naturalism is to be found in his 1830 essay “On History,” in which he presents a comprehensive vision of history as the unification of the present with the whole future and the whole past:
“Clio was figured by the ancients as the eldest daughter of Memory, and chief of the Muses; which dignity, whether we regard the essential qualities of her art, or its practice and acceptance among men, we shall still find to have been fitly bestowed. History, as it lies at the root of all science, is also the first distinct product of man’s spiritual nature; his earliest expression of what can be called Thought. It is a looking both before and after; as, indeed, the coming Time already waits, unseen, yet definitely shaped, predetermined and inevitable, in the Time come; and only by the combination of both is the meaning of either completed. The Sibylline Books, though old, are not the oldest. Some nations have prophecy, some have not: but of ' all mankind, there is no tribe so rude that it has not attempted History, though several have not arithmetic enough to count Five. History has been written with quipo-threads, with feather-pictures, with wampum-belts; still oftener with earth-mounds and monumental stone-heaps, whether as pyramid or cairn; for the Celt and the Copt, the Red man as well as the White, lives between two eternities, and warring against Oblivion, he would fain unite himself in clear conscious relation, as in dim unconscious relation he is already united, with the whole Future, and the whole Past.”
Here Carlyle recognizes history as the root of all science (he might also have mentioned mathematics, as both history and mathematics trace to classical antiquity) but also as embodying human spiritual aspirations. It may be that this mixture of nascent scientific knowledge and spiritual aspiration has been, in part, responsible for history not having yet achieved a fully scientific form: it still has too much of human aspiration in it to be a value-free scientific inquiry, as would be required by a rigorous naturalism. And we have countless examples of how this spiritual aspiration has been perverted and betrayed, making history serve ignoble ends, but the same can be said of science. We haven’t given up on science, despite its failings, and perhaps we shouldn’t give up on history as a distinctive admixture of knowledge and aspiration, despite its equal failings.

Further Resources

https://en.wikipedia.org/wiki/Thomas_Carlyle
https://www.britannica.com/biography/Thomas-Carlyle
https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/9781400877058-004/html
https://archive.org/details/historyofphiloso0000wind
https://www.gutenberg.org/files/25808/25808-h/25808-h.htm
https://www.gutenberg.org/files/1091/1091-h/1091-h.htm#link2H_4_0001

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2023.11.23 15:55 miarrial La Russie des Romanov De Michel Ier à Catherine II

La Russie des Romanov De Michel Ier à Catherine II
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Après des débuts prometteurs, les peuples slaves établis entre la Baltique et la Caspienne ont subi pendant près de trois siècles une « nuit mongole » doublée de brutales invasions en provenance de Pologne ou d'Allemagne. Mais les populations russes dispersées dans les plaines d'Europe orientale ont reconquis lentement leur autonomie et se sont fédérées autour du grand-duché de Moscovie (capitale : Moscou) et de ses souverains.
Le Temps des troubles, vu par Sergueï Vassilievitch Ivanov, 1886

1613-1645 : Michel Ier

En 1613, la Russie est menacée de disparition. Depuis la mort du tsar Boris, huit ans auparavant, elle n’est plus vraiment gouvernée et subit une série d’insurrections. L’héritier de Boris a été assassiné, un usurpateur a accédé au trône et ses successeurs sont déposés les uns après les autres.
Michel Ier, 1613
La Russie devient une proie pour ses voisins et une partie de son territoire, à commencer par Moscou, est occupée par la Pologne et la Suède. Cette période de quasi-anarchie, au cours de laquelle la population de l’empire passe de 15 à 8 millions d’habitants, est désignée en Russie sous le nom de « Smouta » (« Troubles »). À noter que le terme sera réemployé pour évoquer la décennie qui a suivi l'effondrement de l'URSS.
Pour mettre fin à la vacance du pouvoir et ramener l’ordre, le Zemski Sobor, sorte d’équivalent russe des états généraux, se réunit en février 1613 afin d’élire un nouveau souverain. Des candidats prestigieux sont sur les rangs mais l’assemblée choisit un inconnu, âgé de 16 ans : Michel Romanov. Il est issu d’une famille de boyards très populaire qui s’est tenue à l’écart des conflits. Michel est couronné tsar le 13 juillet 1613. C’est le début d’une dynastie qui va régner trois siècles sur la Russie.
Philarète par Vladimir Hau, vers 1854, siège épiscopal de Moscou
Le jeune tsar est inexpérimenté et s'appuie donc sur le Zemski Sobor et la Douma des boyards. Il peut surtout compter sur l’aide de son père, le patriarche Philarète de Moscou, un homme estimé pour sa sagesse. C’est lui qui dirigera de facto la Russie, jusqu'à sa mort en 1633, et contribuera à renforcer l’autorité de l’État.
Bien que très jeune et inexpérimenté, le fondateur de la dynastie va accomplir une œuvre immense en consolidant les fondation de l'empire hérité des riourikides. Sa première tâche est de pacifier le pays en proie aux pillards et mettre fin à la guerre avec ses voisins. Une paix est signée avec la Suède en 1617 puis avec la Pologne un an plus tard. La Russie perd ses débouchés sur la mer Baltique ainsi que Smolensk, la « mère des villes russes ».
Alors que Polonais, Suédois et Allemands font courir sur la Russie la menace de nouvelles agressions, le jeune Michel Romanov veut avant toute chose prémunir le pays contre le retour des envahisseurs. Il fait ainsi détruire trois églises luthériennes à Moscou et interdit les vêtements de coupe occidentale… ainsi que l’usage du tabac ! Il interdit aussi les mariages de la famille régnante avec des non-orthodoxes, donc des Occidentaux.
Michel interdit aux étrangers le commerce de détail. Mais il fait malgré tout appel à eux pour encadrer et former l’armée russe ! Dès 1624, l’armée compte 5000 officiers européens. Il fait aussi appel aux étrangers pour reconstruire le pays : des Hollandais sont conviés en Russie et créent des usines près de Moscou ainsi que dans l’Oural, où naîtra la première industrie métallurgique.
La colonisation de la Sibérie, entamée au siècle précédent, se poursuit et des villes nouvelles sont fondées. En 1640, les Russes atteignent le fleuve Amour, aux limites de la Chine, et fondent la ville d'Irkoutsk, près du lac Baïkal. Des pionniers atteignent l'océan Pacifique. Quelques années plus tard, le navigateur Simon Dejnev traverse à son tour le détroit séparant l’Asie de l’Amérique. Son exploit restera oublié pendant près d’un siècle et c'est Béring qui laissera son nom au détroit ! Lorsque Michel Ier meurt en 1645, la Russie est pacifiée mais demeure un État pauvre, plus proche de la féodalité que des monarchies européennes.
Alexis Ier de Russie joue aux échecs, Vyacheslav Schwarz, 1865, musée russe de Saint-Pétersbourg

1645-1676 : Alexis Ier

Alexis Ier succède à son père le 22 juillet 1645. Comme son père, Alexis n’a que seize ans, lorsqu’il monte sur le trône. Lettré et très pieux, il se passionne pour les arts et jouit d’une grande popularité.
Alexis Ier de Russie, anonyme, entre 1790 et 1810, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage
Le tsar tente d’occidentaliser son pays par petites touches. Il supprime certains privilèges de la noblesse mais interdit aux serfs (dico) de changer de propriétaires. S’ensuivent une série de révoltes comme celle menée par le cosaque et pirate Stenka Razine qui met le sud du pays à feu à sang. Vaincu par les troupes du tsar, Razine sera exécuté. Des chansons populaires entretiendront le souvenir de sa révolte jusqu’à l’époque soviétique.
En 1654, le chef cosaque Bohdan Khmelnitski signe avec le tsar le traité de Pereïaslav qui fait de l’Ukraine orientale une partie intégrante de la Russie. Ce traité enclenche une guerre avec la Pologne qui se conclut en 1667 par la trêve d'Androussovo. La Russie d'Alexis Ier cède les provinces baltes aux Suédois mais obtient Kiev, la « mère des villes russes », Smolensk et la rive gauche du Dniepr, autrement dit toute l’Ukraine. Ses frontières s’étendent désormais du Dniepr au Pacifique.
Le patriarche Nikon ordonnant la révision des livres liturgiques, Aleksey Kivshenko, XIXe siècle
Le règne d’Alexis est aussi marqué par un schisme au sein de l’Église orthodoxe russe quand le patriarche Nikon veut aligner le rite traditionnel russe sur le rite grec en 1666. Opposés à ces réformes, les « Vieux Croyants » ou raskolniki (du russe raskol, qui signifie schisme) tenteront de renverser les Romanov. Pourchassés pendant presque toute l’histoire russe, ils sont encore près d’un million aujourd’hui.
Fédor III, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage
Le tsar Alexis meurt en 1676. Quatre de ses enfants vont successivement s’arroger le pouvoir. C’est d’abord son fils ainé, Fédor III (ou Théodore III, 15 ans) qui monte sur le trône mais sa mauvaise santé ne lui permet de régner que six ans. Il meurt le 7 mai 1682 et c’est son frère Ivan (16 ans) qui est proclamé tsar de Moscovie sous le nom d’Ivan V. Mais comme il est simple d’esprit, aveugle et muet, il partage le trône avec son demi-frère Pierre (10 ans), né le 9 juin 1672 de Natalia Narychkina. On fabrique pour cela un double trône !
Mais Ivan est trop malade pour régner et Pierre est trop jeune. Résultat : c’est leur sœur ainée, Sophie qui exerce la régence avec son favori, le prince Galitzine. En 1684, elle se rallie à une Alliance sainte initiée par le pape Innocent XI contre la Turquie.
En août 1689, Sophie se voit forcée de lâcher le pouvoir et celui-ci est repris par Nathalie, mère de Pierre. À la mort de cette dernière en 1694, Pierre Ier, prenant son mal en patience, continue de partager le pouvoir avec Ivan V jusqu’à la mort de celui-ci le 8 février 1696..
La Russie rencontre la Chine
Après avoir atteint l'océan Pacifique, les Russes poursuivent leur progression en Extrême-Orient et finissent par se heurter à l'empire chinois dans la région du fleuve Amour. Le 6 septembre 1689, un traité est signé entre les deux empires à Nertchinsk, au nom de la régente Sophie et de l'empereur Kangxi. Il fixe la frontière entre la Chine et la Russie au fleuve Argoun, affluent de l'Amour. La Russie renonce à l'accès à la mer du Japon mais établit des relations commerciales avec Pékin. C'est le premier traité signé entre la Chine et une puissance européenne.
Livre du couronnement d'Ivan V et Pierre Ier

1694-1725 : Pierre le Grand, un géant visionnaire

Le futur Pierre le Grand, qui a été initié aux sciences modernes par un précepteur allemand, va consacrer toute son énergie à occidentaliser son pays sans s'embarrasser de précautions. Pour commencer, il fait appel à des techniciens européens afin d'enlever aux Turcs la citadelle d’Azov en juillet 1696. Sa prise donne à la Russie un accès à la mer du même nom et à la mer Noire. Pour sécuriser la forteresse, il lance la construction d’une vaste flotte. C’est la naissance de la marine russe.
Comme Boris Godounov, Pierre envoie des jeunes gens se former en Occident. Lui-même part incognito en Europe accompagné d’une « Grande Ambassade » de 300 personnes. Sous le pseudonyme de « Pierre Mikhaïlov » (sobriquet qui ne dupe personne !), il parcourt le Vieux Continent pendant 18 mois. Il se rend aux Provinces-Unies, à Venise et en Angleterre. Il apprend le métier de charpentier naval à Amsterdam et recrute 500 marins hollandais ainsi que des milliers de techniciens.
Pendant son absence, ses adversaires fomentent un complot pour remettre Sophie sur le trône en s’appuyant sur les streltsy, sorte de garde prétorienne du tsar, qui avait déjà pris parti contre Pierre. La tentative de coup d’État échoue avant même le retour de Pierre Ier. Un millier de streltsy sont torturés et massacrés, leurs cadavres exposés dans les rues.
la Grande-Duchesse Sophie, portrait anonyme, entre 1801 et 1850, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage
Dès son retour en Russie, le tsar met en œuvre sa politique d’occidentalisation à marche forcée. Le 5 septembre 1698, ordre est donné aux courtisans de se raser ainsi que de porter des habits courts à l’européenne. Adieu les longues tuniques et les robes traditionnelles ! Les contrevenants doivent s’acquitter d’une lourde taxe. Le souverain légalise aussi l’usage du tabac et impose le calendrier occidental. En 1699, il crée à Moscou une école d’artillerie. Il fonde aussi une imprimerie. Il va sans dire qu’en dehors de la capitale, cette modernisation brutale ne sera jamais acceptée et provoquera des révoltes récurrentes.
Pierre Ier crée un conseil de neuf membres qui prend le nom de « Sénat », à même de se substituer à lui en son absence. Il fonde une Académie des Sciences, une Académie navale, deux Académies militaires…
Pierre le Grand inspectant un navire à Amsterdam, Abraham Storck, vers 1700, Londres, Royal Museums Greenwich

1700-1721 : La grande guerre du Nord

Cherchant des débouchés maritimes, le tsar se tourne vers la mer Baltique, alors contrôlée par les Suédois. Ceux-ci ont rassemblé contre eux une vaste coalition comprenant le Danemark, la Pologne et la Saxe et à laquelle Pierre Ier s’est joint. L’attaque du Danemark contre la Suède au début de l’année 1700 marque le début du conflit.
L’entrée en guerre des Russes est catastrophique. L’armée du tsar est écrasée à Narva par les troupes de Charles XII, largement inférieures en nombre. Mais plutôt que de marcher sur Moscou, alors à peine défendue, le roi de Suède préfère s’attaquer aux Polonais et aux Saxons, laissant le temps au tsar de reconstituer une armée, formée cette fois à l’européenne. Finis l’antique cavalerie et les fantassins à peine entraînés. C’est désormais une armée formée et fondée sur la conscription.
Fort de ces nouvelles troupes, le tsar reprend l'offensive en Livonie et en Estonie. L’Ingrie ayant été délaissée par les Suédois, l’armée russe s’y installe. En 1703, Pierre Ier fonde à l'embouchure de la Neva, la forteresse Pierre-et-Paul. Il en fait le noyau de la future capitale, Sankt-Petersburg (en allemand dans le texte). Sa construction en style rococo, va s'étirer sur tout le XVIIIe siècle et coûter la vie à de nombreux ouvriers. Elle deviendra capitale officielle de l'empire en 1712, en remplacement de Moscou. Pour la renforcer, Pierre fait construire sur l’île voisine de Kotline la forteresse de Kronstadt, d’où partira deux siècles plus tard la célèbre révolte des marins contre le pouvoir bolchevique.
Bataille de Lesnaya, l'une des batailles décisives de la Grande Guerre du Nord, Jean-Marc Nattier, 1717
Le tsar se préoccupe aussi de moderniser et renforcer son armée. En 1705, il instaure la conscription : un paysan sur 75 est recruté pour 25 ans et, en 1722, la Table des rangs formalisera l’obligation de service des nobles.
En 1708, Charles XII reprend l’assaut contre la Russie et enchaîne les victoires. Mais une nouvelle fois, au lieu de s’avancer vers Moscou, le Suédois se dirige vers l'Ukraine où son armée doit faire jonction avec les Cosaques de Mazeppa lequel vient de trahir le tsar. Fidèle à une tactique qui fera ses preuves, Pierre Ier refuse de livrer bataille et laisse les Suédois pénétrer plus profondément dans son empire.
Coupé de ses arrières, Charles XII persiste à s'enfoncer dans l’immensité russe, alors que l’Europe subit le terrible hiver 1709. Le grand affrontement avec les troupes du tsar a finalement lieu le 8 juillet 1709 à Poltava. Épuisée, les Scandinaves sont écrasés par les Russes, supérieurs en nombre. L’armée suédoise est détruite et Charles XII s’enfuit en Turquie. C’est le grand tournant de la guerre.
Après ce succès éclatant, la Russie reprend l’offensive en Baltique et conquiert la Carélie, la Livonie et l’Estonie. Le 27 juillet 1714, la toute jeune marine russe détruit la flotte suédoise au large de Hangö Oud, au sud de la Finlande. Cette victoire sur une flotte réputée invincible fait l’effet d’une bombe en Europe. La grande guerre du Nord s’achève par la signature en 1721 du traité de Nystad. La Russie gagne l’Estonie, la Livonie, l'Ingrie et une partie de la Carélie. Disposant d’une large fenêtre sur la Baltique, le pays de Pierre Ier entre dans le concert européen et supplante la Suède comme puissance du Nord.
Bataille navale d'Hangö Oud, Maurice Baquoi, XVIIIe siècle
En attendant, en 1717, Pierre Ier effectue un voyage officiel en France. Il visite la bibliothèque Mazarine, la Sorbonne et également l’Académie française. Mais il brouille son image de souverain moderniste par sa réputation de brutalité, allant jusqu'à tuer son fils aîné Alexis, coupable d'animer le clan conservateur !
Pierre Ier sur son lit de mort, Ivan Nikitine, 1725, musée russe de Saint-Pétersbourg
Désormais appelé « le Grand », Pierre Ier se voit conférer par le Sénat en 1721 le titre d'« empereur ». C’est la fin officielle du tsarat et le début de l’empire russe, avec une nouvelle capitale : Saint-Pétersbourg. La même année, l’empereur supprime le patriarcat de Russie qu’il remplace par le Saint-Synode, une direction collégiale de l'Église dont les membres sont nommés par le souverain, donnant à l’État russe un droit de regard sur les affaires religieuses.
Quatre ans après la proclamation de l’empire, le 8 février 1725, Pierre le Grand décède d’une pneumonie. Le défunt tsar qui a quand même fait torturer et exécuter son propre fils, n’a plus qu’un héritier : son petit-fils. Âgé de 11 ans, Pierre II est trop jeune pour régner et c’est la seconde épouse de Pierre le Grand, Marthe Skravonska, qui lui succède sous le nom de Catherine Ière. Quel incroyable destin pour cette ancienne paysanne balte analphabète !
La tsarine confie la politique étrangère au baron Ostermann qui va conduire la Russie à la victoire sur les Ottomans en 1736-1739. Quinze ans plus tard, lors du coup de force d’Elisabeth Ière, le ministre sera renversé. Condamné à l’écartèlement, il verra au pied de l’échafaud sa peine convertie en un exil à vie !
Emportée par la variole en 1727, Catherine Ière laisse le trône à Pierre II qui s’éteint sans descendance après seulement trois ans de règne. C’est sa cousine Anne, fille du co-tsar Ivan V, qui lui succède.

1730-1740 : Anne Ière

Femme cruelle, davantage intéressée par ses nains que par les affaires de l’État, la nouvelle tsarine délègue le gouvernement à son favori, Ernest Johann von Biron, un aristocrate germano-balte, détesté des Russes et qui n'hésite pas à faire exécuter ou déporter ses adversaires.
Ernst Johann von Biron, vers 1730, Lettonie, Rundāle Palace
Biron s’entoure de barons baltes luthériens qui poussent la Russie à intervenir dans les affaires européennes. Elle participe ainsi contre la France à la guerre de Succession de Pologne en assiégeant la ville de Dantzig. La guerre reprend également contre la Turquie pour l’accès à la mer Noire et se solde par la perte d’Azov.
C’est sous le règne d’Anne Ière que les Russes prennent pied en Alaska.
Anne meurt en 1740, elle aussi sans enfant. Pour permettre à Biron de lui succéder, elle désigne comme héritier un nourrisson : l’arrière-petit-fils d'Ivan V. Mais un coup d'État fomenté par la fille de Pierre le Grand, Élisabeth, avec l’aide de la garde impériale, exile Biron en Sibérie et destitue Ivan VI. Celui-ci passera le restant de ses jours en captivité sous le nom de « Prisonnier numéro 1 ».

1741-1761 : Élisabeth Ière

La nouvelle tsarine délègue presque tous ses pouvoirs à ses favoris afin de pouvoir se consacrer à la vie culturelle. Francophile, elle commande à Voltaire une Vie de Pierre Le Grand et fait découvrir à la cour les comédies de Molière. L’aristocratie russe se modernise et s’ouvre à la littérature et à la musique.
Portrait officiel d'Élisabeth Ire, Louis Tocqué, 1758, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage
Son règne est une période d’éclat sur le plan intellectuel, marquée notamment par l’action du savant et poète Michel Lomonossov, surnommé le « Leibniz russe ». Sous son impulsion est ainsi créée l’Université de Moscou en 1755 et l’Académie impériale des Beaux-Arts. L’architecte italien Barthélemy Rastrelli popularise le style « baroque élisabéthain » avec le palais d'Hiver, le palais Catherine, le palais de Peterhof (le « Versailles russe ») ou le couvent Smolny (qui hébergera le quartier général des bolcheviques en 1917).
La Russie prend part à plusieurs conflits. Sa victoire contre la Suède lui permet d’annexer la Finlande méridionale en 1743. L’armée russe participe également à la guerre de Sept Ans aux côtés de l’Autriche et de la France et inflige à la bataille de Kunersdorf en 1759 une cuisante défaite à Frédéric II qui permet aux austro-russes d’entrer dans Berlin.
Sans enfant, l'impératrice désigne comme successeur son neveu, Pierre, duc de Holstein-Gottorp. Consciente de ses limites, Élisabeth lui trouve une épouse de caractère en la personne d'une princesse allemande : Sophie d'Anhalt-Zerbst. Totalement dévouée à sa nouvelle patrie, celle-ci se convertit à l'orthodoxie et prend pour nom Catherine.
Dernière Romanov de souche russe, Élisabeth meurt le 5 janvier 1762.

Le règne éphémère de Pierre III

Le nouvel empereur, Pierre III, ne règnera que 6 mois. Se montrant davantage attaché à son duché d’origine qu’à sa terre d’adoption, le tsar est un admirateur de Frédéric II et sa première décision est de signer une paix séparée avec la Prusse, au grand dam de ses alliés autrichiens et français. Il évite ainsi au roi de Prusse une lourde défaite. Dès son avènement, en janvier 1762, le nouveau tsar Pierre III Sa prussophilie l’amène aussi à quitter la coalition de la guerre de Sept Ans, ce qui fait le bonheur de l’Angleterre.
Pierre III et Catherine II avant leur règne, Georg Christoph Grooth, vers 1745, musée d'art d'Odessa
Haï des dignitaires russes, Pierre III s’entoure de courtisans allemands. Il refuse d’abandonner le luthéranisme et se met à dos l’Église orthodoxe en demandant aux popes de se vêtir comme des pasteurs et en ordonnant le retrait des icônes des églises.
L’empereur s’entend si mal avec son épouse qu’il envisage de la répudier pour se remarier avec sa maîtresse. Assignée au palais de Peterhof, Catherine fomente un complot avec l’aide de quelques officiers pour chasser son mari du trône. Le coup d'État a lieu le 9 juillet 1762.
Catherine est conduite par les conjurés à la caserne du régiment Ismaïlovski, où les soldats lui prêtent serment de fidélité. Forte de ce soutien, elle marche ensuite vers Saint-Pétersbourg où elle est accueillie triomphalement et proclamée impératrice à la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan.
Contraint d’abdiquer, le tsar déchu est retenu prisonnier au château de Ropcha où il meurt quelques jours plus tard au cours d’une « dispute » avec son geôlier, Alexis Orlov, qui se trouve être également le favori de Catherine ! Le mystère entourant sa mort donnera naissance à d’innombrables rumeurs qu’exploiteront, non sans succès, quantité d’imposteurs.

1762-1795 : Catherine II, une Allemande au service de la Russie

La nouvelle tsarine poursuit la politique de modernisation entamée par Pierre le Grand. Séduite par les philosophes des Lumières, elle attire à Saint-Pétersbourg des Européens de renom, y compris Diderot et Mme Élisabeth Vigée-Lebrun. À Diderot, elle déclare en 1773 : « Vous ne travaillez que sur le papier qui souffre tout, tandis que moi, pauvre impératrice, je travaille sur la peau humaine qui est bien autrement irritable et chatouilleuse ».
L'impératrice fait confisquer l'essentiel des biens de l'Église orthodoxe et met en œuvre la séparation du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire.
Pour exploiter la steppe inhabitée de la moyenne Volga, elle fait appel à 23 000 paysans allemands de Rhénanie dont les descendants resteront dans la région jusqu’à la fin de l’URSS.
Catherine II, vers 1780, Berlin, Kunsthistorisches Museum
Modèle du « despote éclairée », Catherine II rétablit pourtant la peine de mort, abrogée par Élisabeth Ière. Elle renforce également les privilèges des nobles. Ceux-ci ne sont plus contraints de servir dans l’armée et sont dispensés d’impôt. Pire : leurs droits sur les serfs sont étendus. Les propriétaires sont désormais libres de les punir, les vendre ou les envoyer en Sibérie. Et le nombre de serfs ne cesse de s’accroître. Il passe de 40% de la population russe en 1750 à plus de la moitié à la fin du règne de Catherine II.
Le règne de Catherine II sera surtout marqué par ses succès en politique étrangère. Première souveraine à n’avoir pas une goutte de sang russe, elle entend profiter de l'affaiblissement de la Pologne pour récupérer les terres de la Russie historique (la Rus' de Kiev) à savoir la Biélorussie (« Russie blanche ») et l’Ukraine (« Petite Russie »).

La révolte de Pougatchev
L'aggravation de la condition paysanne sera à l’origine de nombreuses révoltes. La plus fameuse éclate en 1773. Elle est menée par Emelian Pougatchev, un cosaque déserteur qui se fait passer pour Paul III et appelle à déposer l’impératrice. Partie de l’Oural, la révolte va prendre une ampleur considérable, attitrant les mécontents de toute sorte : Vieux Croyants, serfs exploités, Cosaques du Don, ouvriers… En l’absence des troupes régulières en prise avec les Turcs, les insurgés, au nombre de 50 000, s’emparent d’un vaste territoire entre la moyenne Volga et l'Oural. Ils prennent Kazan et menacent même Moscou ! Ce n’est qu’avec le retour de l’armée que la rébellion sera matée. S’ensuit une répression féroce. Abandonné par les siens, Pougatchev est livré aux autorités et finira écartelé en janvier 1775.
Le Jugement de Pougatchev, Vassili Perov, 1879, Saint-Pétersbourg, musée russe

Les partages de la Pologne

En 1764, Stanislas II est élu roi de Pologne. Ancien amant de Catherine II, le nouveau souverain est un dirigeant faible qui s’avère totalement inféodé à la Russie.
Le roi Stanislas II, Johann Baptist von Lampi, vers 1782, Saint-Pétersbourg, musée de L'Ermitage
Quatre ans plus tard, la signature d’un traité d'amitié perpétuelle entre les deux États entraîne le soulèvement d'une partie de la noblesse polonaise, rassemblée dans la Confédération de Bar. Soutenus par la France, les Confédérés finissent par déposer les armes.
Le 5 août 1772, un traité de partage du tiers de la Pologne est conclu à Saint-Pétersbourg entre la Russie, l'Autriche et la Prusse. La Russie annexe l’est de la Biélorussie.
Un deuxième partage est conclu avec la Prusse en 1793. Cette fois, la Russie met la main sur l'essentiel de la Biélorussie (dont Minsk) et l’ouest de l'Ukraine.
Deux ans plus tard, un dernier partage offre à la Russie le reste de la Biélorussie ainsi que la Lituanie et le sud de la Lettonie.
Séparés depuis les raids mongols, les slaves de l’Est sont désormais réunis au sein d’un même État. Entre le Boug et le Dniepr, Biélorusses et Ukrainiens, largement orthodoxes, se considèrent plutôt délivrés de la domination des Polonais catholiques. Voisine de l’Autriche et de la Prusse, la Russie est plus que jamais au cœur de la politique européenne.
Vue de l'embrasement des flottes turques dans le port de Tchesmé le 7 juillet 1770, Rijksmuseum, Amsterdam

La Russie annexe la Crimée

En 1768, lors de la guerre entre la Russie et la Confédération du Bar, la France, alliée des Polonais, a poussé l’empire ottoman à déclarer la guerre à Catherine II.
Pour empêcher les Turcs de prêter mains fortes aux Confédérés, la Russie lance une armée vers l'embouchure du Danube. Les troupes de Catherine II marchent vers les Balkans, où l’impératrice ambitionne de créer un nouvel empire byzantin qui reviendrait à son petit-fils. Les Russes invitent les populations chrétiennes soumises aux Turcs à se soulever. C’est la préfiguration de ce qui deviendra au XIXe siècle le panslavisme.
L’armée de Catherine II atteint la Grèce. Le 6 juillet 1770, en pleine mer Égée, la flotte russe commandée par Alexis Orlov détruit la flotte turque à la bataille de Tchesmé. C’est la plus grande défaite navale subie par l'Empire ottoman depuis Lépante. Quelques semaines plus tard, les Russes triomphent sur terre d’une armée ottomane largement supérieure en nombre à Kagul (Moldavie).
Sur le front est, la prise de la forteresse de Kertch qui commande le passage entre la mer d'Azov et la mer Noire permet à la Russie d’occuper la Crimée et tout le littoral ukrainien. Le traité de Koutchouk-Kaïnardji de 1774 fait passer la Crimée sous suzeraineté russe. Celle-ci sera intégrée à l'empire russe neuf ans plus tard. Surtout, le traité fait de la Russie la protectrice de tous les orthodoxes de l’Empire ottoman, lui donnant un motif d’ingérence qu’elle ne manquera pas d’utiliser.
Il faudra encore une guerre (1787-1792) pour que la victoire russe soit complète. Par le traité de Jassy, la Sublime Porte reconnaît l'annexion de la Crimée et cède aux Russes la rive nord de la mer Noire. Les navires marchands russes obtiennent la libre circulation à travers les détroits turcs. La Russie accède enfin aux mers chaudes et les ports de Sébastopol et Odessa sont créés. Le vieux rêve de Pierre le Grand est devenu réalité.
La Révolution française marque un tournant dans la politique Catherine II. Craignant que son pays ne soit gagné par les idées révolutionnaires, la tsarine rompt les relations diplomatiques avec la France, réprime les loges maçonniques, et envoie en Sibérie les penseurs contestataires, tels le philosophe Alexandre Radichtchev.
À la mort de Catherine II en 1796, la Russie n’a jamais été aussi vaste et puissante.


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2023.11.19 11:24 miarrial Espagne-Algérie : je t’aime, moi non plus

Espagne-Algérie : je t’aime, moi non plus
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Un an et demi après avoir rompu ses relations avec l’Espagne, Alger annonce son intention de renouer avec Madrid et envoie un nouvel ambassadeur. Un nouvel épisode dans la relation tumultueuse qui unit les deux quasi-voisins, et ce depuis plus de six siècles.
Cette carte illustre les rapports de force en Méditerranée vers 1633. Un archer maure représentant le sultan d’Alger pointe sa flèche en direction du roi d’Espagne, Philippe IV, tandis que le roi de France Louis XIII semble les surveiller du coin de l’œil. © Augustin Roussin, Marseille, 1633/BnF, département des Manuscrits/CreativeCommons
Après une rupture historique de 19 mois, Alger a donc décidé de se rabibocher avec Madrid et envoie un ambassadeur dans la capitale espagnole. Le dernier incident remontait au 8 juin 2022 et avait été provoqué par l’évolution de l’Espagne sur la question de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Un épisode symptomatique de l’histoire des relations entre deux pays qui se font face, chacun sur une rive de la Méditerranée, et tissent une histoire commune – et mouvementée – depuis le XVe siècle.
📷A lire : Algérie-Espagne : après la crise, place au rabibochage
À l’époque, la longue épopée de la Reconquista, cette guerre entamée en 722 par les rois catholiques pour chasser les dynasties arabo-musulmanes d’Al-Andalus, touche à sa fin et, en moins d’un siècle et demi, deux grandes vagues d’expatriations des Morisques, ces Arabes vivant dans le péninsule ibérique, vont avoir lieu. La première, en 1492, fait suite à la prise de Grenade. Quant à la seconde, entre 1609 et 1613, elle résulte de la volonté du roi castillan Philippe III d’expulser les musulmans encore présents. Direction l’Afrique du Nord : Oran, Tlemcen, Bougie s’hispanisent et les linguistes estiment qu’on en trouvera des traces, bon an mal an, jusqu’au XVIIIe siècle.
« Le Maghreb central, précise l’historien Charles-André Julien, était une proie d’autant plus tentante que les accords avec le Portugal interdisaient à l’Espagne de poser le pied au Maroc ailleurs qu’à Melilla. […] Après une attaque de corsaires de Mers el-Kébir contre Alicante, Elche et Malaga au printemps 1505, les Espagnols entrèrent en action. Une armada espagnole obtint, en un mois et demi, la reddition de Mers el-Kébir, le meilleur mouillage de la côte algérienne. »

Les présides espagnols en Algérie

À bien des égards, l’histoire se répète. Aux attaques « terroristes » des pirates algériens, l’Espagne répond par des représailles musclées et une occupation de leur fief. C’est le célèbre cardinal Xavier de Cisneros qui mène la conquête. Oran est occupée en 1509. Elle le sera une seconde fois, exactement deux siècles plus tard, en 1708.
Une fois solidement installés, après des opérations coûteuses, dans les villes côtières, les Espagnols fortifient leurs positions. De ces citadelles, on se sert sur l’arrière-pays par des coups de main et des rezzous. Pour ce faire, des patrouilles légères mais bien équipées vont tâter le terrain, soumettre des tribus entières – celles de la plaine de Melata, dans le sud oranais, de la commune actuelles d’Arzew et de Tessala, une commune actuelle de la wilaya de Sidi Bel Abbés.
📷A lire : Algérie-Espagne : comment le Sahara a fait exploser leur partenariat
Vers 1543, presque trente ans après avoir débarqué dans le Maghreb central (Maghreb al-Awsat pour les historiens et géographes arabes), les Espagnols s’empare d’El Keurt, situé aujourd’hui dans la wilaya de Mascara. Ils y feront de nombreux prisonniers. La prise est symbolique pour la chrétienté : la ville n’a-t-elle pas été fondé par les Arabes en 835 ? Les tercio (fantassins espagnols), bien entraînés, sont animés par une foi de conquête proche de celle des croisades.
On s’allie également certaines tribus maures. Les Espagnols vont plus loin encore : ils en christianisent certaines. C’est le cas de toute une branche des Zemala. Une autre tribu, celle des Oulad Ali, vivant à une quarantaine de kilomètres au sud-est d’Oran, va se soumettre aux Espagnols. Ils fourniront d’intrépides cavaliers à la soldatesque ibérique.

Une occupation restreinte

En 1520, les Algériens, menés par un corsaire notoire, Khaïr el-Din, allié aux Turcs, vont fortement contrarier les plans des Espagnols, qui se calfeutrent dans leurs présides algériens. Oran, Bougie, Mers el-Kébir, Peñon d’Alger. Des fortifications de génie, hérissées de centaines de bouches à feu, assurent l’imprenabilité des structures.
Portrait du corsaire © Portrait du corsaire Khaïr el-Din, aussi appelé Barberousse © Auteur inconnu/Domaine public
Les Espagnols s’isolent donc de l’hinterland. Exception faite de quelques coups de main pour châtier les tribus trop téméraires ou pour se procurer, en temps de disette, les vivres qui tardent à arriver du continent. Parfois les sorties n’avaient d’autres desseins que de tuer l’ennui. « Chasser du Maure » est alors une activité sportive en soi. Bref, c’est une colonisation limitée. Ces enclaves espagnoles en territoire algérien, vivent sous perfusion permanente de la Péninsule. Même l’eau provient souvent du port de Malaga.
📷A lire : Algérie : pourquoi Alger veut couper le gaz à l’Espagne
Les Espagnols reprennent une nouvelle fois la ville d’Oran, en 1732, cette fois-ci aux Ottomans. Ils s’y installent fermement et pour la durée : renforcement des fortifications, aménagement tambour battant de la ville. Sauf qu’en 1790, un puissant tremblement de terre annihile la moitié d’Oran. Les Algériens y voient la volonté d’Allah d’expulser les Chrétiens de dar al-islam (le territoire de l’Islam). Deux années plus tard, les troupes de Charles IV plient définitivement bagage en même temps que le bey Mohammed el-Kébir prend possession des lieux. C’en est fini de la présence espagnole dans l’Oranais, en tous les cas sous l’aspect militaire.
Au XIXe siècle, la présence ibérique va prendre une tout autre forme. Et pour cause. Faut-il rappeler qu’en 1830, l’arrivée des Français dans la Régence d’Alger modifie de fond en comble non seulement la société algérienne mais la géopolitique de tout le Maghreb.

Des migrants à tout faire

Cela ne va pas sans avoir des incidences sur la rive nord du Mare Nostrum. En effet, Paris ambitionne une colonie de peuplement. Pour cela, les autorités encouragent la migration. Mais le succès français n’est pas au rendez-vous. Ce sont davantage des Européens du Sud qui vont accourir : Italiens, Maltais et, bien sûr, Espagnols. Ces derniers forment le gros des troupes, plus de 30 % des migrants.
Dans la décennie 1870, 43 000 Espagnols posent leurs valises dans l’Oranais et l’Algérois. L’explication est à trouver dans la troisième guerre carliste qui fait alors rage en Espagne. L’histoire démographique distingue trois grandes vagues de migrations. Primo, celle de travailleurs de l’île de Minorque, qui se regroupent à Fort de l’Eau, aux alentours d’Alger. Ce sont, pour la plupart, des maraîchers. Seconde vague, celle des Alicantins. Alicante est lourdement touchée par une sécheresse au mitan du XIXe siècle. Les agriculteurs sont aux abois. Ils forment, en Algérie, une main d’œuvre d’ouvriers agricoles indispensable pour les colons français.
📷A lire : Algérie : le trafic de migrants vers l’Espagne a généré près de 60 millions d’euros en 2021
« La population de certaines villes de l’Oranais prit ainsi un caractère nettement espagnol. Au recensement de 1886, les Espagnols étaient quatre fois plus nombreux que les Français à Saint-Denis-du-Sig et à Mers el-Kébir, près de trois fois plus nombreux à Sidi Bel-Abbès, deux fois plus nombreux à Oran et Arzew », insistent les démographes Guy Brunet et Kamel Kateb.
Enfin, une ultime vague, très diversifiée, d’Espagnols en provenance de diverses régions pauvres de la Péninsule. Leur sort sera encore moins enviable que celui de leurs prédécesseurs. Ils hériteront des professions les plus pénibles : terrassiers, défricheurs, débroussailleurs, alfatiers… Bref, des journaliers et saisonniers. Les Espagnoles ne sont pas de reste : cantinières, blanchisseuses et domestiques pour la plupart. L’usine de tabac d’Oran était connue pour n’employer que des ouvrières espagnoles.

Un refuge pour les républicains

Des migrations ouvrières du XIXe siècle aux réfugiés de la Guerre civile de 1936-1939, il n’y a qu’un pas. Après la défaite des troupes républicaines, on dénombre quelques 5 300 réfugiés espagnols sur le sol algérien, selon les estimations du Gouvernement général de l’Algérie (GGA). Le Maroc du Nord, plus proche, sous protectorat espagnol et fief du général Franco, leur est fermé. Contrairement aux migrants du XIXe siècle, ces déplacés ont souvent les moyens. À preuve, des demandes sont introduites par les préfets auprès du GGA pour autoriser le change des pesetas et autres devises en francs sur le territoire algérien.
Réfugiés espagnols à Bordeaux © La défaite du camp républicain en Espagne est à l’origine de l’une des dernières vagues de migration espagnole en Algérie
Pour héberger tous ces réfugiés espagnols, le GGA met sur pied des camps. Il n’est pas nécessaire d’insister sur l’atmosphère de ces cantonnements dont les conditions de vie ne sont jamais très commodes. L’afflux des Espagnols en Algérie se tarit après la Seconde Guerre mondiale. Avec l’indépendance, les Espagnols, à l’instar des Français, mettent les voiles vers l’Europe. Plus tard, c’est autour des positions adoptées sur le conflit opposant le Maroc et les organisations séparatistes sahraouies que se cristallisera le bras de fer – intermittent – entre Alger et Madrid. Un autre sujet de discorde qui continue à alimenter des relations bilatérales en demi-teintes et jamais véritablement apaisées.

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2023.11.16 19:47 Independent_Leg_9385 La folle histoire de l’alimentation moderne

Même la cocaïne, à l’origine une plante sacrée des Incas, a trouvé sa place dans les cercles élégants grâce à des élixirs audacieux. Dans ce tourbillonde saveurs exotiques et d’intrigues historiques, l’Europe a appris que les plus grandes aventures culinaires commencent souvent par une pointe de crainte et une pincée de diablerie. Bienvenue dans un voyage fascinant à travers les plaisirs exotiques et les découvertes gustatives de l’Europe d’autrefois !

La pomme de terre: superlégume du diable

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la plupart des légumes qu’on tient pour acquis aujourd’hui faisaient très peur à l’Europe médiévale. Lorsque le conquistador espagnol Francisco Pizarro ramène des pommes de terre au pape Clément VII après avoir sauvagement ravagé l’empire inca, l’Église a brièvement considéré de bannir le pauvre tubercule sous prétexte que la pomme de terre n’apparaissait pas dans la Bible.
Lorsque la patate est introduite en Écosse, en 1728, elle est aussitôt dénoncée vigoureusement pour ne pas être citée dans l’Ancien Testament! En France, des pommes de terre a été longtemps bouddée de la ferme au palais, si bien que le roi Louis XVI portait ostensiblement la fleur de la plante en boutonnière pour en faire la promotion.
Cette idée s’avéra judicieuse : la patate offrait à l’Europe un formidable avantage contre la litanie de désastres climatiques qui causaient fréquemment des famines. Étant habituée à pousser jusqu’à 5 000 mètres d’altitude, la patate s’adapta sans problème aux terres européennes, offrant des récoltes à un rendement bien supérieur aux céréales traditionnelles. Riche en calories (trois fois plus que la céréale), la patate était aussi peu coûteuse et facile à conserver.

Le café : boisson de la révolution

Au même titre que la patate et le tabac, le café s’est révélé être l’une des plus grandes révolutions gustatives en Europe. Les premières graines de café ont été introduites au XVIIe siècle par les marchands venant d’Orient. Initialement réservée à l’élite, cette boisson exotique a rapidement conquis toutes les couches de la société européenne. Les cafés, ou « maisons de café », ont commencé à fleurir dans les grandes villes, offrant aux Européens un lieu de rencontre et de discussions animées.
Docteur Duncan, de la Faculté de Montpellier, en 1706, écrivait : “Le café et le thé étaient initialement utilisés uniquement comme médicaments lorsqu’ils étaient désagréables, mais depuis qu’ils sont devenus délicieux avec du sucre, ils sont devenus des poisons.” “Cocaine: An Unauthorized Biography” par Dominic Streatfeild (2003)
L’arrivée du café a eu des implications bien plus larges, voire révolutionnaires. Jusqu’au XVIIIe siècle, l’aristocratie, les marchands et les nobles privilégiaient un mélange d’alcools divers. Cependant, au XVIIIe siècle, les cafés ont fait leur apparition, ces nouveaux établissements où le produit phare était un stimulant qui n’enivrait pas, mais qui stimulait dangereusement la conversation. De plus, le café était un produit pasteurisé grâce à l’ébullition, un détail qui semble aujourd’hui évident mais qui faisait toute la différence à une époque dépourvue d’infrastructures hygiéniques de base.
Le café est devenu un nouveau point de ralliement, centré autour des idées, coïncidant avec l’émergence de nouveaux journaux. Il est devenu le lieu de rencontres politiques, le quartier général des philosophes, où les différents partis politiques se rencontraient, s’organisaient et planifiaient leurs prochaines actions.
Parallèlement, des salons ont vu le jour, ces événements privés organisés par des femmes où les intellectuels se mêlaient à des conspirateurs occasionnels, brassant ainsi des idées subversives. Il est fascinant de constater que la Révolution Française a été préparée par ces buveurs de thé et de café, réunis dans l’atmosphère chaleureuse de ces lieux de rencontre stimulants.
Article complet : https://letempsdunebiere.ca/la-folle-histoire-de-lalimentation-moderne/
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2023.11.08 14:28 miarrial Quand et comment le cochon a-t-il été domestiqué ?

Quand et comment le cochon a-t-il été domestiqué ?
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Le cochon est un animal domestique un peu négligé car de nombreuses idées fausses circulent à son sujet. Son origine même ne fait pas l’unanimité dans le monde scientifique. Cet article vise donc à faire un point clair sur ce que l’on sait à ce sujet et, plus largement, sur l’histoire de la domestication du cochon.

Quel animal est aux origines du cochon domestique ?

C’est au début de l’ère Tertiaire que le cochon apparaît. Pour rappel, une crise biologique se produit à la fin du Crétacé et au début de Tertiaire, crise qui a entraîné le renouvellement de la faune. Les mammifères se sont notamment multipliés, occupant alors des niches écologiques libérées par les grands reptiles. Parmi eux, le cochon sauvage qui pourrait bien être l’ancêtre du cochon domestique, et non le sanglier. Le cochon sauvage trouve son origine en Asie Mineure et dans la région du Turkestan. Il colonise ensuite toute l’Asie avant d’élire domicile en Afrique et en Europe.
Cela dit, les débats persistent à ce jour. Pour certains, ce sont essentiellement deux espèces qui sont à l'origine de la plupart des cochons domestiques actuels : le sanglier eurasiatique (Sus scrofa) et le sanglier nain d'Asie du Sud-Est (Sus vittatus et apparentés).

Mais au fait, c’est quoi un animal “domesticable” ?

Pour être domesticable, un animal doit servir à quelque chose, fournir quelque chose : de la viande, du lait, de l’engrais, de la laine, ou encore, de la force musculaire. Mais il doit aussi :
  • Être docile (c’est pourquoi le cheval a été préféré au zèbre) ;
  • Se reproduire dans un délai raisonnable à l’échelle d’une vie humaine et accepter de le faire en captivité ;
  • Être facile à nourrir ;
  • Grandir et grossir assez rapidement ;
  • Accepter la vie en troupeaux ;
  • Se laisser dominer et diriger ou vivre en enclos.
Il n’y avait finalement pas tant d’animaux qui répondaient à ces critères. Les espèces correspondantes ont toutes été domestiquées à plusieurs reprises, dans différents lieux, par diverses populations.

Quelles sont les conséquences de la domestication du cochon ?

Les premières preuves archéologiques de la domestication du cochon remontent à environ 10 000 ans av. J.-C. En Europe, cette domestication était bien présente dès 7 000 ans avant J.-C.
Au contact de l’homme, la morphologie de l’animal a beaucoup évolué. N’ayant plus besoin de chasser pour survivre, il devient plus petit, ses dents s’écourtent, son groin s’affine et sa peau noire s’éclaircit pour lui donner au fil des siècles la teinte rosée qu’on lui connaît aujourd’hui.
Du côté des humains, la domestication du cochon est intimement liée à la transition des sociétés de chasseurs-cueilleurs vers des sociétés agricoles, moment historique qui marque un tournant majeur de l'histoire humaine. La sédentarisation a permis aux humains de construire des établissements permanents, de stocker de la nourriture et de développer l'agriculture. Ces premières communautés sédentaires produisaient des déchets alimentaires qui constituaient une source de nourriture aisément accessible pour les animaux sauvages. Un certain nombre d’entre eux rôdaient donc autour de ces zones d’activité humaine.

Où se trouve le berceau de la domestication du cochon ?

La Chine est l'une des premières régions où l'on trouve des preuves archéologiques de la domestication du cochon. Des sites néolithiques, comme ceux de Jiahu et Banpo, ont révélé des restes d'animaux et d'outils qui suggèrent une interaction entre humains et cochons. C’est d’abord une relation que l’on peut qualifier de symbiotique qui se met en place. On peut la qualifier de mutualisme dans la mesure où les cochons y trouvaient de quoi se nourrir sans effort et les humains pouvaient tuer et manger facilement ces animaux qui s’étaient engraissés. On dit souvent que “tout est bon dans le cochon” : les humains utilisaient leur viande, leur graisse et leurs os.
L'Asie mineure et le Proche-Orient, comprenant des régions comme la Mésopotamie et l'Anatolie, sont également des zones importantes pour la domestication du cochon. Des sites archéologiques tels que Çatalhöyük en Turquie montrent des interactions entre humains et cochons datant de 9 000 ans.
Notons qu’au-delà de ces régions où le cochon a commencé à être domestiqué, il y en d’autres où les cochons ont fait une arrivée tardive. Le porc a été introduit en Amérique du Nord par Christophe Colomb lors de son second voyage en 1493. Les cochons domestiques arrivés dans les Antilles se sont reproduits très vite. L’Arctique ou la Nouvelle-Zélande ont également attendu les explorateurs pour bénéficier de l’introduction du cochon.

Quelle est la place du cochon dans l’histoire de la domestication animale ?

C’est le chien le premier animal domestiqué, le loup gris étant à ce jour identifié comme l’ancêtre du chien domestique. Une première vague de domestication a eu lieu en Europe, il y a environ 15 000 ans, et une seconde en Asie, il y a près de 12 000 ans. Mais certains chercheurs émettent l’hypothèse d’une domestication remontant à 35 000 ans.
Pour les autres animaux, la domestication est liée, comme c’est le cas pour le cochon, à la sédentarisation. La chèvre est probablement le premier ongulé à avoir été domestiqué, il y a environ 10 500 ans au Proche-Orient. Les bovins ont aussi été domestiqués il y a 10 500 ans, en Iran à partir d'aurochs sauvages. Ils étaient intéressants pour leur peau, leur lait, leur viande mais aussi leur force, mobilisée dans les tâches agricoles.
La domestication des oiseaux semble moins liée à des impératifs alimentaires. Elle semble avoir d’abord répondu à des nécessités culturelles, ayant attiré l’attention de l’homme pour leur beauté, ayant été utilisé dans des combats ou pour des sacrifices dans des cérémonies religieuses. Ils ont bien sûr aussi été utilisés pour leur viande, leurs œufs et leurs plumes. Mais en Europe, la consommation de la chair des oiseaux et de leurs œufs ne se développe vraiment qu’à partir du XVIIIe siècle et au XIXe siècle, le XXe siècle étant celui du développement de l’élevage industriel.
Au fil du temps, les humains ont commencé à sélectionner les cochons les plus dociles ou les plus productifs pour la reproduction, éliminant progressivement les traits sauvages. La sélection continue a entraîné des changements génétiques chez les cochons, les rendant plus adaptés à la vie en captivité. Une fois que le cochon a été domestiqué, la pratique s’est diffusée. Routes commerciales, migrations et conquêtes y ont contribué. Par exemple, les Romains ont joué un rôle majeur dans la diffusion de l'élevage porcin en Europe.
Pendant l’Antiquité, Grecs, Romains et Gaulois ont beaucoup apprécié le cochon. Ses vertus sont vantées dans des écrits comme ceux d’Aristophane, poète grec du IVᵉ siècle av. J.-C., de Caton (homme politique et un écrivain romain du IIIe et IIe siècle av. J.-C.) ou encore de Pline (écrivain et naturaliste romain du Ier siècle).
Le gros avantage du cochon, c’est qu’il est simple à élever. C’est cette qualité qui en fera l’animal le plus consommé au Moyen-Âge, devant le mouton et le bœuf. Toujours pour les mêmes raisons, Vauban, ministre de Louis XIV, voit dans l’élevage du cochon un moyen de lutter contre la famine. Un siècle plus tard, grâce à la diffusion de la pomme de terre qui sert autant à nourrir l’homme que le cochon, l’élevage du porc français devient le plus dynamique d’Europe. On utilisait jusqu’à la vessie, que l’on soufflait et faisait sécher, pour conserver le tabac. La graisse de porc (ou saindoux) était incorporée dans des pommades contre le mal de dents ou était utilisée pour faire des savonnettes.

Un cochon domestique peut-il redevenir sauvage ?

Oui, un cochon peut tou à fait retourner dans la nature et survivre sans aide humaine. Cela s’appelle un cochon marron, ou cochon (ou porc) féral, ou encore cochon ensauvagé. Ce cochon a pu soit avoir évolué dans un environnement domestique dont il s’est échappé, soit être né loin de l’être humain. En tout cas, il n’y a aucune différence génétique entre un cochon redevenu sauvage et un cochon domestique. La différence est seulement comportementale.
La domestication du cochon n’a pas été sans impacter les paysages. Dans certaines régions, la surpopulation de cochons a conduit à la déforestation et à l'érosion du sol. Cependant, dans un système d'élevage bien géré, les cochons peuvent contribuer positivement à l'agroécosystème, notamment en recyclant les déchets alimentaires.
La domestication du cochon est donc étroitement liée à l’histoire du développement des sociétés humaines. Aujourd’hui, notre relation à cet animal continue d’évoluer. Il reste une source essentielle de nourriture pour de nombreuses cultures. Mais en Occident, où l’on cherche à toujours mieux comprendre les animaux qui nous côtoient, on sait désormais que le cochon est doté d’une intelligence développée, ce qui questionne son exploitation.




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2023.10.11 13:24 miarrial FRANCE – « Esclavage, mémoires normandes » : un passé négrier exhumé

FRANCE – « Esclavage, mémoires normandes » : un passé négrier exhumé
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VISITE GUIDÉE. Cette exposition éclatée entre Le Havre, Honfleur et Rouen revient sur un pan important du rôle de la Normandie dans la traite négrière. Une première.
Exposition Esclavage mémoires normandes Musée Hôtel Dubocage de de Bléville
L'histoire est méconnue. La Normandie et ses principaux ports ont joué un rôle important dans l'esclavage et le commerce triangulaire. Pour la première fois, une grande exposition régionale qui se tient simultanément sur trois sites muséaux – au Havre, à Honfleur et à Rouen – dévoile l'implication de la Normandie dans la traite atlantique. Son nom : « Esclavage, mémoires normandes ».
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Trois villes au cœur de l'histoire de l'esclavage

Chaque site présente une exposition selon le rôle joué par la ville dans ce commerce triangulaire. Au Havre, l'accent est mis sur les acteurs et les protagonistes qui ont participé à la traite. À Honfleur, la question est abordée sous l'angle maritime, celui des préparatifs, de l'armement des navires et des conditions de traversée. À Rouen, l'exposition révèle le rôle financier de la capitale régionale – un peu la City au XVIIIe siècle – dans le commerce triangulaire et son impact sur le développement économique de la région.
Exposition Esclavage, mémoires normandes à Rouen
« Ces trois collectivités ont décidé de travailler ensemble. Nous avons fait un état des lieux des collections des musées, des archives municipales, départementales, des bibliothèques. Ce premier état des lieux nous a permis de faire émerger une vraie richesse à montrer, en plus des recherches universitaires », commente Guillaume Gaillard, commissaire général de l'exposition régionale, directeur valorisation des patrimoines du Havre. « La question de la traite ne pouvait pas se limiter à la ville du Havre. On est sur un phénomène assez classique, économique, de production régionale avec un maillage financier et une production industrielle. »
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Une forte participation largement ignorée

Près de 600 navires ont quitté les ports normands pour les côtes africaines, transportant des « pacotilles » qui seront échangées contre des captifs, notamment avec des négriers locaux. Ainsi, 150 000 Africains, des hommes, des femmes et des enfants, seront entassés dans les cales des bateaux et déportés en direction des Antilles, Ces êtres humains seront vendus « comme des biens meubles », en particulier à Saint-Domingue et en Martinique. Avant de rentrer dans leurs ports d'attache, les navires se seront chargés de sucre, coton, tabac, indigo, café… : des marchandises revendues en France et en Europe. Ce commerce triangulaire connaîtra son apogée au milieu du XVIIIe siècle et ne sera aboli qu'en 1848. « Il faut en effet savoir qu'au XVIIIe siècle, Nantes, c'était 1 700 expéditions. Sur la même période, le pôle portuaire Le Havre-Honfleur atteint 600 expéditions. Finalement, Le Havre-Honfleur, c'est le deuxième pôle, avant La Rochelle et Bordeaux », détaille Guillaume Gaillard. Le port du Havre est ainsi arrivé en 3e position derrière Nantes et La Rochelle alors que Honfleur atterrissait à la 5e place.
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Les enjeux se dévoilent au Havre

À l'hôtel Dubocage de Bléville du Havre, l'exposition « Fortunes et servitudes » aborde le rôle d'individus, des figures impliquées ou entraînées dans ce système économique fondé sur l'exploitation de l'être humain, mais aussi des producteurs, des négociants, des consommateurs, des militants pour ou contre l'abolition de ce commerce. Autour de quelques figures havraises se découvrent au fil des salles les motivations, les enjeux, les mécanismes et les conséquences humaines de la traite atlantique.
« Très tôt, la Normandie est concernée par la traite des êtres humains et la diffusion des produits coloniaux », commente Emmanuelle Riand, directrice des musées d'Art et d'Histoire du Havre et co-commissaire de l'exposition. En 1646, Jean Le Vasseur devenu gouverneur de l'île de la Tortue, près de Saint-Domingue, évoque les bénéfices du développement de l'esclavage dans une lettre adressée à Isaac Boivin.
Exposition Esclavage, mémoires normandes au Havre
Les visiteurs peuvent découvrir les cartes des navigateurs, un compte de vente avec un alignement de noms de personnes à qui les esclaves ont été vendus – 469 des esclaves (hommes, femmes et enfants) dépourvus de leur identité – , un journal de voyage qui évoque des révoltes à bord. Les conditions de vie dans les plantations sont aussi abordées à travers des illustrations, des cartes, des objets, dont des fers et des colliers de torture.
On découvre l'histoire de ces cinq grandes familles de négociants havrais (Begouen, Foäche, Chauvel, Feray…) à travers des écrits, des tableaux. Alors que l'aîné des Foäches, Martin Pierre, supervise les transactions en métropole, le cadet Stanislas gère le comptoir et deux habitations sucrières à Saint-Domingue (Haïti) qui était considérée comme un site propre aux Normands.
L'exposition rappelle aussi l'engagement des partisans de l'abolition de l'esclavage tel le Havrais Bernardin de Saint-Pierre qui « s'insurge contre les conditions de vie dans les plantations », ou encore l'abbé Dicquemare.
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Honfleur au centre d'un vaste circuit

Le musée Eugène Boudin de Honfleur casse son image de musée d'art essentiellement consacré à l'impressionnisme en Normandie avec l'exposition « D'une terre à l'autre » qui se penche sur la question de la traite sous l'angle maritime. « Comment ce petit port de Honfleur aujourd'hui beaucoup plus connu pour son image esthétisante de carte postale, a-t-il pu, il y a presque deux siècles et demi, devenir un acteur puissant de la traite atlantique en Normandie, mais aussi en France au point de devenir à la veille de la Révolution française le 5e port français ? » interroge Benjamin Findinier, directeur des musées de Honfleur, co-commissaire de l'exposition.
Exposition Esclavage, mémoires normandes à Honfleur
L'objectif est d'apporter un éclairage sur le déroulement des différentes étapes de la navigation, les lieux, les côtes africaines d'où sont arrachées les personnes mises en esclavage : lieux d'embarquement, d'un côté, sur les côtes africaines, et lieux de débarquement de l'autre côté de l'Atlantique, aux Antilles et à Saint-Domingue. « Honfleur est un port de marins aguerris aux expéditions lointaines quand au XVIIIe siècle la traite atlantique prend son plein essor », explique Benjamin Findinier. Plus de 30 armateurs de la ville s'y livreront, dont les plus actifs sont les Prémord, les Picquefeu de Bermon et les Lacoudrais. L'exposition nous dévoile la maquette d'un brick, un deux mâts utilisé pour la traite atlantique. Les coupes transversales des cales montrent l'entassement des captifs et laissent imaginer les conditions de vie.
Homo numericus oppressé, la dette de l'indépendance
En un siècle et demi, ce ne sont pas moins de 140 navires qui partiront de Honfleur pour les côtes d'Afrique, direction les îles de Los, l'île de Bence en Sierra Leone, mais aussi la côte d'Angole, la baie du Biafra, la Côte d'Or (Accra), l'île de Gorée, Saint-Louis, et la baie du Bénin. Près de 50 000 Africains seront embarqués pour les Caraïbes.
Les conditions de la traversée sont éclairées par les journaux de bord qui relatent les révoltes, les maladies, les suicides des Africains qui préfèrent se jeter par-dessus bord, mais aussi la mort en Afrique pour les Européens emportés par les fièvres. Comme leurs homologues havrais, des Honfleurais, commerçants, anciens capitaines de navire ou représentants d'armateur s'installent aux Antilles, en particulier à Saint-Domingue, pour y ouvrir leurs plantations ou superviser le commerce triangulaire.
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Une fortune qui interroge à Rouen

L'exposition « L'envers d'une prospérité » au musée industriel de la Corderie Vallois de Notre-Dame-de-Bondeville dévoile la face cachée d'une prospérité régionale liée à la traite des Noirs. Si Rouen est une ville maritime, c'est sa puissance financière de l'époque qui l'inscrit dans ce commerce de la traite négrière. Tabac, sucre, cacao, café, coton… : ces matériaux issus du commerce triangulaire participent activement au développement économique de la ville et de la région.
Iliana, member of Tumba Francesa La Caridad de Oriente (Santiago, Cuba, 2016)
Le commerce triangulaire nécessite d'importants fonds de départ pour armer les navires et acheter les marchandises échangées sur les côtes africaines. Des familles comme Le Couteulx, Levavasseur ou Quesnels financent et s'enrichissent considérablement. Parmi les produits exportés, on retrouve du textile, des armes, des outils, de l'alcool. Ces expéditions peuvent rapporter jusqu'à 10 fois la mise de départ. Ces achats massifs vont ainsi profiter aux producteurs locaux. Cette exposition retrace ce lourd passé aussi bien à travers des objets, des tableaux que des livres.
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Un passé encore sous silence

À la question évidente « pourquoi cette restitution tardive », Guillaume Gaillard répond : « Le premier élément, c'est la disparition dans l'espace urbain public des traces de ce négoce. En 1944, Le Havre a été bombardé et en grande partie détruit. Le deuxième élément explicatif relève de l'ouverture relativement récente de l'université du Havre, avec notamment la création d'un pôle sciences humaines dans les années 1980. La recherche universitaire sur ces sujets a donc démarré plus tard. Notre projet ici est de faire un travail d'histoire scientifique et de restitution au grand public. Nous avons dans nos collections patrimoniales, bibliothèques, archives municipales, et musées des sources qui nous permettent de parler de ce sujet. »
Lambeaux #S-A.© Gilles Elie-Dit-Cosaque
« Au-delà du renouvellement du regard scientifique sur la question, il existe autant dans cette exposition un enjeu didactique lié à la présentation générale d'une période et de procédés qui sont mal connus du grand public qu'un enjeu moral qui est celui de la construction d'une mémoire qui, nourrie des faits historiques, permet d'y sensibiliser chacun et chacune d'entre nous », affirme Benjamin Findinier.
Pourquoi cette exposition vaut-elle le coup aujourd'hui ? Son intérêt est aussi dans sa mise en perspective contemporaine, avec des artistes comme Elisa Moris Vai, Gilles Elie-Dit-Cosaque (au Havre dans la maison de l'Armateur) ou encore Emmanuelle Gall et Nicola Lo Calzo (à Rouen, La Corderie Vallois), lesquels partagent leur travail et leur propre mémoire et s'emparent de ce passé.
* « Esclavage, mémoires normandes », jusqu'au 10 novembre à l'hôtel Dubocage de Bléville (au Havre), à la Corderie Vallois (à Rouen) et au musée Eugène Boudin (à Honfleur). esclavage-memoires-normandes.fr

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2023.09.23 07:34 apocalypse_then Hi han més articles avui -09/23/2023. Aqui estan tots els titulars que he trobat...

Cada dia recullo molts titulars, pero publico pocs. Aqui va un recull de tot per els que volen veure una mica més.
Periodic:
Espot assegura davant l'ONU que Andorra busca l'encaix a la UE per avançar
L'explotació sexual, a denúncia
Bonell presenta els entorns de protecció com a repte
S'investiga una botiga per comprar animals de venda de gossos
Les presses no són bones, sigui quin sigui el tema
Andorra presenta l'oferta cicloturi'stica al festival Sea Otter Europe
Altaveu:
Entra en vigor la moratòria de la inversió estrangera immobiliària
Una desena de candidats per a Raonador i pren força l'opció que sigui una dona
Els metges es fixen el repte d'ajudar a què Andorra pugui tornar a 'atraure talent i retenir-lo'
El circuit de la sang
Cadena Ser Andorra:
Els advocats clamen contra l'intrusisme laboral
Ara:
La demanda dels cursets de català es triplica
Es publica al BOPA el nomenament de Xavier Sopena com a fiscal general
Mor l'exconseller de Canillo Antoni Torres
La incertesa respecte al futur de Marina d'Or preocupa els propietaris andorrans
Detinguts amb 7.100 euros en tabac a la frontera
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Encamp guanya per segon cop les 4 flors d'honor de Viles Florides per a la millora dels espais verds
15 parades artesanals i 6 espectacles a la nova edició del Contradans
"Andorra té motius més que suficients per no donar l'esquena a Europa"
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Estupor per la proposta de la UE on els bancs forans es podrien instal·lar a Andorra i a la inversa podrien caldre deu anys
Entitats fan una crida als francesos a una manifestació massiva a Andorra el dia 30 per l'avortament
Preocupació pels propietaris andorrans a Marina d'Or pel tancament del complex
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